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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : récital Johann Adolph HASSE (1699-1783)
"Hasse reloaded" Airs issus de La Didone abbandonata, La Gelosia e Artaserse.
Didone Abbandonata (Dramma
per Musica, 1742)
"La Gelosia" (Cantata
da camara, 1762)
Artaserse (Pasticcio
zum Dramma per Musica, 1734)
Valer Barna-Sabadus, contre-ténor
Hofkapelle München, Dir. Michael Hofstetter
62'28, Oehms Classics, distribution Codaex, 2012.
La Valer n'attend pas le nombre des années
Ce n'est donc pas, en dépit des promesses du tampon écarlate qui orne la jaquette, pour voir charger, recharger, ou décharger Hasse que l'ont dirigera ses errances discographiques vers cette production, mais pour la performance énergique et jouissive de Valer Barna-Sabadus (que nous désignerons de l'acronyme VBS à ne pas confondre avec les MBS ou les ABS, actifs titrisés abondamment étudiés depuis la crise par les économistes et aux effets aussi spectaculaires mais plus nocifs, fermons la parenthèse). VBS, c'est d'abord un timbre lunaire, nacré, un peu voilé, au vibratello serré, alliant projection et fragilité, sans acidité aucune. Funambule sur le fil du rasoir, le voix de tête semble forcée dans les attaques, s'arrondit, se dévoile, escalade les tessitures presque avec surprise, dévale en cascade les doubles croches. La maîtrise technique, impressionnante dans les passages virtuoses dès l'initial "Tu mi disarmi il fianco" s'accompagne d'une sorte de nonchalance souriante, teintée d'ironie. Surtout, VBS s'avère un merveilleux conteur, qui sublime la partition, se glisse avec poésie dans les méandres de la partition, transformant les interminables da capos en voyage incertain. Le "Leon ch'errando vada", malgré des aigus un peu tirés, se fait traversée frémissante et incertaine. Incertitude. Le mot est lâché. Si le chant de Valer Barna-Sabadus nous touche, c'est par son incertaine humanité, sa témérité, sa prise de risque amusée, son relâchement d'une jeunesse pétillante, et son optimisme dans l'adversité. Ecoutez l'un des temps forts du récital, le "Cadra fra poco in cenere" et son menaçant clapotis, la nostalgie des cendres de l'orgueilleuse Carthage, l'altière beauté d'une chant marbrée, d'une transparence ample, comme dissimulé derrière un drapé aux plis changeants (superbes ornements et da capo soit en passant). Ecoutez le moelleux "Ven labbri che Amore", multicolore, plus convenu, mais d'une irrésistible candeur et qui a dû faire chavirer plus d'un cœur... La prestation de VBS est telle qu'on en oublierait presque la Hofkapelle. Mais que seraient cette perle sans son écrin ? L'orchestre, familier de ce répertoire, fait valoir une complicité et une cohérence certaines, étale sa science des couleurs, avec en particulier des cuivres martiaux et des bois pincés. Par-dessus tout, et quoique les cordes manquent de nervosité rugueuse dans les passages vifs, Michael Hofstetter sait capter l'attention de l'auditeur et évite le terrible écueil de l'immobilisme décoratif, ce qui n'est pas rien dans un répertoire de cette nature. Sa direction fluide et équilibrée permet ainsi pleinement au chanteur de s'épanouir, et de sculpter de véritables affects. Alors que depuis la Cleofide un peu plate de Christie (Capriccio), les belles intégrales d'opéras de Hasse se font hélas trop désirer, espérons que cette Didone pourra être éditée dans son ensemble, et que la Hofkapelle continuera d'explorer le riche catalogue lyrique du Hambourgeois, avec par exemple son Antigono ou son ultime Ruggiero.
"Cadrà fra poco in cenere" extrait de la Didone Abbandonata © Arne Schultz, München, captation live, Himmelfahrtskirche München, Juillet 2011.
Technique : Prise de son claire et précise quoiqu'un peu froide.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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