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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Carnet de La Folle Journée de Nantes Samedi 31 janvier 2009
Samedi ou une journée chargée, la plus riche en trouvailles diverses
Nous avons commencé par une valeur sûre : l’Akademie für Alte Musik Berlin dans deux les deux premières suites pour orchestre de Bach, à 10h45, horaire bien matinal pour un concert – mais depuis le vendredi, les concerts commençaient dès neuf heures ! Le son était conforme à ce qu’on pouvait attendre, à la fois puissant, clair et charnu. Ce qui frappe le festivalier, c’est l’énergie de l'ensemble, mais aussi la symbiose entre les musiciens, qu’il s’agisse d’un petit groupe à un par pupitre – pour la 2nde suite, la fameuse Suite en si mineur avec flûte concertante – ou d’un effectif plus fourni. On sent transpirer un plaisir de jouer communicatif, parfois même espiègle – ah, ces petits motifs aux cordes dans la Gavotte II de la première suite ! Alors, oui, on pourra regretter qu'il n'y ait pas un peu plus de sentiment et de phrasé dans la Sarabande de la seconde suite, mais l’on passe un si bon moment qu'on ne saurait bouder ce plaisir. Benjamin Alard, D.R. Nous nous retrouvons juste après dans la plus petite salle du Palais (80 places), à midi, pour la deuxième moitié des sonates pour violon et clavecin (Sonates n°4 en ut mineur, n°5 en fa mineur et n°6 en sol majeur, BWV 1017-1019 pour être précis), par François Fernandez et Benjamin Alard. Voilà justement une de ces trouvailles ! Ces sonates sont difficiles tant pour les exécutants que pour l’auditeur, mais ici, point de cette narcissique démonstrativité si caractéristique de la musique soliste, en particulier pour violon. Le duo n’est que poésie. Poésie du son, doux et satiné, poésie d’un phrasé hors pair. Les mouvements rapides prennent un sens émotionnel, les mouvements lents le retrouvent. Les Adagio des sonates 4 et 5 ont sans doute rarement été si réussis. Une lecture si inattendue qu’il a fallu quelques moments pour y entrer. L’auditeur conquis sera sans doute heureux d’apprendre que nos deux interprètes viendront avantageusement compléter la discographie prochainement. Dans le courant de l’après-midi, le Capriccio Stravagante, sous la direction de Skip Sempé, a donné un beau concert intitulé Taffel-consort avec un consort de flûtes à bec, un de violes, deux violons et la basse continue. Mais les derniers arrivés ne purent disposer du programme, car il n’en restait plus, et l’auteur de ces lignes n’a donc guère d'autre précision à donner. Le son était très beau, soigné à l’extrême, non seulement dans les mouvements lents, mais aussi dans les passages rapides. On regrette vivement le manque de papier qui eu permis d’apprécier plus à sa juste valeur cette musique difficile mais aussi trop peu connue. De retour dans la toute petite salle, nous entendîmes trois Sonates pour flûte et clavecin (une en réalité pour flûte et basse continue, celle en mi majeur BWV 1035, et les BWV 1032 et 1030 respectivement en la majeur et si mineur) interprétée par Marc Hantaï et la jeune Maude Gratton. Là où les sonates pour violon séduisaient par leurs mouvements lents, ce sont cette fois les plus vifs qui furent très réussis, allant voire dansant. L’Allegro assai conclusif de la Sonate en mi majeur prend même, sous les doigts experts de Maude Gratton, des accents jazzy qui vont bien à ce Bach déjà presque galant. Comme chez l’Akademie für Alte Musik Berlin, on sent un plaisir de jouer, décomplexé et rieur, de la part de Marc Hantaï qui semble s’amuser. Voilà une vision de ces sonates qui mériterait d’être plus répandue, et nous rappelle que le Cantor de Leipzig était aussi l’auteur de cantates (du café, des paysans) pleines d'humour.
Hans Georg Mammel, D.R. Nous avons conclu cette journée avec deux cantates de Bach : "Wer nur den lieben Gott lässt walten" BWV 93 et "Wo Gott der Herr nicht bei uns hält" BWV 178. Le Concert Français dirigé par Pierre Hantaï s'était entouré de Katharina Fuge (soprano), Petra Noskaiová (alto), Hans Jörg Mammel, Matthias Vieweg (basses), c'est-à-dire un chœur de soliste. Mais un chœur de soliste peu convaincant, pas assez uni dans les grands chœurs polyphoniques, plus à son aise et équilibré dans les chorals. Les airs et récitatifs étaient en revanche de petits joyaux, en particulier dans la seconde cantate. Les hautbois assuraient leur partie, relativement virtuoses, avec zèle, tandis que les cordes semblaient vouloir chanter elles aussi et participer au théâtre : on admire le fougueux "Schweig nur, taumelnde Vernunft" (BWV 178), où les difficultés de Mammel dans l’aigu pendant la première semblaient s’être évanouies ou muées en expressivité. Très beau "Gleichwie die wilden Meereswellen" aussi, tant du côté des traits virtuoses lancés par Matthias Vieweg que dans le flot de notes figuratif des violons. Katharina Fuge manquait ce soir-là de puissance et d’engagement à côté de ses camarades, et sa voix a paru terne ; on regrettait enfin que Petra Noskaiová n’ait pas d’air auquel offrir son timbre chaleureux de mezzo. Malgré quelques imperfections de-ci de-là, Pierre Hantaï impulse à son Concert Français une grande énergie et une théâtralité trop rarement présents dans les interprétations des œuvres religieuses du "vieux Bach".
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