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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival Racine, Athalie Le Théâtre de la Demeure, mise en scène A. Rübner
Athalie © Robin H. Davies Jean Racine : Athalie Intermèdes musicaux de Jean-Baptiste Moreau
Le Théâtre de la Demeure Alexandra Rübner, Athalie Sophie Delage, Joad Mathilde Leclere, Joas Anne-Guersande Ledoux, Josabet Julia Gros De Gasquet, Abner Caroline Arrouas, Salomith, Mathan
Mise en scène : Alexandra Rübner
Solistes pour les intermèdes : Myriam Arbouze et Caroline Bardot Chœur : Myriam Arbouze, Caroline Bardot, Julia Gros De Gasquet, Anne-Guersande Ledoux
Eva Godard, Stéphane Tamby, flûte à bec, bassons Guillaume Humbrecht, violon et direction Myriam Mahnane, violon Damien Pouvreau, théorbe Margaux Blanchard, basse de viole Julie Blais, clavecin
18 mai 2011, Le Grand T, Nantes "Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ?" (II, 9) Athalie n’est pas une pièce facile ; son ancrage religieux et le contexte politique de sa création rendent la dernière tragédie de Racine difficile d’accès pour le public contemporain non averti. Évidemment, la pièce recèle de très beaux passages : le songe d’Athalie, ses imprécations finales... Avec Esther, elle constitue la seule incursion de Racine dans le mélange du parlé et du chanté. Mais il faut avouer que les intermèdes s’intègrent dans l’ensemble assez mal à l’action, et apparaissent prétexte à musique, à louange du divin, d’autant plus que la musique de Moreau est loin d’être inoubliable. Choisir Athalie pour une recréation aujourd’hui semble donc être une gageure. Le Théâtre de la Demeure a choisi de travailler avec la prononciation prétendue restituée, la gestuelle baroque et l’éclairage aux bougies. Cela ne va pas sans problèmes. D’abord, la bougie implique une certaine fixité des éclairages : c’est toujours un secours de moins pour supporter la mise en scène. Il faut donc indispensablement savoir en jouer, en faire quelque chose de poétique — ce que font généralement ceux qui furent les partenaires d’Alexandra Rübner dans Le Bourgeois Gentilhomme, Benjamin Lazar et Louise Moaty, passés maîtres du genre. Ici, il semble que certes, la lumière est belle, mais que la mise en scène n’en joue pas suffisamment au-delà de cette première image. L’ensemble de la mise en scène est conçu comme une mise en abîme de la représentation théâtrale. Nous ne sommes pas dans une reprise à la Comédie-Française, mais bien au moment de la création ; nous voyons des femmes uniquement, comme les jeunes filles de Saint-Cyr, habillées sobrement ; pas de coulisses : quand l’une d’elle doit sortir, elle va simplement s’asseoir en arrière-scène, sur un prie-Dieu. Les costumes aussi sont ceux qu’on voit aux nonnes. Point d’éclat, donc, mais du dépouillé. Tout devra donc se jouer dans les comédiennes. Or, la gestuelle et la prononciation semblent, pour la plupart, bien maîtrisées, mais trop appliquées. Les -e post-toniques de fin de vers sonnent souvent trop accentués. Si la gestuelle se révèle souple, l'on sent hélas le peu de naturel que les acteurs y trouvent avec l’impression toujours d’un "on m’a dit de faire ainsi". Le rythme est lent, certes, voire trop mou, et la musique ne parvient pas à le rehausser, insuffler de la dynamique et de l'élan, même si le son de l’ensemble est beau, la basse bien ferme. Mais c'est une musique de peu d’imagination — nous avons dit, déjà - car la partition est faible en dépit des instrumentistes. Le chœur chante honnêtement, quoique le son ne soit pas toujours homogène. Les solistes se font quelque peu remarquer par un timbre agréable et un style impeccable. Il y a quelques beaux moments, ne boudons pas, mais rien de vraiment marquant. Le choc de la soirée, c’est Alexandra Rübner en Athalie. On a affaire à une grande comédienne, qui sait ce qu’elle fait, tire partie à fond de la musicalité de la prononciation, varie le rythme et la hauteur, sait se servir des gestes. L’allure est serpentine, Athalie inquiète et fascine. Le songe, dans toute sa violence et son effroi, devient alors un immense moment de théâtre. Cette Athalie laisse au final une impression mitigée, dont la mollesse ambiante est rattrapée de très haut par une grande Athalie.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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