Vous n'y connaissez rien
à la musique baroque. Vous avez toujours cru que cette musique-là était vieille
et ennuyeuse. Pompeuse, répétitive. Aucun sentiment, pleins de trilles, des
machins savants et compliqués. La preuve, Bach et ses fugues. Pourtant
aujourd'hui, vous vous êtes laissé(e) convaincre de lui donner une seconde
chance. Alors, nous allons vous donner un coup de pouce, en espérant que cette
rencontre sera le début d'une relation durable et passionnée. Sans plus
attendre, voici donc :

Les Incontournables de la musique
baroque
1/
Les
Quatre Saisons de Vivaldi. Jusqu'ici, tout va bien. Ca vous rappelle le
restaurant italien du coin, les pubs à la télé. Essayez la version décapante d'Il
Giardino Armonico (Teldec). Ca déménage, ça vibre, c'est tout sauf ennuyeux.
2/ Les
Concertos Brandebourgeois de Bach. Là encore, vous avez dû en entendre des
extraits de temps à autre. Voici Bach, mais dans sa veine joyeuse et accessible
(ce n'est pas l'Art de la Fugue et les machins intellos du même genre).
L'Akademie für Alte Musik Berlin (Harmonia Mundi) saura vous mettre de
bonne humeur.
3/ Et un
peu de musique française, à présent. Du gros, du majestueux. Allez, un verre de
Te Deum de Charpentier pour la
route, et pour vous remonter le moral. La version du Parlement de Musique,
dirigé par Martin Gester (Opus 111) s'avère une excellente cuvée fruité et
équilibrée, et ça ne se voit pas à l'alcotest.
4/
Puisqu'on est dans la musique religieuse, pourquoi ne pas enchaîner sur le
célèbre Stabat Mater de Pergolèse ? Barbara Bonney et Andreas Scholl
seront les Bonnie and Clyde de cette douloureuse balade dirigée par
Christophe Rousset et les Talens Lyriques (Decca), notez qu'il n'y a pas de
"t" à Talens ce qui n'est pas accepté au Scrabble.
5/
Bon,
c'est beau, mais tout ça vous donne un peu le cafard. Alors, il est temps de se
prendre pour le Roi d'Angleterre au son de la Water Music et de la
Royal Fireworks Music de Haendel. Et la version pétaradante du Concert
des Nations sous la houlette de Jordi Savall est plus que recommandée
(Astrée).
6/
Savall...
vous avez déjà entendu ce nom ailleurs : Anne Brochet, Gérard Depardieu et
Jean-Pierre Marielle dans l'inoubliable Tous les Matins du Monde
d'Alain Corneau ? Inutile de vous conseiller de vous procurer le coffret
DVD du film (Studio Canal) qui comprend la poignante bande-originale,
interprétée encore une fois par Jordi Savall et son groupe, vous l'avez
certainement déjà.
7/ Toujours là ? Les instruments d'époque, c'est bien beau, mais ça grince, ça
sonne faux, les timbres sont "bizarres". Alors, un peu de piano avec
les
Variations Goldberg par Glenn Gould
dans la version 1955 (Sony) vous rassurera. En plus, c'est un des rares
CDs qui peut accompagner vos dîners romantiques sans faire fuir l'invité(e).
8/
Pour
nos derniers choix, il est temps de se plonger dans du lourd : l'opéra.
Commençons par la pyrotechnie typique de l'Ariodante
de Haendel, joyau des Musiciens du Louvre et de Marc Minkowski
(Archiv). Une intrigue directe et efficace, très peu de récitatifs, des airs
qui sont autant de tubes, une direction d'orchestre musclée et les sublimes
Lynne Dawson et Anne-Sophie von Otter.
9/
Côté
français, vous verrez que l'opéra est très différent : c'est la
tragédie-lyrique avec ses chœurs,
ses passages instrumentaux, ses danses... Et rien de tel que le mythique
Atys de Lully dirigé par William Christie avec les Arts
Florissants (Harmonia Mundi) pour se croire à la cour du Roi-Soleil.
10/ Enfin,
terminons avec le commencement : le premier opéra de l'histoire est l'Orfeo
de Monteverdi, et la version méditerranéenne de Gabriel Garrido et de
l'Ensemble Elyma vous comblera (K 617) au terme de ce voyage
initiatique.
Zut, il
n'y a plus de place pour les Six suites pour violoncelle seul de Bach...
Nous en reparlerons donc une autre fois.
Viet-Linh NGUYEN

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