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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival "Un violoncelle dans l'Italie baroque" Ophélie Gaillard, Ensemble Pulcinella
Ophélie Gaillard - D.R. "Un violoncelle dans l'Italie baroque"
Ensemble Pulcinella : Claire Gratton (violoncelle), Thomas C. Boysen (théorbe), Laurent Stewart (clavecin), Ophélie Gaillard (violoncelle et direction)
Antonio VIVALDI Sonates pour violoncelle n°3, 5, 6, 7 et 9.
Domenico Scarlatti Sonates pour clavecin seul K.132 & K.421
Bibliothèque de la Légion d'Honneur, samedi 27 juin 2009, dans le cadre du Festival de Saint-Denis. Ophélie ? Que voilà un violoncelle bien Gaillard !
Les sonates pour violoncelle de Vivaldi ont depuis bien longtemps intégré le panthéon de cet instrument. A l'inverse de concertos pour violon - que de mauvaises langues qualifieraient d'un tantinet répétitifs dans leurs traits acérés - ces œuvres destinées sans doute aux pensionnaires féminines de l'Ospedale della Pietà possèdent une beauté élégiaque et une éloquence sensible renforcée par la structure souvent binaire des mouvements comportant presque toujours une reprise.
Maison de la Légion
d'Honneur, avec en arrière-plan la Basilique Ophélie Gaillard s'offre à ces sonates avec un abandon farouche, bénéficiant de la superbe acoustique du lieu qui magnifie le timbre chaleureux, profond (même les harmoniques !) et grainé de son instrument. Jouant la carte du contraste, l'artiste brosse avec langueur les Largos, où le cliquetis scintillant du clavecin se tait soudain, choisissant des phrasés amples et soupirant, qui ne la privent pas du plaisir d'une ornementation présente mais respectueuse. On admirera notamment le long glissement caressant du Preludio de la sonate n°6, au son rond et poétique, ou la nostalgie retenue du Preludio de la n°9 presque emmitouflée. Et puis il y a les mouvements rapides, et leur bouillonnement qui frise parfois la rage. L'Allegro de la Sonate n°5 martelé avec violence, rythmé avec brusquerie, arrachant les lambeaux de notes sans pour autant perdre en musicalité. L'archet se fait voix, la partition querelle. Car Ophélie Gaillard ne fait pas partie des interprètes qui se laissent aller au jeu d'une virtuosité qui se grise elle-même, il y a des sourires et des larmes, des gifles et des spasmes de douleur qui se dessinent derrière un Vivaldi terriblement inspiré et humain. L'Allegro de la sonate n°3 est un peu obtus et carré, celui de la n°7 d'une rapidité mitraillarde ébouriffante (où par un miracle inexplicable Ophélie Gaillard parvient à copieusement ornementer la reprise) confine au mouvement perpétuel. A force de louer la violoncelliste, nous en oublierions presque et injustement l'Ensemble Pulcinella qui l'entoure. Il faut avouer que ce dernier, soutien complice et de grande classe, demeurait assez nettement en retrait derrière la soliste. Claire Gratton, compagne attentive et appliquée, au sourire discret ; Thomas Boysen, souple et volubile quand le brillant clavecin de Laurent Stewart s'assoupit un moment. Et côté Scarlatti, on dira simplement que le claveciniste (dont le récital d'Anglebert vient de paraître chez Zig-Zag Territoires) a fait montre d'un doigté un peu rigide et trop régulier dans une sonate K.132 à la facture encore assez traditionnelle, puis d'une imagination colorée dans un K.421 heureusement plus fantasque. A l'issue de la soirée, les spectateurs qui ne possédaient pas déjà l'enregistrement d'Ophélie Gaillard de l'intégrale de ces sonates pour violoncelle se sont résolument dirigés vers le petit stand à CDs. Et ils avaient bien raison.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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