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"Il n'y a plus de Pyrenées"

Le mois de novembre est l’occasion de célébrer un des grands évènements du règne de Louis XIV, qui plongea le royaume dans les affres de la guerre de Succession d’Espagne, tandis que les coalisés rêvaient de brûler Versailles. C’est en effet le 16 novembre 1700, qu’après de nombreuses réflexions, le Roi-Soleil décida d’accepter officiellement le testament de Charles II d’Espagne, mort prématurément à l’âge de 39 ans, sans enfants. Le moribond de naissance offrait les couronnes d’Espagne au Duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, son petit neveu et petit fils de sa sœur Marie-Thérèse….

H. Rigaud, Portrait de Philippe V d’Espagne en costume espagnol (1701) © RMN / Gérard Blot

Le mois de novembre est l’occasion de célébrer un des grands évènements du règne de Louis XIV, qui plongea le royaume dans les affres de la guerre de Succession d’Espagne, tandis que les coalisés rêvaient de brûler Versailles. C’est en effet le 16 novembre 1700, qu’après de nombreuses réflexions, le Roi-Soleil décida d’accepter officiellement le testament de Charles II d’Espagne, mort prématurément à l’âge de 39 ans, sans enfants. Le moribond de naissance offrait les couronnes d’Espagne au Duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, son petit neveu et petit fils de sa sœur Marie-Thérèse.

Pour la plupart d’entre nous, ce 16 novembre 1700 se résume à la citation “Il n’y a plus de Pyrénées”, improprement attribuée à Louis XIV. En réalité, ce fut l’Ambassadeur d’Espagne Castel dos Rios, qui prononça ces mots sous une forme que les chroniqueurs ont rapporté avec plus ou moins de fantaisie. Le Baron de Breteuil, Introducteur des Ambassadeurs, écrit dans ses Mémoires que dos Rios déclara que “les Pyrénées venaient d’être fondues, que les deux nations se seraient plus désormais séparées, et qu’elles ne feraient plus qu’une”. De Sourches, quant à lui, relate dans son Journal que l’Espagnol se serait écrié avec transport et esprit : “Sire, quel bonheur de nous voir présentement un seul !”. Enfin, le Mercure Galant publia une version réconciliant les deux autres : “Quelle joie ! Il n’y a plus de Pyrénées, elles sont abîmées et nous ne sommes qu’un.”

Mais cette parole historique a éclipsé une autre anecdote, musicale cette fois-ci, qui eut lieu le même jour, peu après la reconnaissance officielle du Roi d’Espagne dans le Salon du Roi. Les deux souverains se rendirent à la chapelle (édifice provisoire situé à l’emplacement du Salon d’Hercule) afin d’y entendre la messe. Pénétrant dans la tribune royale, qui donne de plain-pied avec les Grands Appartements, Louis XIV remet son chapeau, sa canne et ses gants à l’aumônier de quartier, puis invite le Duc d’Anjou à faire de même. Lui donnant la droite, il le mène au centre de la tribune, à ses côtés. Et là, Louis XIV s’aperçoit qu’il n’y a qu’un seul carreau (coussin de velours) sur l’agenouilloir, au pied de la balustrade ! Il l’offre alors à son petit-fils, qui refuse, et les deux monarques s’agenouillent sur le tapis. Michel Richard Delalande, maître de chapelle de quartier, dirige alors deux motets de sa composition pour le plus grand bonheur du Roi, qui a parfois même chanter avec sa Chapelle. La messe se finira sur les échos d’un Domine Salvum fac regem, ce jour-là, encore plus éclatant que d’habitude…

                                                                                                                                     Viet-Linh NGUYEN

Étiquettes : Dernière modification: 1 novembre 2008
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