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6 janvier 2014

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Musique

[II, 280]

Musique ; harmonie qui résulte de l'accord des instrumens & du chant des voix. C'est une des parties essentielles du Drame Lyrique, ou Opéra. L'objet de la Musique est de peindre & d'exprimer, avec des sons modulés, ce que le Poëte ne peut rendre qu'avec des paroles. Il est peu d'objets dans la nature que le génie du Musicien ne puisse peindre à l'imagination : mais il en est dont l'imitation lui est plus difficile. C'est au Poëte à les éviter dans son Drame. Les objets qui tombent sous les sens, qui ont un mouvement, ou qui sont accompagnés de quelque bruit, ne sont pas au dessus de l'imitation musicale. Tels sont un naufrage, le tonerre, la fuite d'un ruisseau, un combat, le chant des oiseaux, la marche d'une armée, &c. La Musique n'ayant que le son & le mouvement pour exprimer, ne peut guère peindre par elle-même, que les objets qui forment un bruit qui leur est propre ; ou lorsqu'ils ont un mouvement, un accroissement ou une diminution sensibles ; mais les peintures qu'elle trace avec ces moyens si simples, n'en sont pas moins vives, ni moins fideles.

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L'immortel Rameau ne nous a-t-il pas fait entendre le bruit d'un atelier de Sculpteur dans l'ouverture de Pygmalion ? L'effet bruyant de l'artillerie, de l'artifice, les cris de vive le Roi, & les éclats du peuple transporté de joie dans une autre de ses ouvertures ? Il a composé un Choeur très-harmonique qui peint le croassement des grenouilles ; & dans son même Opéra de Platée, n'a-t-il pas une très-belle imitation des différens cris des oiseaux à l'aspect de l'oiseau de proie ? Mondonville a peint admirablement, dans son Opéra de Titon, l'arrivée de l'Aurore. Il a figuré la mêlée d'un combat, & d'autres effets de guerre dans un air de son Intermède d'Alcimadure. Qu'y a-t-il de plus pittoresque que la Plûpart de ses Motets, où l'on entend si bien le soulevement des flots, la chûte d'un torrent, où l'on voit la Mer qui se retire devant les Israëlites, &c. Nous avons les plus belles imitations de tempêtes, de vents, de tonerre, &c. Tous les mouvemens de l'ame sont aussi du ressort de la Musique ; la gaieté, la tristesse, la colere, le desespoir, &c. Quand même elle ne peut rendre les objets par eux-même, il est rare qu'elle ne trouve pas quelques accessoires, auxquels elle puisse s'attacher, pour les rendre sensibles & les faire reconnoître. Ainsi elle pendra le Printems par le chant diversifié des oiseaux, le murmure des ondes, le siflement léger des zéphirs. Elle peut même, jusqu'à un certain point, rendre sensibles certains caractères, comme le Grondeur, l'Impatient, &c.

Le Poëte qui compose un Drame Lyrique, doit donc s'attacher à ne donner que des images & des sentimens à peindre au Musicien qui doit le se-

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conder, ou des objets tels que nous avons dit. Il doit éviter les dissertations, les raisonnemens, en un mot, tout ce que la Musique ne pourroit rendre qu'imparfaitement. Quant à la coupe de ses Vers, s'il n'est pas Musicien lui-même, il aura peine à réussir, sans en consulter d'habiles & d'intelligens. Une autre attention qu'il doit avoir, c'est de s'attacher à ce que ses Vers soient sonores, & susceptibles de chant. Tous les mots de notre Langue n'ont pas cet avantage. Il y a un choix à faire ; c'est ce qui a fait dire, sans doute, qu'il ne falloit que vingt mots François pour faire un Opéra.

 

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