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Chronique Festival

 

Carnet de La Folle Journée de Nantes

Vendredi 30 janvier 2009

 

 

Vendredi ou de la journée vraisemblablement la plus belle, avec deux concerts d’exceptions

Buxtehude, Membra Jesu Nostri, La Venexiana, dir. Claudio Cavina


Bach, La Passion selon Saint Jean, Collegium Cartusianum, Kölner Kammerchor, dir. Peter Neumann

 

 

Claudio Cavina © La Venexiana

D’abord, celui qui promettait d’avance : les Membra Jesu Nostri de Buxtehude par l’ensemble La Venexiana, concert redonné samedi et dimanche – mais dans l’Auditorium, alors que celui de ce vendredi, à 13h45, se déroulait dans une salle de 300 places, plus intimiste. Le rédacteur de ces lignes ne peut se défendre d’une grande subjectivité vis-à-vis de ce qu’il considère comme le plus beau concert de cette Folle Journée. D’une œuvre difficile, l’ensemble italien, spécialisé dans le madrigal, connu pour une intégrale de ceux de Monteverdi, a donné une lecture aux antipodes de ce qu’on pouvait attendre de distance et, osons le mot, de sécheresse.

Rappelons que ces Membra sont un cycle de sept cantates en latin centrées chacune sur une partie blessée du corps du Christ en croix, depuis les pieds jusqu’au visage, en passant par les mains et le cœur. Une structure immuable : un texte tiré de la Bible, chanté par tout l’ensemble dans un style très madrigalesque, puis trois "couplets" pour les solistes, et une reprise du "madrigal" initial.

Naturellement, ce sont ces "madrigaux" qui sont les plus réussis par La Venexiana ; les voix forment un ensemble étonnant d’unité, avec un art de faire sonner les intervalles, en particulier les dissonances, produisant des effets stupéfiants. Mais toutes ces voix sont aussi très belles indépendamment les unes des autres, et c’est ce qui fait la réussite aussi des passages solistes : des sopranos corsés, au timbre charnu, comme on en entend rarement dans la musique religieuse, a fortiori principalement polyphonique, jusqu’à la basse sonore, en passant par un alto (contre-ténor et chef d’ensemble) maniant à la perfection le mixage des voix de tête et de poitrine, et un ténor à la voix agile (ces ornements !) et éternellement figée dans la claire jeunesse.

Une lecture intense, profondément touchante, avec une grande attention portée au texte, qui a pu être immortalisé par le report immédiat sur un disque vendu ensuite sur place – idée extrêmement bonne, on regrette même de ne pas voir plus de concerts à côté de ceux qui sont choisis pour en bénéficier.

 

Peter Neumann D.R.

Le soir, à 22h, une Passion selon Saint Jean de Bach, dans la 2ème version de 1725. Voilà une œuvre qui, malgré sa longueur – elle a d’ailleurs été donné sans entracte – réussit très bien au concert, grâce à sa théâtralité. Ici, elle était parfaitement mise en avant en premier lieu par un Evangéliste, Markus Brutscher, qui malgré un vibrato parfois trop encombrant – mais parfois aussi bienvenu, sur le mot kalt par exemple – a su capter le public par un sens du théâtre et de la rhétorique fulgurant. Le timbre était beau, clair, l’émission facile. À ses côtés, un Jésus (Markus Flaig) rempli de sacralité, simple et en même temps très digne, et surtout un Ponce Pilate (Andreas Wolf) terriblement humain, avec un beau timbre et une technique parfois mise à mal, mais apte à faire face au chœur des Juifs. Les deux solistes féminins étaient moins marquants ; une soprano (Sarah Wegener) dotée d’une grande sensibilité, avec un beau haut-médium, mais un peu trop discrète, et une alto (Wiebke Lehmkuhl) manquant de puissance d’abord, puis de couleurs ("Es ist vollbracht") malgré une agilité dans le passage vocalisant.

Côté orchestre, le Collegium Cartusianum accuse des faiblesses évidentes pour les violons, mais une basse vivante et bien assise ; des hautbois aigres, mais d’excellentes flûtes. La direction de Peter Neumann semble être partie, avec justesse, des voix, et s’être concentré sur les chœurs. A cet égard, le Kölner Kammerchor s'est avéré idéal : répondant exactement d'une seule voix aux volontés de son chef. Il convient de souligner l'importance extrême des chœurs dans cette Passion, qui doivent faire preuve de qualités très diverses : plus unis que jamais pour les chorals, mais maniant aussi le contrepoint fugué, et sachant se faire terrifiants quand ils exigent la mort du Christ. Et le Chœur de chambre de Cologne a capturé cet acharnement sanguinaire, brossant la vision d'une meute de chiens enragés prêts à se jeter sur la malheureuse victime.

Au final, sous la baguette dramatique de Peter Neumann, c’est presque un opéra en version de concert que cette Passion selon Saint Jean, donné dans le "théâtre des voix" ; et certains regretterons que le report prévu sur CD initialement prévu n’ait finalement pas pu avoir lieu.

Nous avons assisté d’abord à un concert "Heinrich Schütz : amis, élèves et contemporains" donné par l’Ensemble 415 dirigé par Chiara Banchini – phalange italienne confrontée, donc, en compagnie du baryton suisse Martin Bruns, au répertoire germanique. Le résultat s’est avéré plutôt décevant. Du côté des cordes, un son amer, sans ampleur ni douceur, malgré une évidente aisance dans les passages virtuoses (Rosenmüller, Sonata IV des Sonate a 2.3.4.5 stromento ad arco). Martin Bruns, malgré un timbre plutôt beau, manque cruellement de couleurs et d’expression ; on sent dans son chant un hiératisme forcé, sans noblesse, malgré quelques moments plus réussis (Schütz, Hütet euch op. 10 n°11 SWV 351 des Symphoniae Sacrae II). On notera cependant la belle découverte que constituent les "Lieder" d’Adam Krieger, malgré une interprétation trop sèche. Sur ce fond terne se détachait la prestation d’un claveciniste / organiste - dont le nom n’est hélas pas mentionné dans le programme - à la fois dans une réalisation séduisante de la basse continue, et dans une Suite pour clavecin en la majeur pour clavecin (BuxWV 243) stupéfiante de spontanéité, de naturel et d’émotion – un véritable moment d’enchantement.

 

 

 

Loïc Chahine

 

 

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