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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

Festival d'Ambronay 2010

 

Dimanche 19 Septembre :

Skip Sempé

Stéphanie d'Oustrac, Ensemble Amarillis, Héloïse Gaillard, Violaine Cochard

Cadran solaire du cloître d'Ambronay © Muse Baroque, 2010

Le jour est gris et le village se love paresseusement, se calfeutrant dans ses couvertures baroques. Le festivalier habitué retrouve rapidement le chemin vers les lieux du crime dans ce cercle cabalistique restreint : la billetterie, l'Abbatiale, le cloître, le restaurant des bénévoles, artistes et journalistes, le chapiteau un peu à l'écart... 

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 © Muse Baroque, 2010

"Hespérides"

 

I. Marco Cara

Frottola : "Cantai mentre nel core" ;

 

Intabolatura Nova di Balli 1551

Passemezzo nuovo – Le Forze d'Hercole

 

Fray Tomas de Santa Maria

2 Fantasias

 

Juan Cabanilles

Tiento II de falsas

 

Intabolatura Nova di Balli 1551

Pavana "Fusi" – Passamezzo antoci – Saltarello del Ré

 

Giovanni Picchi

Toccata

 

Giulio Caccini

Amarilli

 

Girolamo Frescobaldi

Toccata undecima

 

II. Johann Jakob Froberger

Lamento sopra la dolorosa perdita della Real Msta di Fernando

Gigue – courante – sarabande

 

Louis Couperin

Passacaille

 

III. Louis Marchand

Prélude

 

Antoine Forqueray

Allemande La Laborde, La Cottin, La Portugaise, La Couperin

 

Louis Marchand

Chaconne

 

Skip Sempé, clavecin

 

Dimanche 19 septembre, 11h, Tour Dauphine, Ambronay.

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Skip Sempé l’imprévisible a encore frappé, modifiant allégrement le programme initialement prévu, en réintroduisant de la musique française, dans la dernière partie de son triptyque. Sous les doigts agiles de l'interprète, le clavecin émet des sonorités colorées, tandis que défilent  contrepoint complexe et diminutions denses. On note en particulier les redoutables ornements que le claveciniste introduit dans les Fantaisies de Santa Maria, ou la Toccata de Picchi, grande pièce où les passages virtuoses abondent au sein d'une écriture originale, avec des chromatismes parfois déroutants. Le Lamento de Froberger se réclame d'une lenteur introspective un brin abstraite, les trilles impeccables troublant le ciel serein d'un climat de douceur alanguie. La Sarabande est moins évocatrice que disserte et allante, la Passacaille de Louis Couperin remarquable de caractère : voici la noble mélodie déconstruite dans une lecture d'une verticalité savante et très ornée, refusant la distanciation claire de la structure à trois temps et des sections contrastée. De même, le Prélude de Louis Marchand permet au musicien de faire parler son instrument sur une tessiture large, avec la même éloquence précieuse. Les pièces plus mélodiques voire pré-galantes de Forqueray répondent à cette même volonté de rhétorique baroque, de démonstration pleine, de surabondance de l'ornement. La Laborde, solide et grave, se dérobe au sourire, la Portugaise bouillonnante et "moderne" renoue avec son caractère transpyrénéen. La Couperin très détachée et sombre, "calme bloc ici bas chu d'un désastre obscur" ne facilité pas à l'auditeur la perception des différentes entrées fuguées.  Et quand retentit la Chaconne conclusive de Marchand, soudain plus légère et aérienne, on se réjouit d'un concert à la fois exigeant, et où l'interprète a fait preuve d'une approche très personnelle, quitte à recouvrir d'un voile austère les arabesques gracieuses de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence.

 

Stéphanie d'Oustrac © Festival d'Ambronay, 2010

"Ferveur & Extases" : L'amour aux 2 visages

 

Marie

Didon

Francesco Cavalli

Canzone

Alessandro Scarlatti

Airs extraits de La Didone Delirante mêlés à des extraits de concertos

Barbara Strozzi

O Maria - Affetti

Michelangelo Faggioli

Didone abbandonata da Enea

Biagio Marini

Sinfonia Primo tuono

Andrea Falconieri

Passacalle

Claudio Monteverdi

Il Pianto della Madonna

Francesco Cavalli

Lamento di Didone (extrait de La Didone)

Biagio Marini

Sinfonia Sesto tuono

Luigi Rossi

Fantaisie Les Pleurs d’Orphée ayant perdu sa femme (extrait de l’Orfeo)

  

Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano

 

Ensemble Amarillis :

Héloïse Gaillard (flûte à bec) ; Alice Piérot, Gilone Gaubert-Jacques (violons) ; Fanny Paccoud (alto) ; Emmanuel Jacques (violoncelle) ; Violaine Cochard (clavecin, orgue positif) ; Richard Myron (violone) ; Monica Pustilnik (archiluth)

 

Direction Héloïse Gaillard, Violaine Cochard. 

 

Dimanche 19 septembre 2010, 17h, Abbatiale d'Ambronay

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Après un passage jubilatoire et décomplexé au Chapiteau pour écouter les chants sardes d'Elena Ledda pleins de passion et de vie, la ferveur et l'extase nous attendent à l'Abbatiale pour l'ultime concert de ce week-end festivalier. Le programme d'Amarillis se construit autour de l'expression de l'amour profane et sacré, grâce à une mise en abîme de la figure mariale et de celle de Didon. On retiendra de cette prestation des timbres instrumentaux soyeux et chatoyant, tels une soierie d'Orient, avec notamment la fusion lumineuse de la flûte à bec d'Héloïse Gaillard, du premier violon d'Alice Piérot et de l'archiluth ductile de Monica Pustilnik et ce dès la première Canzon de Cavalli. Ce climat rond et généreux constitue dès lors un écrin incomparable pour les talents de tragédienne de Stéphanie d'Oustrac, qui livre une interprétation entière et impliquée des pièces vocales. Dès l'O Maria de Strozzi, on admire la projection stupéfiante, la voix pleine, affirmée, puissante, le phrasé lyrique et naturel. Deux moments d'extase ponctuent le concert, planant bien au-dessus des autres morceaux, rabaissant presque le niveau des airs de Scarlatti soudain ravalés à de la musique de divertissement. Il s'agit d'Il Pianto della Madonna de Monteverdi, parodie du Lamento d'Arianna, très déclamatoire et aux chromatismes intenses, et du Lamento de Didon de Cavalli, proprement bluffant dans son incarnation à fleur de peau du destin tragique de la souveraine de Carthage (pas si tragique que cela d'ailleurs, puisque le livret permettra d'adoucir son sort). Rarement le recitar cantando a été porté à ce point d'émotion et d'aisance, d'humanité blessée, de théâtre des émotions. Et le Lamento de  la Didon de Purcell, donné en bis, permet de retenir un moment cette capsule de beauté et de désespoir, de tristesse résignée, de trépas grandiose. En un mot comme en cent : lorsque la musique se fait langage, qu'un silence de plomb s'abat sur la nef après l'évanouissement des dernières notes, que le souvenir de cette Didon hagarde et perdue hante le train du retour, le sublime tend sa main.

Viet-Linh Nguyen

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Vers les autres chroniques de concerts

 

 

 

 

 

Le site officiel du Festival : www.ambronay.org/Festivals/Festival-2010.html (programme, réservations...)

 

Festival d'Ambronay* (10 septembre - 3 octobre 2010, Ambronay)

18 septembre, 17h00, Tour Dauphine Ambronay : Carte blanche aux jeunes ensembles

 

18 septembre, 20h30, Abbatiale Ambronay : "Vivaldi Virtuose", Gemma Bertagnolli (remplace Vivica Genaux), Europa Galante direction Fabio Biondi

 

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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