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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
David & Jonathas : les dangers du pouvoir, les douleurs de l’amour
Page de titre de la copie manuscrite de la partition de David & Jonathas par Philidor l'Aîné (1690) © Bibliothèque nationale de France Le voyage à Rome en 1660 Musicien d’une écriture très personnelle et savante, la science de la composition de Marc-Antoine Charpentier est néanmoins nourrie de la riche expérience acquise lors de son séjour à Rome, carrefour des arts en ce XVIIème siècle foisonnant où se croisent peintres, musiciens, écrivains, venus de toute l’Europe dans cette capitale des arts. La sensibilité de Charpentier se forme au contact de la musique italienne qu’il découvre avec émerveillement, en particulier, celle des messes polychorales et surtout l’influence déterminante de Carissimi et de ses Histoires sacrées qui auront un prolongement fécond dans sa propre conception de l’art de composer. Le retour en France A Paris, il est reçu dans l’une des plus somptueuses demeures du Marais, à l’Hôtel de Guise, au service de Marie de Lorraine et d’Elisabeth d’Orléans. Pour ses protectrices et mécènes, il compose des pièces de circonstances dont Les Arts florissants, Actéon, Pastorales pour la Nativité, Litanies pour la Vierge. En 1672, commence une collaboration avec Molière pour la musique de ses comédies-ballets, elle se poursuivra avec les plus grands auteurs de son temps dont les célèbres frères Corneille. Durant les années 1687 à 1698, Charpentier est nommé maître de musique du collège Louis-le-Grand, l’école des Jésuites la plus réputée de la capitale. A ce poste, il apporte sa contribution à la musique du théâtre, pratique fondamentale dans les programmes d’enseignement des Jésuites dans le but de former la future élite politique du pays à l’art de bien parler, de se mouvoir, du chant, de la danse. Des intermèdes chantés ou des ballets s’insèrent peu à peu dans des tragédies récitées sur des sujets pieux en latin afin d’édifier les jeunes élèves en leur prodiguant une leçon de morale qui valorise les vertus chrétiennes d’honneur, de fidélité, d’amour pur. Ces représentations théâtrales de tragédies en musique étaient données deux fois par an, au Carnaval et en août devant un public de qualité venu applaudir et encourager les élèves.
Giovanni Francesco Barbieri dit Le Guerchin, Saul tentant d'occire David (1646) © Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome David et Jonathas, de l’Ancien Testament à l’opéra Ainsi, le 28 février 1688, avec un très vif succès, la tragédie en musique de Charpentier sur un livret du Père François de Paule Bretonneau tiré de l’Ancien Testament, Livre de Samuel, est représentée avec la tragédie latine Saül du Père Pierre Chamillart en faisant alterner un acte parlé et un acte chanté. Si l’opéra de Charpentier composé en vue de cette configuration particulière s’éloigne dans l’esprit du modèle lulliste de la tragédie lyrique, il en conserve la composition formelle en un prologue suivi de 5 actes. La puissance théâtrale de ce sujet biblique aux personnages complexes et la richesse expressive de la musique tant sur le plan harmonique que stylistique mettent en valeur l’inventivité exceptionnelle de Charpentier. Cette œuvre inspirée a suscité dès les débuts une admiration qui ne s’est pas démentie depuis. C’est que le récit de l’Ancien Testament a une portée universelle par les questions qu’il éveille : les dangers du pouvoir qui aveugle les puissants, les rapports entre l’amour et le devoir filial, la diversité de la communauté humaine et ses capacités à vivre ensemble. Dans le livret plusieurs tragédies personnelles croisent les destins : celle de Saül, souverain dominé par sa peur de voir le pouvoir lui échapper, rongé par la jalousie à l’égard de David et qui, en perdant la maîtrise de la réalité, met en péril son peuple et l’équilibre du royaume, celle de David qui devient le rival de Saül, situation aggravée par l’amitié, cet amour plus fidèle et plus tendre, qui le lie à Jonathas, fils de son souverain. Accueilli dans la maison de Saül comme un fils pour apaiser par ses chants les angoisses du roi, le jeune berger se révèle être un chef brillant qui réussit à repousser les Philistins, ennemis d’Israël, en vainquant le géant Goliath à l’aide de sa fronde. L’héroïsme de David suscite ainsi un sentiment de rivalité chez Saül qui, se sentant menacé, le chasse. David s’allie alors aux Philistins et provoque une situation de grave conflit. David et Jonathas se trouvent combattants dans des camps opposés.
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