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6 janvier 2014

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Ouverture

[II, 360]

Piéce de symphonie qu'on s'efforce de rendre éclatante, imposante, harmonieuse, & qui sert de début aux Opera & autres Drames Lyriques d'une certaine étendue. Quelques Musiciens se sont imaginés bien saisir ces rapports, en rassemblant d'avance dans l'ouverture tous les caractères exprimés dans la Piéce, comme s'ils vouloient exprimer deux fois la même action, & que ce qui est à venir, fût déjà passé. Ce n'est pas cela : l'Ouverture la mieux entendue, est celle qui dispose tellement les coeurs des Spectateurs, qu'ils s'ouvrent sans effort à l'intérêt qu'on veut leur donner dès le commencement de la Piéce. Voilà le véritable effet que doit produire une bonne Ouverture : voilà le plan sur lequel il la faut traiter.

Les Ouvertures des Opera François sont toutes jettées sur le moule de celles de Lully. Elles sont composées du morceau grave & majestueux, qui forme le début, & qu'on joue deux fois, & d'une reprise gaie, qui est ordinairement fuguée ; plusieurs de ses reprises rentrent encore dans le grave en finissant. Il a été un tems où les Ouvertures Françoises donnoient le ton à toute l'Europe. Il n'y a guère que cinquante ans, qu'on faisoit venir en Italie des Ouvertures de France, pour mettre à la tête des Opera de ce pays-là. J'ai vu même plusieurs anciens Opera notés, avec une Ouverture de Lully à la tête. C'est de quoi les Italiens ne conviennent pas aujourd'hui ; mais le fait ne laisse pas d'être très-certain. La Musique instrumentale ayant fait un chemin prodigieux depuis une trentaine d'années; les vieilles Ouvertures, faites pour des Symphonistes trop bornés, ont

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été bientôt laissées aux François. Les Italiens n'ont même pas tardé de secouer le joug de l'Ordonnance Françoise ; & ils distribuent aujourd'hui leurs Ouvertures d'une autre maniere. Ils débutent par un morceau bruyant & vif, à deux ou quatre tems : puis ils donnent un andante à demi-jeu, dans lequel ils tâchent de déployer toutes les graces du beau chant ; & ils finissent par un Allegro très vif, ordinairement à trois tems. La raison qu'ils donnent de cette nouvelle distribution, est que dans un Spectacle nombreux, où l'on fait beaucoup de bruit, il faut d'abord fixer l'attention du Spectateur par un début brillant qui frappe & qui réveille. Ils disent que le grave de nos Ouvertures n'est presque entendu ni écouté de personne, & que notre premier coup d'archet, que nous vantons avec tant d'emphase, est plus propre à préparer l'ennui qu'à l'attention. Cette vieille routine d'Ouvertures a fait naître en France une plaisante idée. Plusieurs se sont imaginés qu'il y avoit une telle convenance entre la forme des Ouvertures de Lully & un Opera quelconque, qu'on ne sauroit changer sans rompre le rapport du tout ; de sorte que d'un début de symphonie qui se voit dans un autre goût, ils disent avec méprise que c'est une Sonate & non pas une Ouverture, comme si toute Ouverture n'étoit pas une Sonate. Je sais bien qu'il seroit fort convenable, qu'il y eût un rapport marqué entre le caractère de l'Ouverture & celui de l'Ouvrage entrier ; mais au lieu de dire que toutes les Ouvertures doivent être jettéees au même moule, cela dit précisément le contraire. D'ailleurs, si nos Musiciens ne sont pas capables de sentir ni d'exprimer les rapports les plus im-

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médiats entre les paroles & la musique dans chaque morceau, comment pourroit-on se flatter qu'ils saisiroient un rapport plus fin & plus éloigné entre l'ordonnance d'une Ouverture & celle du corps entier de l'Ouvrage ?

 

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