Récital Franco Fagioli
Il Polo d’Oro, dir. Riccardo Minasi
Il Pomo d’Oro
[TG name= »Programme »]
Angelo Ragazzi – Sonata for strings Op. 1 n 8 in G Major
Allegro, Aria, Adagio, Allegro
Nicola Antonio Porpora – “Passaggier che sulla sponda”
Aria de Semiramide Riconosciuta
Johann Adolf Hasse – “Ebbi da te la vita”
Aria de Siroe
Nicola Fiorenza – Concerto for 3 violins and continuo in A Major
Largo, Allegro, Largo, Allegro Assai
Leonardo Leo – “Misero pargoletto”
Aria de Demofoonte
Johann Adolf Hasse – “Fra l’orror della tempesta”
Aria de Siroe
Pasquale Cafaro – “Rendimi piu’ sereno”
Aria de L’Impermestra
Leonardo Leo – “Sperai vicino al lido”
Aria de Demofoonte
Angelo Ragazzi – Sonata in F minor Op. 1 n 4
“Imitatio in Salve Regina, Mater Misericordiae” for strings
Andante, Adagio, Allegro
Giovanni Battista Pergolesi – “Lieto cosìtalvolta”
Aria de Adriano in Siria
Giuseppe Avitrano – Sonata in D Major Op. 3 n 2
“L’Aragona” for 3 violins and continuo
Largo, Allegro, Adagio, Presto
Georg Friedrich Haendel – “Se bramate d’amar”
Opera aria de Serse
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Distribution :
Franco Fagioli, contre-ténor
Il Pomo d’Oro
Riccardo Minasi, directeur musical et violon
Alfia Bakieva, Barbara Altobello, violons
Giulio d’Alessio, alto
Federico Toffano, violoncelle
Davide Nava, contrebasse
Federica Bianchi, clavecin
13 juin 2014, Prieuré de Froville la Romane, 17ème édition du Festival de Froville (54)
Si le concert donné par La Risonanza le 1er juin brillait de par son excellence tel le diamant scintille à la lumière, le concert de ce vendredi soir rivalise tout autant avec son homologue. Le public s’était déplacé en masse pour assister à cet événement. Froville, petit village lorrain de 123 âmes, vivait sous les couleurs européennes puisque des Allemands, des Hollandais avaient fait le déplacement.
Fondé en 2012, Il Pomo d’Oro s’est très vite imposé sur la scène baroque internationale notamment à Paris, Munich, Londres, Barcelone, Genève. L’ensemble tire son nom d’un opéra d’Antonio Cesti composé en l’honneur du mariage de l’empereur d’Autriche Léopold Ier avec Margarita Teresa d’Espagne à Vienne en 1666. Si l’opéra attire beaucoup cet ensemble, il raffole aussi de musique instrumentale comme l’atteste le programme de ce soir.
Sous la conduite du violoniste Riccardo Minasi, l’ensemble dresse une ouverture toute en délicatesse et en finesse avec la Sonata for strings Op 1 n 8 in G Major d’Angelo Ragazzi (1680-1750). Les cordes expressives et dynamiques tenues par Alfia Bakieva, Barbara Altobello aux violons, Giulio d’Alessio à l’alto, Federico Toffano, blessé à la main d’archet, au violoncelle, Davide Nava à la contrebasse et Federica Bianchi au clavecin, attribuent aux œuvres interprétées lors de ce concert une sonorité envoûtante. Les trois autres pièces instrumentales couvriront d’exquis instants les auditeurs. Le Concerto pour 3 violons et continuo en A Major de Nicola Fiorenza (né après 1700-1764) est un pur plaisir grâce à l’interprétation sensible mais tonique dans l’allegro assai. Un autre moment d’extase est offert avec “L’Aragona” pour 3 violons et basse continue, Sonata in D Major op 3 n 2 de Giuseppe Avitrano (1670-1756).
Le récital atteint son paroxysme dans l’excellence avec l’entrée de Franco Fagioli, un des meilleurs contre-ténors du moment. Il se sert des deux registres (voix de poitrine et voix de tête) dans l’extrait “Passagier che sulla sponda”, Semiramide Riconosciuta de Nicola Antonio Porpora (1686-1768). Cet air de bravoure est dignement mené. Fagioli ornemente, joue pleinement de sa voix et affronte avec brio et courage la mort qui va finir par l’emporter. Les cordes s’avèrent attentive aux nuances de la ligne de chant. Son chant exprime l’Amour, l’amour du père et de la reconnaissance dans l’aria “Ebbi da te la vita” “De toi je reçus la vie”, Siroe de Johann Adolf Hasse (1699-1783). Les notes s’envolent avec légèreté dans une généreuse suavité.
Fagioli exprime avec aisance une incommensurable sensibilité tous les sentiments de l’être humain : amour, joie, peine, frayeur. La terreur se lit sur son visage dans “Misero pargoletto”, Demofoonte de Leonardo Leo (1694-1744) et dans “Fra l’orror della tempesta”, air extrait de Siroe de Hasse. Il jongle avec les ornementations, constamment renouvelées, comme le ferait le jongleur avec ses massues. Il fait preuve d’un aplomb vocal, d’une sûreté technique lors de l’air “Rendimi piu’ sereno ” tiré de L’Ipermestra de Pasquale Cafaro (1715-1787). L’aria “Lieto così talvolta”, extrait d’Adriano in Siria de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1726) révèle un Fagioli tout en rondeur mais avec tempérament balayant ainsi d’un revers de manche le côté « glacé, métallique » du mythe habituel du castrat. Sa voix flexible à volonté est mise au service de la musicalité, un échange instauré entre sa voix et le violon du maestro Minasi soutenus par les pizzicati des autres cordes. La virtuosité est plus que subtile. L’harmonie règne sans rival comme l’amour du rossignol envers sa compagne.
Le dernier extrait “Se bramate d’amar”, extrait de Serse de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), se voit couronner des bravos, des applaudissements nourris en remerciement de l’immense émotion ressentie tout au long de ce somptueux récital. En bis, l’air “Dopo notte” d’Ariodante d’Handel est offert généreusement par Franco Fagioli et Il Pomo d’Oro.
De nouveau adressons un immense et sincère merci à toute l’équipe du Festival de Froville pour leur travail d’offrir ces concerts de grande qualité et pour leur accueil.
Jean-Stéphane Sourd Durand
Vers le site officiel du Festival de Froville
Étiquettes : Fagioli Franco, festival, Froville, Haendel, Hasse, Il Pomo d'Oro, Jean-Stéphane Sourd-Durand, Leo, Minasi Riccardo, Pergolesi, Porpora Dernière modification: 8 juin 2021