Rédigé par 9 h 24 min Concerts, Critiques

La jeunesse comme maître mot… (Le Palais Royal, Sarcos – Festival de Froville – 30/05/2014)

La jeunesse sera bel et bien le fil conducteur de cette soirée comme vous pourrez vous en rendre compte tout au long de ce concert. Festif, chaleureux, exigeant : c’est ainsi que le chef d’orchestre Jean-Philippe Sarcos définit son ensemble Le Palais royal, qui réunit en son sein des instruments anciens et un chœur, ce soir, en l’occurrence un duo soprano/contre-alto.

Le Palais Royal

dir. Jean-Philippe Sarcos

 

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© Festival de Froville 2014 – Valérie

 

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Derniers feux de Venise et Naples

Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Concerto grosso pour orchestre n°2  en do majeur

Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concerto pour 2 violons n°8 en la majeur RV 522, L’Estro armonico op.3
Cantate pour soprano In furore justissimae irae RV 626
Concerto grosso pour orchestre en sol majeur RV 157

Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736)
Stabat Mater
(Nouvelle édition revue à partir des manuscrits originaux)

[TG name=”Distribution”]
Hasnaa Bennani, soprano
Benedetta Mazzucato, contre-alto
Le Palais Royal
Jean-Philippe Sarcos, direction
Tami Troman, David Chivers, Martha Moore, violons I
Laura Corolla, Diana Lee, Sophie Iwamura, violons II
Marie Legendre, alto
Jennifer Hardy, violoncelle
Axel bouchaux, contrebasse
Brice Sailly, orgue
Bruno Helstroffer, théorbe
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30 mai 2014, Prieuré de Froville la Romane, 17ème édition du Festival de Froville (54)

La jeunesse sera bel et bien le fil conducteur de cette soirée.

Festif, chaleureux, exigeant : c’est ainsi que le chef d’orchestre Jean-Philippe Sarcos définit son ensemble Le Palais Royal, qui réunit en son sein des instruments anciens et un chœur, ce soir, en l’occurrence un duo soprano/contre-alto. Le nom du Palais Royal évoque l’élégance et l’effervescence musicale des cours européennes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. A Venise, à l’époque baroque des XVIIe et première moitié du XVIIIe siècles, la musique est  l’un des principaux sujets d’émerveillement, bien avant les autres arts et se trouve placée à égalité avec la vie politique et religieuse.

Voyageons donc entre Venise et Naples avec ce concert qui a été donné en avant-première cet après-midi devant un jeune public, dans le cadre des Cordées de la Réussite et placé sous le mécénat de Safran. Merci pour cette très belle initiative.

Jean-Philippe Sarcos, dans sa grande générosité, met en surbrillance l’expressivité et l’engagement de chacun à un unique et noble service, celui du texte et de la musique.

Tout le programme de ce soir s’emploie avec fougue et force à redonner de la jeunesse à ces œuvres baroques. Le Concerto grosso pour orchestre n°2 en do majeur d’Alessandro Scarlatti témoigne de la symbiose entre le chef et les instrumentistes, à relever le jeu très fluide marqué d’une sensibilité à fleur de peau du soliste au violon Tami Tromano.

Sarcos « habille » ses battues de gestes correspondant à cette atmosphère « précieuse » qu’est la musique baroque, par leur ampleur mais aussi par leur rigueur, une exécution précise. Un élégant duo entre le violon I et le violon II s’installe dans l’allegro, le larghetto e spiritoso et l’allegro tirés de L’Estro armonico, op.3, Concerto n°8 en la mineur pour deux violons et cordes, RV. 522 d’Antonio Vivaldi. Dans le deuxième mouvement, le chef dirige à la main.

Dans la fureur de ta juste colère (In furore justissimae irae), motet pour soprano solo et cordes RV 626 de Vivaldi, Hasnaa Bennani laisse s’exprimer sa voix dans toute sa rondeur allant même jusqu’à une certaine chaleur.  Le public lorrain l’ovationne et la rappelle sur scène. Elle est en terrain conquis puisqu’en 2011 elle remporta le Premier Prix du Concours de Chant Baroque de Froville.

En préambule à l’interprétation du Stabat Mater de Pergolesi dans une nouvelle édition revue à partir des manuscrits originaux, Jean-Philippe Sarcos souligne encore une fois sa précision dans la restitution de cette œuvre dans son contexte historique et culturel. Cette nouvelle édition ne porte que sur peu de changements : phrasés des instruments, notes, respirations. Le Stabat Mater est à la fois une longue lamentation et une invitation à s’unir aux souffrances de la Vierge au pied de la croix. D’ailleurs, Vincenzo Bellini a appelé le Stabat Mater de Pergolèse, le «divin poème de la douleur ». Selon les propres termes de Sarcos, il y a “de la joie dans la douleur, et de la douleur dans la joie”. Il s’agit donc de la dernière œuvre de Pergolèse, mort à 26 ans des suites d’une tuberculose. Il a été écrit pour deux voix (traditionnellement soprano et alto), avec un petit ensemble instrumental comprenant violons I et II, alto et basse continue. Sarcos a souhaité deux voix du même âge que Pergolèse à sa mort, Hasnnaa Bennani et Benedetta Mazzucato, contre-alto disposant d’une voix ample, enveloppante et sombre sans lourdeur.

Même si l’homogénéité n’était pas atteinte vocalement, les instrumentistes – David Chivers, Martha Moore aux violons I ; Laura Corolla, Diana Lee, Sophie Iwamura aux violons II ;  Marie Legendre à l’alto ; Jennifer Hardy au violoncelle pour sa simplicité ; Axel Bouchaux à la contrebasse ; Brice Sailly à l’orgue et Bruno Helstroffer  au théorbe, ont démontré avec talent leur plaisir à jouer ensemble. Là encore une belle démonstration de jeunesse, fil conducteur de ce concert !

Jean-Stéphane Sourd Durand

 

Le programme des concerts du festival de Froville est consultable sur le site du festival de Froville.

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