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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

La Folle Journée de Nantes

19e édition : L'heure exquise

 

du 30 au 3 février 2013

Pierre Hantaï - DR

De Louis Couperin à Jacques Duphly
 
Pierre Hantaï, clavecin

Samedi 2 février, 22h

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"Quand on joue, on ne pense pas : on a pensé."

Pierre Hantaï a composé un programme couvrant, chronologiquement, la majeure partie de l’école française de clavecin : de Louis Couperin (vers 1626–1661) à Jacques Duphly (1715–1789) en passant, bien sûr, par François Couperin et Jean-Philippe Rameau.

Disons-le tout net : il nous a régalé. Pierre Hantaï semble être l’émanation exact d’une très belle phrase de Gustav Leonhardt : "Quand on joue, on ne pense pas : on a pensé." Son jeu n’est ni froid, ni expressionniste : il est juste. Plus : il est intelligent. Il a fait des ornements de la sarabande Les Vieux Seigneurs de Couperin un élément structurant de la pièce — la rendant ainsi magistrale. Son jeu est à tout moment plein de vivacité mais jamais de précipitation. Son sens de la mesure semble infaillible. Son art du phrasé est enchantement et sensibilité.

Sa Suite en la mineur de Louis Couperin a été pour nous un moment de délices infinies, où l’agilité ne fut jamais vaine ; il a porté l’auditeur d’un bout à l’autre de la suite dans un même souffle. Les pièces de Rameau — dont les célèbres Rappel des oiseaux et Tambourin, mais aussi deux gigues en rondeau et une très belle sarabande — qui suivaient étaient du même niveau, avec ce tourbillon, ce sentiment de foisonnement que peut procurer la musique de Rameau… Il n’est guère utile de détailler les quelques autres pièces : tout était de ce très haut niveau. En sortant, nous en étions hébétés.

Avantage des concerts de fin de soirée : le droit aux bis — le reste du temps, pour pouvoir enchaîner avec le concert suivant, les artistes sont priés de ne pas en donner. Pierre Hantaï a prolongé la merveille avec trois bis. C’est tout cela, sans doute, toutes ces qualités ensembles qui font que l’on ressort de là avec le sentiment d’avoir entendu l’un des plus grands clavecinistes de tous les temps.

 

Skip Sempé - DR

De Chambonnières à Rameau


Skip Sempé, clavecin

Dimanche 3 février, 19h15

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Skip Sempé n’arrivait pas en terrain conquis : il remplaçait Bertrand Cuiller. Grâces lui soient rendues d’avoir accepté et d’avoir proposé un programme riche et varié où se croisent encore les Couperin et Rameau, mais aussi Chambonnières, Forqueray, d’Anglebert et même Luigi Rossi.

Le jeu de Skip Sempé est musclé et puissant ; son phrasé est anguleux ; le tout est très tendu. Peut-être trop, et peut-être même un peu monolithique. Presque pas d’adoucissement — et quand il y en a eu, comme dans une Sarabande de Rameau, la mesure nous a semblé se déliter…

Certaines pièces, du coup, réussissent plutôt bien — c’est le cas de L’Intrépide d’Amand-Louis Couperin ou de La Marella de Forqueray. Mais dans l’ensemble, on aimerait un peu autre chose… Cela impressionne, mais la virtuosité semble parfois ne se diriger nulle part ! Nous retiendrons donc surtout de ce concert La Dauphine de Rameau, bouillonnante — et pour le reste attendrons une autre rencontre avec Skip Sempé qui, nous le croyons, a bien d’autres choses à nous dire.

 

L'orchestre Lamoureux © Rouge 202 - J-M. Destang

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De Couperin et Rameau à Debussy et Ravel ?

Il nous a manqué, nous l’avons puisque le cœur nous le dit, ces passerelles entre la musique de l’Âge classique et celle de "L’Heure exquise". Il nous paraît qu’il ne suffit pas de juxtaposer les concerts pour faire apparaître le lien entre Couperin et Ravel — il faudrait peut-être les programmer ensemble ! Voire, pourquoi pas, proposer un concert expliqué.

Notre Folle Journée personnelle a commencé par un Apprenti sorcier de Dukas très réussi par l’Orchestre Lamoureux dirigé par Fayçal Karoui. Cette pièce, on l’oublie souvent au profit de Fantasia, on l’oublie aussi parce que nous connaissons la musique ultérieure qui a tant puisé dans ces essais-là — la musique du cinéma en particulier lui doit beaucoup —, est merveilleusement orchestrée. À cet égard, elle ne souffre du rapprochement ni avec Rameau ni avec Debussy. Et puis, il manquait tout de même à cette fête l’un de ces "apprentis sorciers" français qui comme Rameau, Dukas, Debussy et Ravel ont exploré l’orchestre et les sons : nous voulons parler de Berlioz, qui fait un peu figure de cas unique dans l’histoire de la musique — comme Debussy et Rameau, il semble sans succession immédiate. À cet égard, n’aurait-il pas eu sa place à cette fête musicale ?

Au-delà de la Baroquerie chronologique, et puisque le mouvement du renouveau de la musique ancienne a permis de redécouvrir beaucoup d’œuvres, nous aimerions faire remarquer que la programme faisait une belle part à des compositeurs peu connus et peu joués, comme Jean Cras, Charles Kœchlin ou Théodore Dubois (pour n’en citer que trois). C’est un peu, si l’on veut, prolonger une partie de l’œuvre "baroqueuse" plus loin dans le temps…

Loïc Chahine

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Site officiel de la Folle Journée de Nantes : www.follejournee.fr

 

 

 

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