Rechercher
- Newsletter
-
Qui sommes-nous ?
-
Espace Presse - FAQ
-
Contacts -
Liens
- |
mise à jour 8 mai 2014
| Chronique Livre Georg Philipp Telemann Autobiographies Ed. Symétrie, 2013
Georg Philipp TELEMANN Autobiographies Textes traduits et présentés par Gabrielle Marcq Symétrie, 2013. ISBN 978-2-914373-90-6, 11 x 18 cm, broché, 96 pages, prix public TTC : 9,50 € « L’Histoire est la plus partiale des sciences. Quand elle s’éprend d’un homme, elle l’aime jalousement, elle ne veut plus entendre parler des autres. Du jour où a été reconnue la grandeur de J.S. Bach, tout ce qui était grand de son temps est devenu moins que rien. (…) Les autres [musiciens] sont rentrés dans la poussière, et plus que tout autre Telemann, à qui la postérité a fait payer l’insolente victoire que, vivant, il remporta sur J.S. Bach. Cet homme, dont la musique était admirée dans tous les pays d’Europe, depuis la France jusqu’à la Russie, et que Schubert appelait “le Maître sans égal”, que le sévère Mattheson déclarait le seul musicien qui fût au-dessus de l’éloge, est aujourd’hui oublié, dédaigné. On ne cherche même pas à le connaître. » Romain Rolland Le Voyage musical au pays du passé.
Il s’agit en fait de textes écrits par Telemann pour des dictionnaires et autres ouvrages encyclopédiques : en 1731, la Große Generalbaßschule de Mattheson proposait une biographie datée de 1718, et accompagnée d’une « Lettre à M. Mattheson » qui offre un commentaire de cette brève autobiographie ; en 1732, une courte biographie de Telemann rédigée par lui-même mais publiée à la troisième personne paraît dans le Musicalisches Lexicon de Johann Gottfried Walther ; le dernier texte enfin, le plus détaillé, date de 1740, et a été rédigé pour un autre ouvrage de Mattheson, Grundlage einer Ehrenpforte. De ces trois textes, Gabrielle Marcq offre une traduction élégante, sans fioritures — sans doute en cela assez conforme au style des originaux —, d’une parfaite fluidité. La préface est claire, les annexes intéressantes. Cependant, on peut regretter plusieurs détails. D’abord, comme la « Lettre à M. Mattheson » contient nombre de petits poèmes, il aurait sans doute été agréable d’en goûter le texte original dans une édition en bilingue — détail de connaisseur, sans doute. On pourrait également souhaiter davantage de détails dans les notes ; par exemple, quand Telemann liste ses œuvres, il serait agréable de trouver des concordances avec les titres identifiés et les numéros de catalogue TWV ; il serait aussi plaisant, en dehors des listes, que des allusions à des pièces soient élucidées : tout lecteur ne sait peut-être pas, par exemple, à quelles pièces Telemann se réfère lorsqu’il évoque « divers concertos grosso et trios dans ce style [polonais] que j’ai habillé d’un costume italien avec adagios et allegros alternés » (p. 50), ou que la « symphonie humoristique sur la chanson à la mode du père Barnabas » (p. 60) est malheureusement perdue… Enfin, peut-être aurait-il été agréable de trouver en fin de volume une chronologie.
Portrait de Telemann, gravure anonyme - D.R. Néanmoins, l’ouvrage nous permet un accès direct à des textes de première main et de première importance — en particulier l’autobiographie de 1740. Il ne faut pas s’attendre à un texte très personnel, bien sûr, mais on y perçoit un peu l’homme derrière sa musique, et on saisit quelques-unes de ses sources d’inspiration. Il s’agit sans doute d’une étape importante importante pour faire reculer la méconnaissance de Telemann. Espérons maintenant, d’une part que les musiciens et programmateurs feront la part belle à sa musique qui demande encore, surtout en France, à être traitée avec les honneurs qu’elle mérite, et d’autre part, du côté des éditeurs, souhaitons qu’un volume de lettres — Telemann a correspondu avec bien d’autres compositeurs, Händel en tête, Graun aussi, et parfois sur des sujets de fonds, d’autre fois plus intimement… — suivra.
Lire aussi :
|
Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
|