Galant, virtuose mais peu inspiré
Jean-Pierre Duport fut un grand violoncelliste. Frère aîné de Jean-Louis Duport, l’auteur de l’Essai sur le doigté du violoncelle et la conduite de l’archet, il s’en fut à Berlin où, comme son frère, il fut musicien de Frédéric Guillaume II, lui-même violoncelliste. Il fut signalé dès ses débuts au Concert spirituel comme un virtuose exceptionnel…
« Ainsi relégué au rang des petits maîtres, il écrit cependant de façon splendide (…) » (Christophe Rousset)
Avouons-le, on joue trop peu Duphly. Trop peu en dépit de quelques pièces ressuscitées par Gustav Leonhardt dès 73 les intégrales élégantes de Jean-Patrice Brosse (EMI et Pierre Verany), l’incursion moirée de Catherine Latzarus (Ligia) ou encore le récital inégal d’Elisabeth Joyé (Alpha) sans même citer Mitzi Meyerson ou Mario Raskin que nous n’avons pas écoutés.
Les angles et les courbes
L’art de la prise de son est un art difficile et un peu ingrat : quand elle est réussie, on n’y prête guère attention — à moins qu’elle ne soit franchement exceptionnelle — mais quand elle est ratée, toutes les fautes lui reviennent. C’est que, l’on peut gâcher un disque avec une prise de son peu convaincante…
Divisions on a ground (Lawes, Ayres, La Rêveuse – Mirare)
Depuis ses tout premiers enregistrements, la Rêveuse n’a cessé de nous enchanter. Avec infiniment de finesse, de recherche et d’élégance, l’ensemble propose à chaque fois de véritables bijoux, résultats d’un travail minutieux et scrupuleux, au plus proche de la musique vraie.
Happy birthday to you, Mr President !
25 ans déjà que la Simphonie du Marais écume avec élégance et sensibilité un répertoire extraordinairement varié mais où figure en bonne place la musique française et en particulier le répertoire lullyste. Pour ouvrir le bal de ces trois concerts très différents de la Simphonie qui revient dans le Marais parisien, Hugo Reyne a choisi des pièces en trio, expliquant de sa voix agréable et confidentielle, comme s’il se parlait à lui-même autant qu’au public privilégié assis à peine quelques mètres de lui, qu’il a souhaité d’abord renoué avec son rôle de flûtiste et de chambriste…
Entretien avec Sigiswald Kuijken, violoniste, directeur musical de La Petite Bande, & Sara Kuijken, violoniste
Entretien avec Sigiswald Kuijken, violoniste, directeur musical de La Petite Bande, et de Sara Kuijken, violoniste. Muse Baroque : vous avez choisi de jouer ce soir les quatre Ouvertures de Bach. Pour être un petit peu provocateur, ne s’agit-il pas avec cette succession de danses à la française d’une des œuvres les plus curiales et les plus convenues du compositeur ?
Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres (Musée Marmottan, Paris)
Belle bâtisse de la fin du XIXème siècle à la lisière du cossu XVIème arrondissement, le musée Marmottan Monet est connu pour sa collection de toiles impressionnistes, même si sa principale richesse réside à mon sens dans sa magnifique collection de meubles Empire (lit de Napoléon de la Préfecture de Bordeaux aux urnes antiques finement ciselées, impressionnant bureau-ministre aux lions, sans compter les innombrables girandoles de bronze doré et la délicate pendule Hermès en biscuit de Sèvres…)…
Le disque, cette femme fatale
Septembre. Opora. Chez les Grecs, il s’agissait de la saison de la maturité des fruits où le soleil après la canicule commençait à décroître, la saison de la fin de l’été. Les pessimistes nous décrivent l’opora du disque, sa longue agonie, la fin d’un âge d’or. Et pourtant, dans notre segment baroque bien particulier, où les risques de téléchargement illégal sont bien réduits, et où le passionné aisé ne rechigne pas à débourser quelques euros pour lire les notes de programme d’un musicologue germanique, le disque, contrairement à une idée reçu, le disque baroque donc se porte plutôt bien. Alors, oui, comme nous le déplorions dans notre spleen baroque de l’été, le secteur est en proie à un phénomène de concentration, derrière l’apparente multitudes de labels souvent regroupés au sein d’une seule entité.
Entretien avec François Grin, violoncelliste
Entretien avec François Grin, violoncelliste du Quatuor Terpsycordes.
Muse Baroque : Comment en êtes-vous venu à former ce quatuor ? François Grin : Cela vient tout simplement d’une rencontre. Les autres membres étudiaient ensemble au conservatoire de Genève, et je suis arrivé un peu après. De là est née cette envie de monter un quatuor…
Entretien avec Jérémie Rhorer, chef d’orchestre
Entretien avec Jérémie Rhorer, Chef d’orchestre et directeur musical du Cercle de l’Harmonie
Muse Baroque : Pouvez-vous nous rappeler l’histoire et le projet du Cercle de l’Harmonie ? Jérémie Rhorer : La formation du Cercle de l’Harmonie a été le fruit d’une relation musicale privilégiée que j’entretenais avec Julien Chauvin depuis une dizaine d’années. J’avais eu l’occasion, de manière fortuite, de lui donner des cours de musique de chambre dans le cadre d’un stage où il était élève et vraiment demandeur de conseils.
Entretien avec Denis Raisin Dadre, flûtiste et hautboïste
Entretien avec Denis Raisin Dadre, flûtiste et hautboïste, directeur musical de Doulce Mémoire. C’est sur un banc venteux et vermoulu, face à une vue sublime sur la colline de Vezelay surmontée de son Abbatiale que nous avons rencontré Denis Raisin Dadre pour cette plongée au coeur des ténèbres.
Entretien avec Hélène Schmitt, violoniste baroque
Entretien avec Hélène Schmitt, violoniste baroque. L’entretien n’était pas vraiement prévu… ou presque. Et voici que par la magie festivalière, ce concentré d’humanité musicale en un lieu si restreint, nous voici avec Hélène Schmitt pour rester ensemble dans les cordes. Bien entendu.
Spleen baroque
A l’orée de l’été, alors que fleurissent les festivals dévolus au seul répertoire baroque, ou acceptant du moins avec grâce sa gracieuse incursion, il nous est venu à l’esprit, un jour de spleen sans doute, de jeter un pavé dé morosité dans la mare d’autosatisfaction générale qui caractérise notre paysage baroque hexagonal voire européen. En effet, ne considère-t-on pas le modèle baroque comme celui, triomphant et flexible, des orchestres classiques de demain ?
L’extraordinaire aventure de la porcelaine française au XVIIIème siècle
Objet de luxe , la porcelaine était importée en Europe depuis au moins la Renaissance (les voyages de Marco Polo…) en provenance du Céleste Empire ; son transport, long et périlleux, en renchérissait considérablement la valeur. Avec Bernard Palissy, les Européens avaient tenté sans succès de percer le secret de la porcelaine. Au XVIIIème siècle un flux commercial considérable en provenance de l’Extrême-Orient s’était instauré, qui fit notamment la fortune de la Compagnie des Indes…
Entretien avec Fabio Biondi, violoniste
Entretien avec Fabio Biondi, violoniste et directeur musical d’Europa Galante. 2 ans après notre précédent entretien d’Ambronay, nous retrouvons Fabio Biondi lors d’une séance plus sereine, dans le lobby de son hôtel parisien. Engoncés dans nos confortables fauteuils, la lumière tamisée propice aux confidences, le grand musicien engage l’échange, dans un français parfait, à peine teinté d’un accent chantant. Il ne manquait qu’un violon et un whisky pour refaire ensemble le monde…
Le chant des sirènes (« Bach dramas » – L. Garcia Alarcon – Ambronay ed.)
Lorsque le pas effréné des touristes curieux se pressent dans la Thomaskirche de Leipzig, ils doutent parfois que ce lieu presque kitsch par ses colonnes palmées et rougeâtres fut le siège des plus solennelles cantates du Cantor marmoréen. Et si l’on y fait attention, sous les pieds du visiteur repose sa figure, restes enfouis sous la chape de bronze aux initiales devenues syllabe sacrée d’un démiurge terrible.
L’Opéra Garnier : Maison hantée par la Musique & les Arts
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le Palais Garnier – du nom de son génial architecte – ne laisse personne indifférent depuis son inauguration en 1867i. Ce n’est pas sans raisons si ce lieu fascinant et mystérieux, dont aucune partie ne fut laissée au hasard, fut un formidable décor pour le Fantôme du roman de Gaston Leroux. Conçu comme le Temple national de la Musique et de la Danse, ce monument imposant, offrant à la vue des Parisiens et des touristes quantité de dorures et d’ornementations, marque un tournant dans l’histoire de l’architecture et du décor français…
Le Turlusiphon a t-il existé ?
Il n’a pas échappé à nos lecteurs que la Scientific Review of Albanian Musicology a publié le mois dernier – dans son numéro-spécial n°321 commémorant le XXe anniversaire des élections de la Kuvendi Popullor de mars 1992 qui ont vu la victoire du Parti démocratique d’Albanie (PDA) – un article controversé démontrant scientifiquement l’existence du turlisiphon du Moyen-Age au XVIIIe siècle dû à la plume rigoureuse du Pr. Adem Zadeja. Il nous a donc paru essentiel d’en résumer la teneur.
Iceberg, droit devant !
Marie-Antoinette et la chute de la monarchie française ont passionné les cinéastes, séduits par le tragique destin de l’Autrichienne, de sa futilité capricieuse à sa dignité retrouvée sur l’échafaud. Après la bonbonnière de Sofia Copola, rock-star adolescente en crise d’indépendance, Benoît Jacquot livre sa passionnante vision d’un naufrage programmé…