Cristóbal de MORALES (c. 1500 – 1553)
Missa de Beata Virgine & Motets
O sacrum convivium, Beati omnes qui timent Dominum, Qui consolabatur me, Ave Maria, Lamentabatur Jacob, Circumdederunt me
61’05, Calliope, enr. 2006
Avant de commencer, une leçon de morales s’impose. Cristobal de Morales fut en effet l’un des premiers compositeurs espagnol à acquérir une renommée européenne, et ses œuvres furent interprétées lors du service commémoratif de Charles Quint en 1559. Il dirigea même de son vivant l’édition de son catalogue (!). Maître de chapelle de la cathédrale d’Avila de 1526 à 1530, il dut sa place de ténor de la chapelle papale de Rome à la protection que lui accord a Paul III. Son style se rapproche de celui de Josquin des Prés allie la polyphonique franco-flamande proche de Josquin des Prés et les influences espagnoles.
Avant ce disque, l’ensemble Jachet de Mantoue avait déjà fait ses preuves : d’abord dans un enregistrement de Jachet lui-même, puis chez Tallis et Sheppard. On retrouve ici les mêmes qualités que dans les précédents opus : un équilibre parfait des voix, une connaissance intime du répertoire, un sens de la justesse sur tous les plans. Avec les motets Cristóbal de Morales, on a l’impression de réentendre perpétuellement la polyphonie renaître de chaque voix, toujours avec le même émerveillement naïf, et ce malgré une extrême complexité des œuvres – tous les motets pourraient servir d’exemple, mais plus particulièrement le O sacrum convivium et l’Ave Maria. Avec sa Missa de Beata Vergine, c’est une dévotion plus pure encore qui semble se présenter à nos oreilles, comme une hypotypose d’église romane (malgré l’inadéquation chronologique), car tout paraît simple et naturel.
Il faut remarquer que la complexité déjà signalée ne prend jamais le dessus sur la musicalité, avec de subtiles variations de la couleur d’ensemble, mais surtout des contrastes : il suffit d’écouter le Gloria de la Missa pour s’en convaincre.
Par ailleurs, si l’auditeur veut se pencher de près sur la composition, il y sera aidé par une clarté, évidente dès la première écoute, du contrepoint, qualité primordiale pour tout enregistrement de ce genre de musique. Malgré cela, on a bien affaire avant tout à des œuvres et non à des exercices de composition, et c’est cet intérêt qui se renouvelle à chaque instant, cette tension de chaque note vers la suivante qui peuvent nous captiver, nous ravir. Saint-Augustin aurait pu dire : spectacula polyphonicae musicae rapiebant me.
Loïc Chahine
Technique : prise de son transparente et claire.
Étiquettes : Calliope, Loïc Chahine, Muse : argent, musique ancienne, Renaissance Dernière modification: 25 mars 2024