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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Schubert, Ultimes symphonies, Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
Festival d'Ambronay 2012
Marc Minkiwski © IMG Artists
Franz Schubert (1797–1828) Symphonie no 7 en si mineur « Inachevée » et Symphonie no 8 en ut majeur « La Grande »
Les Musiciens du Louvre Grenoble Direction Marc Minkowski
Dimanche 16 septembre, 17h, abbatiale Notre Muse s’égare encore sur les chemins du romantisme, nous direz-vous : Schubert, maintenant. Nous ne sommes pas spécialistes de ce répertoire, nous ne le nierons pas. Mais quand on a pour guide Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre, peut-on s’égarer ? Voici la preuve que non. Il y a un certain temps déjà que nous connaissions le goût de Marc Minkowski pour le répertoire du XIXe siècle. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, comme Philippe Herreweghe, John Eliot Gardiner, Jos van Immerseel, ou Frans Brüggen (qui a enregistré une intégrale des symphonies de Schubert avec son Orchestra of the Eighteenth Century, oui, eighteenth), il y est entré par une porte dérobée : celle d’Offenbach. Beaucoup ont regardé cette incursion avec une bienveillance teintée de condescendance, alors qu’il faisait miroiter dans les partitions des beautés inattendues et qu’il y est même allé chercher des raretés, comme le flamboyant Concerto pour violoncelle. Mais les Musiciens du Louvre s’étaient tenus jusque-là à l’écart du « grand » répertoire de l’orchestre romantique — si l’on excepte le cas toujours spécial de Berlioz — tandis que ses prédécesseurs sus-cités avaient en premier lieu eu à cœur de faire réentendre ce répertoire autrement. Et nous y voilà. Sans grands manifestes, et sans passer par la case Beethoven, Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre entrent chez Schubert corps et âme : une intégrale paraîtra quelques jours après ce concert. Et à les entendre ce dimanche dans l’abbatiale d’Ambronay, ça promet !
Abbatiale d'Ambronay, stalles du XVe siècle © VLN / Muse Baroque, 2012 L’orchestre est plein de couleurs et de personnalité. L’équilibre, d’abord, est idéal ; rarement on entend ce répertoire avec à la fois une qualité de son dans laquelle on se love avec délice et une clarté de l’écriture qui charme l’entendement. Aucun pupitre ne prend le pas sur les autres : on entend aussi bien les cordes que les bois et les cuivres. Les violons sont brillants et précis sans être cassants ou clinquants, les violoncelles comme les altos sont un appui sûr qui sait se faire entendre (oui, les altos aussi) quand la partition leur donne une belle ligne. Les cors ne tonnent pas, mais chantent. Au début de l’Inachevée, la fusion entre hautbois et clarinette est parfaite. Signalons d’ailleurs le son riche et chaleureux du premier hautbois, Emmanuel Laporte, à qui maintes belles phrases sont confiées comme par prémonition dans les partitions. Et puis il y a cet enthousiasme dans la précision qui est peut-être, avec l’opulence du timbre, une des signatures des Musiciens du Louvre. Marc Minkowski dirige avec raison et sentiment. Il sait ménager la dramaturgie des deux symphonies, choisir ses tempos avec soin — point trop d’empressement dans le premier mouvement de l’Inachevée, par exemple, le rend peut-être plus envoûtant encore. À aucun moment le tempo ne semble aléatoire ou affecté. De l’énergie, il en a aussi, mais il en use avec art pour n’exploser qu’au bon moment — au cataclysme de l’andante con moto de la Grande, par exemple, ou dans l’allegro vivace de cette même symphonie. De la sensibilité, on n’en manque guère — et c’est tant mieux, on parle de Schubert tout de même — mais sans jamais tomber dans la sensiblerie. Tout est d’une évidence et d’un enthousiasme qui parlent au cœur. On a l’impression qu’il n’y avait qu’à se laisser porter par cette musique et cette lecture d’une passion fusionnelle, que Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre ont attrapé le public d’Ambronay à cinq heures de l’après-midi pour ne le reposer à terre qu’après leur office musical quasi-divin accompli. Oui, décidément, on ne s’égare guère avec ces guides-là.
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