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mise à jour 20 janvier 2014
| Genre : récital Jean-Sébastien BACH (1685-1750)
"Violin and Voice"
St. Matthew Passion BWV
244 : "Gebt mir meinen Jesum wieder" Matthias Goerne (baryton) Hilary Hahn (violon solo)
Münchener Kammerorchester Rosario Conte (théorbe) Kristin von der Goltz (violoncelle) Naoki Kitaya (clavecin et orgue)
Direction Alexander Liebreich 56'54, Deutsche Grammophon, 2010.
"Ich habe genug"
© Olaf Heine / DG Premier écueil, le récital et sa vision interprétative extrêmement réductrice qui transforme ici Bach en compositeur pré-galant, à l'écriture hyper-mélodique, maniérée, d'une insoutenable légèreté. Le "Ja, ja ich halte Jesum feste" en devient méconnaissable, le "Laudamus Te" de la Messe en si mineur s'approche de l'hyperglycémie, le "Der Welt mit allen Königreichen" étiré, digne d'une meringue viennoise alla André Rieu ne demande qu'à fondre sous l'oreille. Car il faut avouer qu' Alexander Liebreich mène son Münchener Kammerorchester tel des royalistes de 1815 brûlant des 33 tours Telefunken d'un Harnoncourt 70's révolutionnaire ; le chef se glissant de manière pantouflarde dans les réflexes interprétatifs d'il y a 50 ans (et sans la grandeur spirituelle d'un Karl Richter) : masse orchestrale large aux contours plus qu'indécis, à la pulsation infiniment traînarde et sans relief, aux temps forts et aux articulations transparentes ("Ich bin vergnügt in meinem Leiden" terriblement poussif), aux timbres aussi ternes qu'une toile contemporaine de blanc sur blanc. Ajoutons évidemment l'usage presque rédhibitoire d'instruments modernes en dépit d'un continuo baroquisé, un contrepoint indigent, un échange avec les solistes tournant au monologue sans assise et vous serez les premiers à crier "Halte au feu" en demandant une résolution du Conseil Baroque de Sécurité pour la cessation de ce nettoyage musical. Deuxième écueil, les solistes : Christine Schäfer et Matthias Goerne en totale méforme. La soprano dénote une voix frêle, mal assurée, à la projection faible (même au disque). Le timbre demeure sucré et agréable, mais l'interprétation ne parvient pas à rendre ni la complexité émotionnelle ni la profondeur suggestive du Cantor, la ligne mélodique étant prise avec une franchise qui frise la candeur, rendue avec application. Il manque à Christine Schäfer les nuances d'une Barbara Schlick, les articulations déclamatoires des solistes du Tölzer Knabenchor, la maturité tragique de Magdalena Kozená ou l'élégance angélique de Nathalie Stutzmann. Le choix du baryton Matthias Goerne laisse également perplexe, puisque sa tessiture trop légère l'oblige constamment à forcer sur sa voix de poitrine en équilibre instable pour suivre sa partie. Le phrasé est intelligible et respecte la prosodie, l'approche sensible mais techniquement trop limitée pour tenir la dragée à des basses chaleureuses et fermes telles Max van Egmond, Philippe Huttenlocher, Peter Harvey ou Peter Kooij, pour citer quelques glorieux habitués de ce répertoire. Le duo amoureux "Wann kommst du, mein Heil" en ressort meurtri, les timbres ne parvenant pas à fusionner, tandis que se fait jour une maîtrise technique insuffisante. Reste la sirène entre Charybde et Scylla : Hilary Hahn. Certes le violon est moderne, le réflexe du vibrato constant, le son trop faible en harmoniques et un peu trop métallique pour nos oreilles qui recherche le grincement du boyau. Mais l'archet est rayonnant et virtuose, volubile et tendre, d'une souplesse jubilatoire. La ritournelle du "Angenehmer Zephyrus" bondit, le "Laudamus Te" coule avec une grâce inspirée, "l'Erbarme dich" avec son théorbe en arrière-plan, enrichi de subtils ornements commence de manière aérienne avant que la soliste ne fasse son entrée fracassant le climat poétique si habilement tendu. Hilary Hahn attend que son violon dialogue avec la voix et l'orchestre, se glisse dans les anfractuosités de la partition, réveille les consciences de son chant d'Orphée. Malheureusement, les champs de Thrace ne répondront pas à son appel, et le talent de la violoniste se heurtera à ses décevants compagnons de voyage.
Video de présentation officielle © Deutsche Grammophon
Technique : prise de son étriquée, et manquant de cohésion.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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