Raphaël : quatre consonnes, et trois voyelles
Hum… oui… bon… m’enfin. Tels sont les mots qui viennent à la bouche du critique bredouillant et perplexe face à ce disque à la jaquette sublime, où un homme en bonnet (ressemblant à un vieux mandarin en chignon) passe devant un paysage de nuages ocres.
Belle marquise, vos yeux me font mourir d’amour…
Cet enregistrement figure ici avant tout pour sa valeur historique : il s’agit en effet du premier disque du Concentus Musicus Wien, enregistré en 1963. Pourtant, les qualités musicales n’y font pas défaut.
Et si…
Paolo Pandolfo est un gambiste. Mais il aime les 6 Suites pour Violoncelle de Bach. Alors, le temps d’une rêverie poétique qu’il justifie avec brio et tendresse dans un Dialogue imaginaire entre un violoncelle et une viole de gambe, le musicien transpose les tonalités, multiplie les doubles cordes, reconstruit les articulations, ajoute des ornements. Le résultat de l’expérience est grandiose…
Quel joyau !
Voici une Muse du Mois qui en surprendra beaucoup. Un vieil enregistrement de 1968, re-édité dans la collection économique Baroque Esprit (DHM) sans livret et avec une jaquette qui frise l’indigence. L’objet ne paie pas de mine. Il est de ceux qu’on achète compulsivement parce que la monnaie alourdit ses poches, et que le nom d’un des meilleurs ténors bachien figure au dos.
Noir et Sévère
On retrouvera dans ces concertos pour clavecin de Bach une majorité de transcriptions, soit de concertos disparus pour violon ou hautbois (BWV 1055-1056), soit des célèbres concertos pour violons (BWV 1054, BWV 1058, BWV 1062) ou des Brandebourgeois (BWV 1057), soit d’œuvres d’autres compositeurs tels Vivaldi et son Estro Armonico (BWV 1065).
Le Crépuscule des Dieux
Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c’est bien Monica Huggett qui joue : elle que l’on a connu si légère avec Ton Koopman, radieuse avec Manfredo Kraemer… La violoniste traverserait-elle une crise de déprime ?
Pendez l’ingénieur du son !
Paolo Pandolfo est un grand gambiste. Son intégrale des suites de Forqueray ou sa transcription de celles pour violoncelle de Bach chez Glossa nous l’ont amplement prouvé. Pourtant, cet enregistrement constitue un beau gâchis de talents. En effet, l’ingénieur du son, fan inconditionnel du toucher de Rinaldo Alessandrini (excellent claveciniste par ailleurs), a décidé de transformer le disque en récital soliste…
Les "Gouldberg" : sorte de miroir changeant et insaisissable. 1955, 1959, 1981.
Que font donc ces enregistrements au milieu d’une sélection dont les instruments modernes étaient exclus ? Gustav Leonhardt (qui a enregistré l’œuvre 3 fois) qualifia le style de Gould de “totalement anti-musical”. En effet, les interprétations quasi-légendaires de Glenn Gould peut en troubler plus d’un. Autopsions donc de plus près le corps du délit.
Dans l’intimité des Bach
Elle est à la fenêtre, devant son instrument. Bach rentre, épuisé, de l’église Saint-Thomas où il a encore tempêté contre la poignée d’instrumentistes boiteux à sa disposition. Il dégrafe son épée à garde d’argent (que l’on trouve mentionnée dans son inventaire de décès), se verse un verre de vin.
Un archet bondissant
Oui, on les a entendu mille fois, ces concertos pour violons de Bach. 1043, le concerto pour 2 violons, 1041 et 1042, les deux autres concertos pour violon seul. Ah, 1060 ? Il s’agit de la reconstitution hasardeuse d’une œuvre disparue que l’on connaît par sa transcription pour clavecin. De quoi remplir décemment le timing du disque.
Pergolesi revisité (Bach, Psalm 51, Boog, Chance, Thomas Hengelbrock, DHM)
On connaissait les talents de Bach dans les procédés de la parodie (ré-utilisation/ réadaptation d’un matériel préexistant) et de la transcription, que ce soit de ses propres œuvres ou de celles de ses contemporains. De nombreuses cantates profanes ont été ainsi transformées…
Un impardonnable manque de Gould
Jean-Sébastien BACH (1685-1750) Variations Goldberg BWV 988 Glenn Gould (???), PianoVersion de 1955 retravaillée par les Studios...
Petit prix, grosse perruque
Depuis le 31 août, Brilliant Classics a lancé son nouveau bolide : après l’éclatante Ferrari rouge vif de Mozart, voici un nouveau coffret Bach, le précédent étant passé quasi inaperçu. Quelques enregistrements ont été changés, afin de rassembler plus d’interprétations sur instruments d’époque…
Un Tombeau bien joyeux
Dès la réception du beau digipack orné d’un détail de Watts, nous nous sommes demandé ce qu’était ce Tombeau de Sa Majesté la Reine de Pologne de Bach. Nous nous apprêtions à compulser frénétiquement notre catalogue BWV, quand la réponse tomba du ciel, ou plutôt du détail des plages.
L’hésitation contre la vigueur
1988. On retrouvera dans ces deux enregistrements du regretté Scott Ross la même modestie et le même talent : nulle part le claveciniste canadien ne se met en avant, même lorsque la virtuosité technique est requise.
Un Bach méconnu
On doit à la monumentale initiative de Teldec la Valise Bach 2000 qui célèbre les 250 ans de la mort du Cantor de Leipzig par l’intégrale discographique de ses oeuvres (excepté quelques chants du Schmelli Gesangbuch). Un des cubes modernes et disgracieux de cette remarquable discothèque est consacré aux cantates profanes de Bach.
Un Bach dansant
Bach n’était pas très au point sur le luth. Voilà qui peut paraître choquant. C’est ainsi. Tous les luthistes savent combien ces suites, préludes et partitas sont difficiles à jouer, non seulement en raison de leur virtuosité mais de passages impossibles techniquement à jouer…
Luth et approuvé
Après la version d’Hopkinson Smith d’un optimisme dansant (Naïve) au sujet de laquelle nous avions en quelques lignes fait connaître notre admiration, le jeu sympathique mais moderne de Boels (Calliope) chroniqué par notre consœur ce mois-ci nous a conduit à nous replonger dans notre discothèque pour en exhumer cet enregistrement remarquable et trop peu distribué.
« Les naturalistes nous ont dit ce qu’était un singe, mais ils n’ont pas défini cet animal qu’on appelle eunuque. » Ange Goudar, Le Brigandage de la Musique Italienne. Paris, 1777.
On dit que la Muse Baroque est trop tolérante et qu’on y trouve que de bonnes critiques : c’est normal, rétorquera le rédachef, puisque le but est de constituer une discothèque idéale. Tout cela pour dire que j’étais pourtant parti d’un bon sentiment
Jouer au petit Bach
Et voici le printemps et avec lui les premières déconvenues. Je connaissais Philippe Herreweghe pour la remarquable cohésion de ses chœurs, pour l’intelligibilité de son phrasé et la spiritualité qu’il imprimait à ses interprétations de cantates du Cantor de Leipzig. Or quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre hier interpréter le célèbre Concerto pour violon BWV 1041 et le Concerto pour clavecin BWV 1052 de Bach dans une optique toute post-baroque (*).