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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"L'Art des castrats du baroque au classicisme"

Philippe Jaroussky,

Le Cercle de l'Harmonie, dir. Jeremie Rohrer

 

 

Philippe Jaroussky © Ribes & Vo Van Tao

 

“L'Art des Castrats Du Baroque Au Classicisme : Jean-Chrétien Bach, Haydn, Mozart.”

 

Johann Christian Bach (1735-1782) 

Airs de concert et extraits des opere serie La Clemenza de Scipione, Carattaco, Adriano in Siria, Temistocle.

 

Franz-Josef Haydn (1732-1809)

Concerto pour violon et cordes en sol majeur Hob VIIa : 4.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Symphonie n°29 en la majeur K.201

 

Philippe Jaroussky (sopraniste)

Julien Chauvin (premier-violon)

 

Le Cercle de L'harmonie, direction Jeremie Rhorer

 

12 Mai 2009, Cité internationale des Congrès, soirée d'ouverture du Printemps des Arts de Nantes

 

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“Mon Christian est un gamin fort sot et c'est pour cette raison qu'il aura des succès dans le monde.”

C'est ainsi que le vieillissant Cantor de Leipzig, en figure paternelle attendrie, qualifiait son petit dernier Johann Christian. Le plus jeune de la talentueuse fratrie est celui qui portera plus loin le nom des Bach et le fera briller sur les planches des redoutables scènes de Milan et de Londres. Formé par son père - qui lui léguera ses trois grands clavecins à pédalier (ceux, sans doute, de l'Art de la Fugue, des Suites et des Variations Goldberg) - puis chez son demi-frère ainé Carl-Philip Emmanuel à Berlin et avec le Padre Martini à Bologne, Johann Christian hérite de l'austérité luthérienne de Leipzig qu'il va ciseler avec les ors baroques de l'Italie.

Le 12 mai à 20h30 le bas de la salle 2000 de la Cité Internationale des Congrès piaffait d'impatience à l'idée d'écouter des pages égarées par le chaos protéiforme de l'Histoire et des Arts. Dans le public se trouvaient entre autres Jocelyne Cuiller, claveciniste et superbe interprète de Johann Sebastian et Carl Philip Emmanuel Bach ; Jeffrey Thompson, haute-contre issu du Jardin des Voix. Quelques minutes après, Patrick Barbier, chantre académique des castrats, égloguait sur le 25ème anniversaire du Printemps des Arts fondé par Philippe Lenaël et introduisait Johann Christian Bach et son œuvre. Nantes allait jouir de la primeur d'un récital que Philippe Jaroussky et Le Cercle de l'Harmonie allaient porter en France et en Europe.

Le Cercle de l'Harmonie émula on ne peut mieux les merveilles du printemps. Les 2h30 de concert furent un feu d'artifice sensuel, où l'on voyait bourgeonner avec candeur et puissance la musique scintillante de Johann Christian Bach. Jeremie Rhorer, alliant le raffinement de William Christie et la passion fougueuse de Marc Minkowski, nous rend une sonorité claire, précise et colorée, idéale pour la musique du XVIIIème siècle. Lors du Concerto pour violon et cordes de Haydn Julien Chauvin nous a offert des nuances magnifiques d'une grande élégance. Son jeu égrenait les cadences avec une délicatesse non dénuée de candeur et de fantaisie. L'accompagnement des airs chantés, par un Cercle de l'Harmonie d'une solide maîtrise a donné des moments de dramatisme absolu nous submergeant d'une vague d'émotion. Aux premiers accords de l'Allegro Moderato de la Symphonie n°29 de Mozart, nous avons été portés dans une merveilleuse promenade, invitation à redécouvrir une œuvre pourtant courante du répertoire, véritable découverte ou recréation. Ajoutant à la justesse et au panache de l'interprétation, Le Cercle de l'Harmonie, ensemble complice et convaincant, est la preuve vivante que c'est collectivement que fleurit la meilleure musique.

Le soutien du Cercle de l'Harmonie n'aura malheureusement pas suffi à rattraper la prestation en demi-teinte de Philippe Jaroussky, hélas en méforme ce soir-là. En effet le contre-ténor semble moins à l'aise dans les airs du  baroque tardif écrits pour les castrats Tenducci et Manzuoli, que dans les airs pour Carestini de son dernier récital (Virgin Classics). Dès le “Pugna il guerrier” air guerrier de La Clemenza di Scipione (Londres 1778), le drame est absent. La voix semble manquer de projection dans la vocalise et dans le portamento. Les inconditionnels de Jaroussky diront certes que l'orchestre couvrait par son volume l'angélique et fragile voix du chanteur, mais nous devons avouer que nous avons connus le chanteur bien plus convaincant. Peut-être un échauffement insuffisant, qu'on a pu remarquer lors de l'envolée finale de l'air [...]ed i corona il crin.” serait-il à blâmer ? Nous relèverons toutefois quelques moments d'émotion tels l'air de Carattaco (1767) “Frà l'orror”, aux articulations et ornements parfaits, en dépit du récitatif accompagné assez monotone “Perfida Cartismandua” qui le précéda. Nous avons goûté pour cette fois ci à une musicalité et des nuances hors pair d'un artiste qui fut inégal. Malheureusement, l'enchaînement des airs n'a pas ensuite renouer avec ce sommet, et les incarnations suivantes furent lisses voire ternes. Pourtant Jaroussky mimait avec talent les représentations baroques de la vierge contrite, tenant d'apporter plus de vie à des airs de catalogue... en vain. Une des faiblesses du contre-ténor en général resurgit encore une fois : celle d'une belle voix, mais qui ne parvient pas à s'immiscer dans des œuvres qui requièrent davantage de théâtre. Espérons que l'enregistrement futur de ce récital éclipsera notre relative déception.

Pedro Octavio-Diaz

 

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Interview : Dans les grandes familles, dans les dynasties il y a souvent la figure paternelle qui domine”  : entretien avec Julien Chauvin, premier violon du Cercle de l'Harmonie

 

 

 

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