Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

6 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Chronique Festival

 

"Trionfi Sacri"

Académie baroque d'Ambronay, Jean Tubery

 

 

© Patrice Nin
 

"Trionfi Sacri"

Missa in illo tempore de Monteverdi

Motteti & Canzoni de Gabrieli

 

Solistes et Orchestre de la XVème Académie baroque européenne d'Ambronay

Direction Jean Tubéry

Festival Toulouse les Orgues, 3 Octobre 2008, Cathédrale Saint-Etienne, Toulouse

horizontal rule

Trionfi tuberi

Pour le concert d'ouverture du Festival international Toulouse les Orgues, les organisateurs ont rassemblé une quarantaine d'instrumentistes et de solistes au sein de la nef raymondine, de style roman tardif, afin de restituer les fastes sonores des grandes fêtes liturgiques vénitiennes. En effet, lors de ces occasions solennelles, une longue procession défilait à travers la cité lacustre : l'Andata in trionfo qui s'achevait à la Basilique Saint-Marc.

La caractéristique la plus marquante de la soirée a été l'audacieuse mise en espace abondamment utilisée afin de rendre les dispositions des différents chœurs d'instrumentistes et de choristes. L'on sait en effet que les motets à double chœur de Gabrieli furent vraisemblablement composés spécialement pour les deux orgues de tribune de la Basilique. Dans le cas présent, au-delà de l'évocation musicologique approximative qui fit bouillir notre voisin ("Mais ça n'a jamais été disposé comme cela à Saint-Marc, voyons !"), il s'agissait avant tout d'expérimenter des configurations très diverses grâce à l'usage de quatre stalles, de la galerie en hauteur, du chœur de la nef, et de réaliser une véritable chorégraphie des musiciens et chanteurs. En effet, les très nombreuses "relèves de la garde" entre les pièces n'étaient parfois pas du tout justifiées par la musique, lorsque les mêmes instruments ou pupitre changeaient simplement de place. Cette approche intéressante s'est avérée plus ou moins convaincante musicalement, en fonction du placement de chaque spectateur et de l'Académie (nous avons eu quelques troubles à suivre correctement la polyphonie lorsqu'elle provenait au même instant de tribord avant, et de bâbord arrière). Il eut peut-être été plus judicieux de s'en tenir aux deux stalles avant, au chœur de la nef, y compris pour faciliter la direction d'ensemble. Quoiqu'il en soit, le souci de rappeler la "stéréophonie" vénitienne est tout à fait louable, et permet de souligner les effets de dialogue entre les chœurs composés pour chacun à la fois d'instrumentistes et de choristes.

Le programme sélectionné convenait heureusement à l'acoustique particulière du lieu, assez réverbérante et privilégiant les graves (sauf dans la galerie haute nettement plus ronde et favorable aux aigus et qu'on eut aimé plus souvent employée). Sous la direction énergique et inspirée de Jean Tubéry - qui retrouve-là son répertoire de prédilection – la XVème Académie baroque d'Ambronay a fait preuve d'une belle cohésion et de précision dans les départs. Si les solistes pris individuellement révèlent soit des timbres prometteurs (certains soprano et alto en particulier) ou accusent des faiblesses (vibrato trop large, projection plate), leur intégration au sein des masses chorales denses et équilibrées est exemplaire. Jean Tubéry a su insuffler à ses troupes la clarté du contrepoint, sans renoncer à des effets massifs au service d'une vision poétique mais peu contemplative.

Adepte du mouvement, du foisonnement des timbres tant instrumentaux que vocaux, le chef imprime une irrésistible marche en avant dès la tarte façon grand-mère, - pardons entendez la polyphonie en style antique - de la Missa in illo tempore de Monteverdi. Au niveau de l'orchestre, on distinguera en particulier de remarquables cuivres bien rutilants et aussi justes qu'ils peuvent l'être (avec de vraies trompettes naturelles et des sacqueboutes en pleine forme), des cornets virtuoses bien qu'un peu pincés. A l'inverse, les cordes se sont désaccordées assez rapidement et n'étaient pas toujours suffisamment coordonnées entre les différents chœurs. C'est dans les œuvres sacrées que l'Académie a donné le meilleur d'elle-même (superbe Jubilate deo à 15, Magnificat à 14 ou Exultet jam angelica turba à 17), faisant preuve d'une spirituelle vigueur, entre vitalité festive et poésie décomplexée. Les chansons et madrigaux, plus intimistes furent moins convaincant, le lieu et les effectifs se prêtant moins à des pièces plus intimistes.

Pour finir, on louera donc le grandiose coup d'envoi à cette 13ème édition de Toulouse les orgues tout en déplorant seulement… la créativité branchée de l'éclairagiste ne reculant pas devant des effets de lumière clignotante mauve qui éclaboussaient la chaire et une piétà de la cathédrale toulousaine. O tempora, o mores !

Viet-Linh Nguyen

 

Voir aussi :

 

4 octobre 2008 : Albinoni, Bach, Corelli, Haendel, Concertos, Les Parodies organisées, dir. Michel Alabau

horizontal rule

 

Vers les autres chroniques de concerts

 

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014