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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
"Echos de Cracovie" 8ème Festival Misteria Paschalia
Première partie du 18 au 22 avril 2011
Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante, régulièrement invités à Cracovie ont offert le 19 avril Sant’Elena al Calvario, un oratorio du 18ième siècle du compositeur napolitain Leonardo Leo. Le chef et violoniste italien, chercheur infatigable et restaurateur de partitions, a permis au public de découvrir une œuvre magistrale d’un musicien encore trop méconnu de nos jours, mais qui fut célèbre en son temps comme compositeur d’opéras, d’opéras comiques et de d’œuvres sacrées.
Fabio Biondi et Vivica Genaux à Cracovie © Pawel Ulatowski, 2011 Les amateurs et amis du festival ont retrouvé dans la belle église Sainte-Catherine le fidèle Jordi Savall, La Capella Reial de Catalunya et Hesperion XXI pour une soirée exceptionnelle qui a retracé en musique la vaste fresque de La Tragédie Cathare. Cette croisade contre les Albigeois s’est déroulée pendant la première moitié du 13ième siècle dans le Midi toulousain mis à feu et à sang par la guerre contre les cathares désignés comme hérétiques et assimilés par l’Eglise catholique à une secte. Les Cathares qui se revendiquaient comme chrétiens rejetaient cependant le dogme catholique et de ce fait furent persécutés, torturés à la fois par les armes des Croisés et par le tribunal de l’Inquisition avec l’approbation papale. Jordi Savall, en musicien humaniste, s’est penché sur le sort douloureux de ces victimes de leur foi et de leur spiritualité. Il nous invite à faire avec lui ce voyage de la mémoire pour réfléchir sur la liberté de conscience et la tolérance, valeurs qui résonnent fort aujourd’hui . Il a mené des recherches assidues dans le répertoire des musiques populaires anciennes, du chant byzantin mais aussi dans certains textes fondateurs et la poésie des troubadours pour élaborer cette épopée et nous conter l’histoire tragique des Cathares. Jordi Savall a fait alterner des pièces interprétées par des chanteurs aux couleurs vocales d’une grande variété avec des pages d’histoire qui campent le contexte de cette lutte. Il a fait un usage très original d’ instruments évocateurs, harpe médiévale, vièle à roue, kamancha, duduk, cornemuse, saqueboute…qui nous plonge d’emblée dans l’univers polyphonique du Moyen Age pour vivre cette aventure passionnante. Elle a d’ailleurs pris forme dans un volume orné d’un riche iconographie qui contient 3 CD et a déjà rencontré un vif succès auprès du public.
Jordi Savall © Teresa Llordès Les Français ont été largement représentés au cours de cette édition. Outre Emmanuelle Haïm, Christina Pluhar et L’Arpeggiata avec Philippe Jarousski se sont produits dans la Via Crucis enregistrée chez Virgin Classics. Ce chemin de Croix allie et rassemble les maîtres italiens du 17ème siècle et les chants corses traditionnels dont les apports enrichissent selon leur mode Monteverdi, Merula ou Rossi. Un ensemble corse a alterné avec les voix de la soprano Lucilla Galeazzi et du contre-ténor star Philippe Jarousski dont la séduction vocale et la présence scénique charment tous les amoureux du baroque. Ce spectacle, ponctué d’improvisations et de pas dansés, a dégagé beaucoup de fraîcheur pour séduire le public. Lors de la soirée du 22 avril, la salle de la Philharmonie Karol Szymanowski a accueilli Christophe Rousset, grand découvreur de chefs- d’œuvre enfouis à l’ombre des bibliothèques, à la tête de ses Talens Lyriques pour donner à écouter San Guglielmo, duca d’Aquitania, l’une des premières compositions de Pergolèse datée de 1731, un drame sacré d’une intense beauté. La mort précoce du compositeur à 26 ans en 1736 a contribué à laisser de lui l’image d’un génie précoce dont la postérité a retenu le Stabat Mater et le Salve Regina, mais qui en peu d’années d’existence a néanmoins produit un grand nombre d’œuvres dont des opéras, des cantates, des oratorios, des pièces instrumentales.
Les Talens Lyriques © Eric Larrayadieu La direction de Christophe Rousset a restitué le profond dramatisme et la vérité expressive tout en affinant chaque articulation musicale, en repensant chaque détail de l’action de cette partition d’une écriture simple, légère et néanmoins efficace à la fois simple qui des parties solos et d’une instrumentation légère d’ Certaines pages comiques, pleines d’humour et de facéties ne sont pas exclues du déroulement dramatique, fidèles en cela à la pure tradition du baroque napolitain. Ainsi, la gravité du propos se trouve-t-elle modérée par ce mélange des genres à l’image même de la vie. L’histoire de saint Guillaume est celle d’un chevalier qui entreprend un pèlerinage à Rome puis en Terre Sainte pour sa pénitence et fait ensuite le choix d’une vie d’ermite vouée à l’amour de Dieu et à la prière. En dépit des pièges et tentations du Démon, son âme demeure dans la vérité divine, il meurt en sainteté. Ce drame religieux est construit autour de six personnages distribués en trois actes comme autant d’images qui illustrent les épisodes qui mènent Guillaume vers la sainteté. Récitatifs, ariosos, parties instrumentales s’associent ou alternent. La distribution vocale réunit trois tessitures de sopranos, San Guglielmo (Raffaella Milanesi), Angelo da Pagio (Paolo Lopez), San Bernardo, Padre Arsenio (Sabina Puertolas), ainsi que deux basses, Cuosèmo (Maurizio Lo Piccolo), Demonio (Lisandro Abadie), tous portent les émotions vécues par les personnages, des ténèbres de Satan à la lumière de la foi en Dieu, du péché à la rédemption, un chemin musical et poétique qui mérite d’être connu.
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