Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 6 janvier 2014
|
Chronique Festival
David & Jonathas : La production aixoise selon la dramaturgie d’Andreas Homoki et la direction de William Christie
© Pascal Victor / ArtcomArt Marc-Antoine Charpentier
DAVID & JONATHAS
Représentation du 16
juillet 2012
Production / Coproduction La production aixoise de l’opéra de Charpentier Le metteur en scène Andreas Homoki n’a pas souhaité banaliser la relation entre David et Jonathas au-delà d’une simple amitié entre les deux jeunes gens en lui donnant une connotation homosexuelle, il y a lu l’échec d’un amour en temps de guerre. Il a voulu conserver la dimension universelle et intemporelle de l’ouvrage et livrer une analyse personnelle de l’opéra. Sa mise en scène judicieuse a pris en compte tous les paramètres de la complexité de l’ouvrage de Charpentier en évitant une transposition facile et artificielle, un rapport trop direct à l’actualité politique brûlante dans les lieux de conflits de notre temps, celui des Palestiniens et des Israélites qui reprendrait le conflit antique entre les Philistins et les Juifs. Ces différentes populations qui pourraient vivre ensemble paisiblement ont été distinguées par les simples détails de leur costume. Andreas Homoki a ancré l’histoire dans un contexte qui évoque un environnement rural méditerranéen, un monde patriarcal dans lequel un grand exploitant agricole peut encore régner comme un prince sur les habitants de ses terres. Si le conflit éclate, c’est à cause de Saül qui ne peut surmonter sa jalousie à l’égard de David et qui, tel un tyran, n’accepte pas de critiques de ses actions. Saül tombe dans la déchéance progressive, car il n’est plus à la hauteur des tâches qui lui incombent. Sa conduite indique les dangers qui guettent celui qui détient le pouvoir absolu. Au XVIIème siècle, son exemple avait pour but pédagogique d’inviter les jeunes gens qui se destinaient à une carrière politique à se méfier des dérives du pouvoir et à concevoir des stratégies pour les éviter. L’enjeu essentiel du metteur en scène a été de captiver et d’émouvoir le public d’aujourd’hui et révéler une œuvre théâtrale avec des personnages vivants en présentant un récit homogène d’événements racontés d’une façon forte et touchante bien que David et Jonathas nous soit parvenue de manière fragmentaire puisque le drame parlé a été perdu. Il a travaillé sur le matériau disponible de cette histoire émouvante qui se donne à entendre dans une musique d’une merveilleuse sensibilité. Le rythme lent de la dramaturgie qui développe une action assez statique à contraint le metteur en scène à trouver des formes d’expression théâtrale qui permettent de monter cette œuvre de façon actuelle en transformant avec souplesse les formes musicales en formes théâtrales qui puissent être réalisées sur scène comme une tragédie familiale.
© Pascal Victor / ArtcomArt David et Jonathas selon la dramaturgie d’Andreas Homoki et la direction de William Christie Le metteur en scène n’a pas recherché la reconstitution historique. En accord avec le chef William Christie, il a voulu réunir les parties musicales comme une œuvre complète. Tout en respectant l’esprit qui anime l’œuvre, Andreas Homoki a choisi d’intégrer dans les espaces purement instrumentaux, initialement destinés au ballet, des motifs et des événements supplémentaires qui précisent la progression de l’action dramatique afin de réaliser un spectacle unifié et convainquant pour les spectateurs d’aujourd’hui. Si dans certains opéras du Grand Siècle la danse est envisagée comme un élément narratif, dans David et Jonathas, l’intrusion de danseurs étrangers à l’action, gêne, selon le metteur en scène, l’équilibre et la cohérence de l’œuvre pour le regard contemporain. Une autre intervention s’est portée sur la scène où Saül rencontre la Pythonisse qui constitue le Prologue de l’œuvre originale. Elle a été déplacée après l’acte III comme une conséquence d’une série d’événements car il semblait difficile de démarrer l’opéra par un Saül abattu qui fait appel à la magie qu’il a lui-même interdite dans son royaume.
© Pascal Victor / ArtcomArt Selon Andreas Homoki, la vocation du théâtre n’est pas de restituer les œuvres dans leur forme originale, mais de produire des spectacles vivants en proposant un fil narratif continu qui se déroule au cours de la représentation. En ce sens, sa vision de l’opéra ne peut être perçue comme une manipulation ou une trahison. A la tête de l’Orchestre et du Chœur des Arts Florissants, le raffiné William Christie sait faire sonner ses musiciens dans l’espace de l’Archevêché. Il a restitué avec fraîcheur cette partition, portant une attention délicate à la moindre inflexion de la musique, modelant avec sensualité chaque phrase d’un geste attentif. Dans une scénographie conçue par Paul Zoller, les chanteurs évoluent dans un dispositif de boîtes mobiles, imbriquées, qui se modifient selon les espaces de la narration en faisant alterner la réalité du récit biblique et les fantasmes qui habitent les personnages. La distribution a retenu de jeunes chanteurs pour les rôles titres. Ecrite pour des voix masculines, la distribution a confié à un jeune ténor, Pascal Charbonneau, ancien élève de l’Académie européenne de musique, le rôle émouvant de David jadis interprété par Gérard Lesne dans l’enregistrement mémorable de William Christie (Harmonia Mundi) et celui de Jonathas à une femme, la soprano Ana Quintans, tous deux touchants et musicalement très engagés dans leur personnage. Il faut également citer le Saül très crédible de Neal Davies, le Joabel de Kresimir Spicer et la surprenante Pythonisse interprétée par Dominique Visse.
Vers les autres chroniques de concerts
|
Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|