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mise à jour 20 janvier 2014
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Genre : musique de chambre Jean-Sébastien BACH (1685-1750)
Sonates BWV 1027-1029, Chorals & Trios
"Nun Komm, der Heiden Heiland"
Choralvorspiel BWV 659
58'28, Alpha, 2009
"Nun komm der Heiden Heiland"
"La Raison vous dit : Trois c'est trois et la Foi déclare que : Trois c'est un" (Flaubert)
Le résultat dépasse les espérances. Dès le "Nun komm, der Heiden Heiland", ponctué sobrement et sombrement par l'orgue de Bertrand Cuiller et la contrebasse bourdonnante de Richard Myron, Bruno Cocset installe un climat recueilli et pesant, d'une profondeur de plomb sur laquelle surnage le seul véritable instrument mélodique, un alto "Bettera" ressuscité par miracle, aiguisé et clair. On admire sans réserve la lumineuse maîtrise du geste, la générosité du phrasé qui retombe comme autant de drapés mouvants, ondulant comme une silhouette qui s'éloigne. Il y a là une magie du verbe, une opulence des cordes, une certitude inébranlable qui s'approche de la foi. Foi en ce que Cocset décrit comme la "maîtrise des formes et des langages au service d'un discours incroyable d'équilibre, un discours habité d'une ferveur toujours proche de l'homme" de la part de Bach. S'ensuit la première sonate, BWV 1027 de son matricule. L'accompagnement de Cuillet et Myron demeure discret, socle grave et solide sur lequel Bruno Cocset bâtit sa souple cathédrale. Mais les 3 sonates, trop célèbres, autorisent moins de surprises, et l'on savoure un terrain connu bien que superbement labouré. On regrettera cependant une certaine agressive rudesse dans la BWV 1029, presque revancharde dans son Vivace cravaché et dur qui jure avec l'atmosphère plus introvertie et rêveuse du reste du disque, heureusement rattrapé par les pudiques murmures de l'Adagio qui lui succède. S'il faut distinguer quelques passages-clefs dans cet enregistrement uniformément touchant par son éloquence large, ce sera les deux Trios : le 528a, subtilement transposé, au cheminement hésitant et mélancolique, embué et suggestif, ressemblant à la caresse rougissante de l'écolier pris en faute. L'archet joue sur les silences et les retards, laisse échapper les aigus chaleureux bourrés d'harmoniques de l'Alto "Bettera". Le BWV 583 permet quant à lui d'admirer le jeu détaché et les trilles altiers de Bertrand Cuiller qui s'entremêlent au même alto "Bettera" à la sonorité incroyablement humaine et changeante. Enfin, on avouera sa perplexité et son trouble au sujet des "trucages" concernant les chorals "Allein Gott in der Höh' sei Ehr", "Ach blei bei uns" et "Wacht auf, ruft uns die Stimme", dévalés de façon cursive et joueuse, qui permettent à Cocset de profiter d'un don d'ubiquité et de se saisir de deux instruments à la fois. Pourquoi ne pas s'être adjoint les services complices d'un ami musicien ? Au plan musical, la supercherie serait restée secrète sans l'honnêteté de son auteur, mais l'esprit demeure en proie au malaise et à la confusion, comme honteux de cette duperie. En dépit de ces facéties techniques, Bruno Cocset aura encore une fois fait montre d'une musicalité hors-pair, d'un lyrisme bourré d'émotion où la mélodie éclot et serpente avec aisance et fluidité, alternant entre les caprices d'un fleuve et les méandres tranquilles. On découvre aussi la sonorité optimiste et moirée de l'alto "Bettera" qu'on souhaite dorénavant recroiser souvent tant cet instrument hybride, agile et sonore comme un violoncelle, douloureux comme une viole sait charmer par sa nature épanouie et encore mystérieuse.
Technique : prise de son ample et texturée.
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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