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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Boesset, L'Archange & le Lys, Ensemble Correspondances, dir. Sébastien Daucé
Sébastien Daucé
2011 © Patrick Messina Antoine BOESSET (1587-1643)
"L’Archange & le Lys" Messe & Motets d’Antoine Boesset
Caroline Bardot, Juliette Perret (dessus), Marie Pouchelon, Lucile Richardot (bas-dessus)
Ensemble Correspondances Direction Sébastien Daucé
25 Octobre 2011, Temple de Pentemont, Paris De la douceur de l'Annonciation... Alors que vient de paraître leur enregistrement chez Zig Zag Territoires (au programme légèrement différent), nous retrouvons Sébastien Daucé à la tête de l'Ensemble Correspondances dans le Temple de Pentémont à l'histoire troublée, puisque la chapelle de Pentémont et son dôme, partie intégrante du Couvent de Bernardines, fut reconstruite par Contant d'Ivry en 1753. Suites à bien des péripéties, les anciens bâtiments conventuels sont désormais affectés au Ministère de la Défense, tandis que l'ancienne chapelle, à laquelle on a adjoint l'ancien chœur des religieuses, a été consacré en 1846 au culte réformé. Tout cela pour vous dire, aimables et patients lecteurs, que ces motets très catholiques ne sont pas si déplacés en un tel lieu, d'autant plus que l'acoustique ronde et faiblement réverbérante se prêtait fort bien à ces motets à l'écriture finement ciselée. Sébastien Daucé écrit dans ses notes de programme : "qu'il s'agisse des messes ou des motets, la qualité du contrepoint et l'expressivité font (...) de ces musiques [du recueil Deslauriers de la BNF] un des sommets de la musique sacrée de cette époque". En effet, ce sont bien ces deux qualités de qualité du contrepoint et d'expressivité qui se dégagent de la lecture fervente, apaisée, et rigoureuse des musiciens, qui parviennent rapidement à établir un climat d'intimité délicate et de douceur poétique, à la manière des riches teintes pastels des glacis du sfumato d'un Leonard de Vinci. Le choix de doubler assez souvent les voix par des flûtes ou les violes n'y est certainement pas étranger, bien qu'on regrettera que le beau théorbe de Diego Salamanca n'ait guère été audible.
L'Ensemble
Correspondances © Sacha Lenormand, 2009 L'effectif vocal particulier de ces pièces requiert uniquement un quatuor féminin de deux dessus et bas-dessus, et a été confié à quatre solistes aux timbres bien différenciés : Lucile Richardot fait montre d'une émission précise et stable, d'un timbre androgyne à l'excellente projection, tandis que sa consœur Marie Pouchelon se révèle plus en retrait. Juliette Perret, au soprano clair et sensuel, a fait valoir une admirable précision dans les mélismes, tout comme Caroline Bardot malgré des aigus un peu fragiles. Le plateau vocal fut donc d'une grande homogénéité, grâce à la complicité permanente des artistes, sans que jamais l'une des chanteuses ne se mette trop en avant, ce qui aurait briser la subtile alchimie du contrepoint. Dès la Symphonia de Du Mont - où les violes grainées sont privilégiées au détriment du halo des flûtes - puis le superbe Quam pulchra est strophique, l'Ensemble Correspondances imprime sa vision tendre et enveloppante, soyeuse et pudique. On admire l'extrême cohésion des pupitres, la fusion des timbres tant vocaux qu'instrumentaux, la complexité d'un contrepoint intriqué et dense mais d'une remarquable lisibilité. Ainsi, les effusions contrôlées du Kyrie et du Gloria de la Messe du 11e mode sont équilibrées et lumineuses, d'un classicisme inspiré, aux lignes intelligibles et sobres en dépit de la dense écriture, l'Osanna un brin plus énergique sans sombrer dans une vigueur trop franche. On distingue également un Veni electa mea de Giamberti très fleuri, une Allemanda gravis de Dumont équilibrée et terrestre avec une noble intervention de Daucé au positif, et un Dixit Dominus plus démonstratif qu'à l'accoutumée et aux entrées en imitation bien menées. Néanmoins, en dépit des textures et dynamiques vocales très abouties, les couleurs et les tempi s'avèrent parfois trop uniformes et contemplatifs. Les sonorités rondes et lisses, le refus de la virtuosité extravertie, conduisent à manquer de variété et de dramatisme, à se perdre sans arrière-pensées dans les contours moirés d'une soierie. A l'image de l'antienne de Moulinié donnée en bis après ce concert, plus vivante et spontanée, on ne peut que souhaiter que les Vierges de Jacques Stella puissent à l'avenir rencontrer les Saints du Caravage, et les fleurets de Correspondances se départir de leurs pointes mouchetées pour connaître l'abandon et la fureur.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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