Antonio VIVALDI (1678-1741)
Nuova Stagione
Concerti RV 194, 235, 403, 420, 431, 440, 517, 808.
Gli Incogniti. Amandine Beyer, violon solo et direction.
Orgue : Anna Fontana
Violoncelle : Rebecca Ferri
Traverso : Manuel Granatiero
Violon : Flavio Losco (RV 194, 235, 517, 808)
73’47, ZZT/Outhere. Enregistré des 17 au 21 septembre 2011 en l’église romane de S. Pedro de Rates (Pôvoa de Warzim, Portugal)
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Amandine Beyer nous l’avait promis, ces concerti sont la joie même. La merveilleuse violoniste qui dans l’ascèse la plus haute sait dialoguer avec les âmes à travers celle de son violon (sonates et partitas de Bach pour l’éternité), celle qui a réunit des musiciens de la même sensibilité musicale (Gli Incogniti) et a su recréer avec eux les Quatre saisons de Vivaldi (ZZT) que tant nous avaient gâchées, ne pouvait pas nous mentir.
Aussi ce CD entièrement dédié au génie flamboyant du Signor Vivaldi est de ceux qui participent à faire se lever les brouillards les plus épais, peut-être également ceux de la mélancolie. Il faut pour une fois écouter avec le cœur et les oreilles sans préjugés, sans attentes précises non plus, sans calculs et sans volonté de comparer afin de déguster les saveurs de cet enregistrement.
Chacun aura ainsi une surprise qui lui semblera particulièrement destinée. L’un aimera jusqu’à la transe cet esprit de danse qui anime la pulsation des musiciens. Une autre cherchera le violon subtilement taquin ou tendrement émouvant d’Amandine Beyer. Un autre aura peine à reconnaître en l’orgue cet instrument sévère qui tant de fois a fait tonner la parole divine et succombera à son allure galante. Un autre sera émerveillé par le discours puissant et souple de la basse continue qui peut chanter autant que les solistes. Un autre se dira que le violoncelle à bien de la chance d’avoir pu compter sur un compositeur si imaginatif ; et que les sonorités exquises ici rendent à cette harmonie toutes ses saveurs. Le traverso babille avec grâce et fluidité comme un oiseau de paradis musical et touchera telle autre.
La variété de ces concerti permet à toutes les joies et les beautés du monde de nous approcher pour peu que nous ouvrions les écoutilles pour sentir l’air du large. Une chose saura rassembler le plus grand nombre, c’est l’amour pour des interprètes qui savent phraser cette musique comme peu. Les barres de mesures s’évanouissent pour des espaces sans fin. La pulsation devient quasi organique faisant oublier le temps réel.
Tous ces musiciens sont donc d’admirables solistes offrant le meilleur d’eux a chaque instant. Ici mis en lumière, ils offrent à la musique de Vivaldi toutes les qualités instrumentales requises mais surtout un esprit d’équipe dont l’énergie est comme l’écho de celle contenue dans les partitions. Signalons que deux concerti n’avaient jamais été enregistrés, justement ceux qui nous font la surprise d’ouvrir l’orgue au salon galant.
Un CD hédoniste au sens le plus noble qui aidera à supporter l’hiver et ses frimas, y compris en notre intimité.
Hubert Stoecklin
Technique : Prise de son vaste permettant de suivre avec précision tous les instruments en leurs phrases et leurs nuances subtiles
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