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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Charpentier, Bach Le Palais royal, dir. Philippe Sarcos
© Jean de Bagneux
Marc-Antoine CHARPENTIER Te Deum H. 146
Johann Sebastian BACH Magnificat BWV 243
Isabelle Desrochers (1er dessus, soprano) Anna Rheingold (2nd dessus, mezzo) Robert Expert (haute-contre) Sébastien Obrecht (taille, ténor) Sébastien Lemoine (basse taille, baryton)
Ensemble vocal et instrumental le Palais royal Direction musicale : Jean-Philippe Sarcos
30 octobre 2008, église Saint Roch, Paris Trompettes et timbales Ce sont des pièces grandioses et festives que le Palais royal a sélectionné pour cette série de concerts, jetant un pont entre le grand motet versaillais et la pompe protestante au sein du bel édifice de pierre de l'église Saint Roch construit entre 1653 et 1722. Le Te Deum H. 146 de Charpentier, à la structure très dramatique (voir l'article de Jean-Philippe Sarcos à ce sujet) représente sans doute son œuvre la plus célèbre, et résonne encore de l'aura pesante de l'ouverture de l'Eurovision. Dès le prélude, le chef fait valoir une direction dynamique et bondissante, extrêmement articulée, scandant les temps forts avec une vivacité dansante. Le Palais royal offre un noyau de cordes cohérent et vif, sur lequel se greffent les couleurs des bois et les interventions décomplexées des cuivres à la présence martiale. L'élégance du geste s'accompagne d'un chœur très ample et bien équilibré, prenant soin de sa diction (latin à la française puis à l'allemande), dont les effectifs assez fournis s'accommodent bien à l'acoustique du lieu, évitant l'écueil d'une masse pléthorique ou d'un filet malingre. La transparence des aigus est à louer, ainsi que l'implication des choristes, rivés aux gestes inspirés du chef. Le maître-mot de Jean-Philippe Sarcos semble être une lisibilité exemplaire des parties, doublée d'une joie simple et communicative, où le triomphe se fait sans prétention, renouant avec un caractère de fête populaire, parfois au détriment du spectacle liturgique. Les solistes rassemblés sont presque tous familiers de la rhétorique baroque. Isabelle Desrochers laisse admirer un soprano pur et souple, avec des articulations très nuancées, l'artiste n'ayant rien perdu de sa capacité à ponctuer la partition avec poésie et retenue ("Dignare Domine"). Face à elle, la douce Anna Rheingold peine plus à s'affirmer: le timbre est rond et agréable, les aigus un peu serrés, la projection sensible et intimiste. En ce qui concerne les voix masculines, une très belle découverte que la basse taille puissante, stable et grainée de Sébastien Lemoine. Le "Te Deum laudamus" déclamé avec force et componction, imposant et hiératique, d'une théâtralité exacerbée emporte immédiatement l'adhésion, de même que dans le beau duo du "Dignare Domine". En revanche, le charisme se fait envahissant dans le "Fiat misericordia tua Domine" où le chanteur se détache trop nettement de ses confrères. Robert Expert a quant à lui été assez inégal, mettant du temps pour s'échauffer chez Charpentier avant de s'épanouir plus chez Bach. L'émission était insuffisamment puissante dans le "Te per orbem terrarum" en dépit d'un chant précis et gracieux. Enfin, on signalera la discrétion de Sébastien Obrecht, appliqué et juste, au timbre uni. Le Magnificat de Bach a été interprété dans une même veine jubilatoire, avec des mouvements choraux particulièrement réussis, lors desquels la spatialisation des pupitres rendait les entrées en imitation d'une grande lisibilité ("Magnificat" et "Fecit potentiam" notamment). Jean-Philippe Sarcos imprime à l'ensemble un élan fluide et naturel, évitant de fragmenter les mouvements, enveloppant le motet d'un lyrisme soyeux. La structure de l'œuvre mettant plus en avant les solistes que dans le Te Deum, leurs qualités et leurs faiblesses sont désormais plus perceptibles, mises à nu dans les airs solistes : les plus beaux moments ont été dus à Isabelle Desrochers touchante dans le "Quia respexit humilitatem" accompagnée d'un hautbois d'amour grainé et ductile, aérienne dans le trio du "Suscepit Israël" et à Sébastien Lemoine dans le redoutable "Quia fecit mihi magna". Et en conclusion de cette soirée, on s'écrira comme le Maréchal de Luxembourg lors de la Bataille de Steinkerque pour la commémoration de laquelle le Te Deum de Charpentier fut vraisemblablement interprété : Victooooooooooooooooire !
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