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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
"Visions" sur le texte de Francisco de Quevedo Benjamin Lazar & Benjamin Alard
Extinction des bougies... © Muse Baroque, 2011
© Google Books
Visions Benjamin LAZAR, comédien & Benjamin ALARD, orgue
Musiques de Francesco CORREA d'ARAUXO (1584-1654)
Samedi 27 août, Création - Église d’Arques-la-Bataille "À force de hanter les impudiques femmes et de trop s'adonner aux voluptés infâmes..." (Vision Sixième, inscription près de Cupidon) Comme Jean-Paul Combet le prédisait dans son interview, cette fin de festival fut toute particulière, et l'aboutissement de ce parcours musical se révéla téméraire, exigeant et... magique - si un tel adjectif peut convenir à la docte assemblée recueillie dans un lieux de culte à plus de 23h30 passées, à l'ouïe déjà fortement sollicitée par la rutilance débordante de vitalité du Messie. Comme pour oublier les ornements du jubé, la grâce lézardée des voûtes, le fracas des guerres de religion, le chœur est peu à peu abandonné à l'obscurité, de laquelle émerge la silhouette redoutable et gigantesque de l'orgue perché sur son jubé, égratignant presque la voûte de sa messe cyclopéenne, dominant le public. Et puis voici que la voix de Benjamin Lazar, reconnaissable entre toute par son timbre déclamatoire et les sonorités chantantes de son français restitué, vient soudain peindre a fresco le tableau des Visions de Quevedo, texte à la folle imagination proche des ouvrages de Cyrano de Bergerac. On regrette un court instant de ne point percevoir le comédien, de ne pas bénéficier de l'intelligibilité incantatoire de sa gestuelle, de la variété de ses déplacements. Et puis, on oublie. On oublie pour voyager sur les syllabes, pour se donner au plaisir du mot, pour recréer au fur et à mesure de cette narration invraisemblable gorgée d'humour noir corrosif des images dignes d'un Jérôme Bosch, entre les cortèges de médecins armés de clystères, les Diables et les Démons, les supplices les plus invraisemblables et les découvertes les plus effrayantes. La suggestivité du Noir, couleur ô combien ambivalente du Néant à la respectabilité (relisez votre Michel Pastoureau), la fatigue accumulée, les regrets d'arriver à la fin de la parenthèse musicale ne font que renforcer l'impact des paroles scandées par le Récitant, aux inflexions de voix subtiles, aux changements de rythme évocateurs, à la prestance à la fois noble et ironique. © Muse Baroque, 2011 Mais Benjamin Lazar n'est pas seul. Et là haut, la Bête gronde, le recouvre, prend elle aussi possession des esprits et de l'espace, déversant parfois un simple souffle rauque ou des musiques judicieusement choisies de compositeurs espagnols dénotant une belle liberté structurelle. Benjamin Allard varie les registres, illustre le texte, établit une atmosphère, remythifie son instrument en lui rendant son caractère transgressif et sulfureux. Balloté de visions d'horreur, secoué par des traits drolatiques irrésistibles, écrasé par le mystère qui l'environne, le spectateur vit une expérience sensorielle et musicale tout à fait inédite qui clôture avec une audace mordante cette belle édition 2011 du Festival de l'Académie Bach.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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