« La Raison vous dit : Trois c’est trois et la Foi déclare que : Trois c’est un » (Flaubert)
Mars 2009. Bruno Cocset possède l’archet agile, assuré, infiniment conteur. Après des sonates de Barrière, Geminiani ou Vivaldi, après les 6 Suites pour violoncelle tous parus chez Alpha, revoilà l’artiste pour un enregistrement programmatique très personnel, cheminement intellectuel que Bruno Cocset décrit avec naturel et candeur dans le livret, autour de la Guerre de Trois.
L’Art de la fugue, un coup de Maître
L’Art de la fugue passe pour une œuvre difficile, réservée aux spécialistes, et même ennuyeuse, voire rébarbative. « Encore, aux instruments, pourquoi pas ? cela introduira du moins quelque variation, mais au seul clavier, Seigneur non ! » Moi-même, quand j’ai ouvert le paquet-surprise contenant ce disque, j’ai eu comme un mouvement de recul… et pourtant…
Entretien avec Bertrand Cuiller, claveciniste
Entretien avec Bertrand Cuiller, claveciniste. C’est un petit peu le jeu des sept familles des musiciens baroques. Après Jocelyne Cuiller avec laquelle nous avions pu échanger au sujet de cet étrange instrument qu’est le clavicorde, voici Bertrand, le fils, claveciniste lui-aussi que nous avons retrouvé à l’occasion de la sortie de son enregistrement des Concertos de clavecin de Bach en tant que soliste (Mirare), et comme continuiste attentif chez Reincken-Buxtehude avec La Rêveuse (Mirare) et chez Bach avec son ami Bruno Cocset (Alpha).
Un « Come Bach » réussi
Février 2009. Le facile jeu de mot orne fièrement le fronton de l’interview accordée par le chef à Rémy Louis parmi les notes de programme de ce joli livre-disque sur papier vergé. Il est cependant inexact, puisqu’il s’agit non d’un retour mais d’une première rencontre au disque entre Bach et Marc Minkowski.
Des messes trop brèves
Le musicologue et grand biographe de Bach Philippe Spita n’avait que dédain pour les Quatre messes luthériennes du Cantor de Leipzig : Des fleurs merveilleusement écloses sont ici privées de leurs tiges et réunies en un bouquet fané a t-il écrit à leur sujet. Albert Schweitzer, quant à lui, les considéraient superficielles et dénuées de sens.
« Entre la partition et les battements du cœur »
La belle préface d’Hélène Grimaud, bercé d’un mysticisme lumineux, éclaire la démarche de la non moins belle pianiste : Bach est ce compositeur qui unit, dans leur vérité, la tendresse plénière de la prière et l’écho solitaire du divin (…) On se tromperait à vouloir faire de Bach qu’un homme de son temps témoignant pour celui-ci – car Bach est toujours à venir.
Lorsque j’entends ce prélude de Bach…
De cette nouvelle parution de la maison de disques Calliope, d’aucuns penseront qu’il s’agit d’un énième enregistrement des Suites pour luth de Bach. Certes, mais celui-ci mérite qu’on fasse plus que d’y prêter l’oreille, pour en apprécier tous les contours et les raffinements.
Morne plaine
Cet enregistrement inédit des Suites pour violoncelle de Bach a été publié à l’occasion des 250 ans de la mort de Bach, dans la collection Bach 2000 de Teldec. Exhumant une version d’Harnoncourt qui n’avait jamais été destinée à la commercialisation, la maison de disque mettait en avant une interprétation entre les visions classique et baroque.
Bach se fait tirer le portrait
A quoi ressemblait vraiment Jean-Sébastien Bach ? Pour les férus de haute technologie, et de séries policières américaines, la réponse est à Eisenach. Pour les autres, les traditionnels tableaux et les nombreuses controverses sur leur attribution suffiront. En effet, le 21 mars prochain, dans sa ville natale et pour les 323 ans de sa naissance, le musée d’Eisenach exposera un moulage en plâtre de la tête de l’auguste compositeur. Un simple moulage, me direz-vous ?
Janine ou l’archet qui brille
Il y a quelque chose de lumineux et de gai dans l’archet (moderne) et le violon de Janine Jensen. Une clarté et une précision paradoxalement mêlées de laisser-aller, comme si l’artiste s’apercevait avec surprise que sa lecture était conforme à ses pensées. Le timbre est transparent sans être totalement lisse, les articulations bien choisies.
Fuguons
Les lecteurs savent notre attachement aux œuvres intellectuelles de Bach, notamment le Clavier bien Tempéré, l’Offrande Musicale et l’Art de la Fugue. Ils savent notre maniaque attention dans la réalisation du contrepoint, la variété des affects, la richesse des timbres, points trop souvent délaissés au profit d’approches soit d’une pédanterie austère, soit d’une galante virtuosité.
Un long fleuve tranquille
Jean-Sébastien BACH (1685-1750) Le Clavier bien tempéré Livre 2 (Das Wohltemperierte Klavier) Zhu Xiao-Mei (piano) 2 Cds ,...
Raphaël : quatre consonnes, et trois voyelles
Hum… oui… bon… m’enfin. Tels sont les mots qui viennent à la bouche du critique bredouillant et perplexe face à ce disque à la jaquette sublime, où un homme en bonnet (ressemblant à un vieux mandarin en chignon) passe devant un paysage de nuages ocres.
Belle marquise, vos yeux me font mourir d’amour…
Cet enregistrement figure ici avant tout pour sa valeur historique : il s’agit en effet du premier disque du Concentus Musicus Wien, enregistré en 1963. Pourtant, les qualités musicales n’y font pas défaut.
Et si…
Paolo Pandolfo est un gambiste. Mais il aime les 6 Suites pour Violoncelle de Bach. Alors, le temps d’une rêverie poétique qu’il justifie avec brio et tendresse dans un Dialogue imaginaire entre un violoncelle et une viole de gambe, le musicien transpose les tonalités, multiplie les doubles cordes, reconstruit les articulations, ajoute des ornements. Le résultat de l’expérience est grandiose…
Quel joyau !
Voici une Muse du Mois qui en surprendra beaucoup. Un vieil enregistrement de 1968, re-édité dans la collection économique Baroque Esprit (DHM) sans livret et avec une jaquette qui frise l’indigence. L’objet ne paie pas de mine. Il est de ceux qu’on achète compulsivement parce que la monnaie alourdit ses poches, et que le nom d’un des meilleurs ténors bachien figure au dos.
Noir et Sévère
On retrouvera dans ces concertos pour clavecin de Bach une majorité de transcriptions, soit de concertos disparus pour violon ou hautbois (BWV 1055-1056), soit des célèbres concertos pour violons (BWV 1054, BWV 1058, BWV 1062) ou des Brandebourgeois (BWV 1057), soit d’œuvres d’autres compositeurs tels Vivaldi et son Estro Armonico (BWV 1065).
Le Crépuscule des Dieux
Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c’est bien Monica Huggett qui joue : elle que l’on a connu si légère avec Ton Koopman, radieuse avec Manfredo Kraemer… La violoniste traverserait-elle une crise de déprime ?
Pendez l’ingénieur du son !
Paolo Pandolfo est un grand gambiste. Son intégrale des suites de Forqueray ou sa transcription de celles pour violoncelle de Bach chez Glossa nous l’ont amplement prouvé. Pourtant, cet enregistrement constitue un beau gâchis de talents. En effet, l’ingénieur du son, fan inconditionnel du toucher de Rinaldo Alessandrini (excellent claveciniste par ailleurs), a décidé de transformer le disque en récital soliste…
Les "Gouldberg" : sorte de miroir changeant et insaisissable. 1955, 1959, 1981.
Que font donc ces enregistrements au milieu d’une sélection dont les instruments modernes étaient exclus ? Gustav Leonhardt (qui a enregistré l’œuvre 3 fois) qualifia le style de Gould de « totalement anti-musical ». En effet, les interprétations quasi-légendaires de Glenn Gould peut en troubler plus d’un. Autopsions donc de plus près le corps du délit.