“La véritable élégance consiste à ne pas se faire remarquer.” (George Brummell)
Le 13 avril dernier, en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, on entendit retentir le Stabat Mater mais aussi le Gloria de Vivaldi dans sa version à voix égales composée pour l’Ospedale della Pietà. Nous n’y étions pas. Mais au choc musical s’ajouta la surprise esthétique. Car l’ensemble Pulcinella d’Ophélie Gaillard était accompagné par les Pages du CMBV, ces jeunes chanteurs de 7 à 14 ans, qui parviennent à concilier leurs études et la pratique de la musique et du chant grâce à des classes à horaires aménagés, en partenariat avec l’Ecole Wapler et le Collège Rameau de Versailles.
On ne les présentent plus tant nos lecteurs sont familiers de leur tenue rappelant les fastes du premier XVIIème siècle, des Frondeurs ou de la jeunesse de Louis XIV : pourpoint noir moiré, grand col et manchettes de dentelles, bas écarlates, manches à crevés. On ne sait d’ailleurs plus trop qui et comment il furent conçus, mais du côté de la Muse, nous les avons toujours aperçus sanglés dans ces éclatants atours. Et voici que… patatras, Agnès B, mécène du CMBV, versaillaise de naissance, a conçu les nouveaux costumes de scène de nos Pages et leurs tenues de tournées. En « petite tenue » (sans jeu de mots), nos Pages seront ainsi parés comme suit : gilets sombres, jupes droites, chemisier boutonné haut (avec tout de même une réminiscence de collerette). En « grande tenue », ils arboreront ci-une jupe dorée, là-une veste longue rappelant un justaucorps et des sortes de bas (mais qui frisent les knickerbockers), cols hauts à la manière de la fin du siècle des Lumières.
Nos Pages sont devenus aussi sages que des Triplés, un brin de demoiselles de la Légion d’Honneur, plutôt que l’esprit mousquetaire précédent.
Une page se tourne chez les Pages, et cette nouvelle identité visuelle qui s’impose avec la venue de Fabien Armengaud à la tête des Pages et des Chantres nous promet sans doute de longues heures d’émerveillement, notamment lors des Jeudis Musicaux. Qu’il nous soit cependant permis de verser une nostalgique larme, à la manière d’un d’Artagnan vieillissant dans le Vicomte de Bragelonne, de regretter les anciens oripeaux, qui certes avaient le tort de tangenter le costume historique et d’être un peu décalés par rapport au reste des chanteurs, mais portaient en eux le parfum de Moulinié ou de Boësset qu’on ne retrouve guère dans la grave et discrète sobriété des nouveaux habits, d’un luxe élégant au chic peu ostentatoire. [M.B]
Étiquettes : Armangaud Fabien, Pages et Chantres du CMBV, Schneebeli Olivier, Versailles Dernière modification: 28 avril 2022