Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 6 janvier 2014
|
Chronique Concert Haendel, La Resurrezione Collegium 1704, dir. Vaclav Luks
V. Luks © X. Löffler 2007 Georg-Frederic HAENDEL (1785-1759) La Resurrezione Oratorio per la Resurrezione di Nosotro Signor Gesu Cristo, HWV 47, 1708, sur un livret de Capace. Hana Blazikovà (l'Ange), Céline Scheen (Marie-Madeleine), Mariana Rewerski (Marie-Cléofas), Joroslav Brezina (Saint-Jean l'Evangéliste), Lisandro Abadie (Lucifer) Collegium 1704 Direction Vaclav Luks 18 octobre 2009, Cathédrale Saint-Maclou, Pontoise "Mais où est-il donc passé ?" (citation apocryphe attribué à un soldat romain et refusée par le Concile de Nicée)
Pour les mouchoirs, en effet, tout s’est bien passé. Mais pour le reste… Le programme ne comportait qu’une présentation de Haendel et (vaguement) du contexte de la création de la Resurrezione, une biographie succincte du compositeur qui fait doublon, et des présentations de l’ensemble oriental - car venu de l'Est n'est-il pas ? - Collegium 1704, dirigé par Vaclav Luks. On y trouve également des informations sur chacun des solistes mais point de livret. Quid donc de l’œuvre elle-même, de ses articulations, rien, pas une ligne. O désappointement ! O angoisse ! On rappellera seulement que La Resurrezione fut crée en Italie, alors que Haendel bénéficiait des largesses et de l’hospitalité du marquis Ruspoli, lequel tint à offrir à ses amis un splendide spectacle pour le lundi de Pâques de l’an de grâces 1708 alors que l'opéra était interdit. Le décorum de 2009 n’avait rien à voir avec celui de la création de l’œuvre au Palazzo Bonelli pour laquelle le livret avait été tiré à 5000 exemplaires (!), et l'on s'est contenté du décor - certes raffiné et monumental – de la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise ; seule la gestuelle époustouflante du chef d’orchestre rappelle l'Italie fulminante de cette Resurrezione et l'ombre de Corelli qui en dirigeait l'orchestre. Mais voilà que les musiciens montent en scène, suivis par les 5 solistes, puis enfin par un homme aux allures de jeune étudiant dégingandé, qui n’est autre que Vaclav Luks lui-même ; le silence se fait ; l’orchestre entonne l'Introduzione de manière tonitruante mais avec des cordes étriquées. Dans l'ensemble, la distribution est de qualité, quoique la cohérence théâtrale fait défaut, conduisant à des débats allégoriques relativement statiques mais d'une vocalité toute romaine. Mariana Rewerki campe une Marie-Cleofas (Cleofe) au timbre solide et puissant. Le "Piangete, sì, piangete" douloureux et posé révèle une douleur généreuse, sous-tendue par un orchestre menaçant. Le virtuose "Naufragando va per l'onde" tourne cependant un peu à vide, l'alto empilant les double-croches sans autre forme de procès. Le Lucifer de Lisandro Abadie ne sera pas vaincu par la partition. Si la basse n'atteint pas la volupté sulfureuse d'un Lorenzo Regazzo, les graves sont fermes et profonds, dégageant une impression de puissance solide ("O voi, dell'Erebo") bien carré. La Marie-Madeleine de Céline Scheen laissera un doux souvenir, celui d'un "dolci chiodi" d'une pureté angélique, habilement voilée par la tristesse grainée des violons. Le timbre est clair, pur, d'une langueur résignée touchante, plus convaincant dans la contemplation que dans les joyeusetés du "Ho un non so che nel cor". L'ange d'Hana Blazikova, toute de noir vêtue – un ange "djeune", qui a cédé à la mode du gothique – est paradoxalement moins céleste que la pécheresse repentante. L'incarnation est honnête, mais ne se détache pas suffisamment, ni dans les gracieux méandres du "Risorga il mono", ni dans le terrible et bref duo avec Lucifer "Impedirlo saprò". Enfin, Joroslav Brezina en impose en Saint-Jean l’Evangéliste et triomphe sans peine grâce à la sublime beauté des airs qui lui sont dévolus, notamment un poétique "così la tortorella" avec flûte obligée, ou bien un "ecco il sol" lyrique. Dans la fosse (ou plutôt la nef), Vaclav Luks dirige son Collegium 1704 avec une énergie maîtrisée, où l'on retrouve, tout comme dans son Zelenka récent (ZZT) une tension latente et une belle attention portée aux timbres. En dépit de quelques approximations et d'intonations hasardeuses, c'est un orchestre pêchu et bien assis, au continuo disert qui a soutenu les chanteurs pendant ses quelques 2 heures. Aussi, le concert fini, les applaudissements à peine tus, chaque auditeur se déplie tant bien que mal : en effet, deux heures d’immobilité sur des chaises atrocement inconfortables, dans une église non chauffée, sont de redoutables facteurs de sciatique carabinée, que seule l’intervention du Messie pourrait repousser…
Lire aussi :
|
Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|