1/
Arrêter de jouer faux en prétendant qu'il s'agit d'un superbe son grainé
d'époque avec des problèmes d'intonation authentiques qui en font toute la
saveur d'un whisky 278 ans d'âge.
2/
Ne pas étaler sa science musicologique en jouant sur des violones,
des sakbout, des viols de jambes, des luttes, des mini-guitares et autres
instruments arriérés alors même que les forces du Progrès et la marche de
l'Histoire ont su produire des successeurs aux possibilités infiniment plus
audacieuses tel le synthétiseur.
3/
Brûler la collection d'autographes de sa femme, qui collectionne les signatures
de chanteurs aphones qui se prennent pour des castrats sans en avoir les moyens,
ou plutôt qui possèdent des moyens ce qui n'en fait pas des castrats... enfin...
bref, quoi.
4/
Dire à Giorgio le pizzaiolo d'arrêter de mettre Spinosi, Alessandrini ou Biondi
en fond musical dans le restaurant du quartier tandis qu'il cuisine : comme il
ne peut s'empêcher de suivre les nuances cyclothymiques des chefs, les plats ne
sont qu'à moitié cuits. "O sole mio", c'est tout aussi méridional, et moins
dangereux culinairement parlant.
5/ Ne
pas chercher à comprendre pourquoi il y a une double numérotation du catalogue
de Bach, en BWV et en K, en Schmeider ou Zwang.
Encore de l'esbroufe de
chercheurs qui ne savent pas prononcer l'allemand, car il est bien plus
trendy en ville de demander à son adorable voisine de concert "Quel K préférez-vous ?
Moi je trouve le K 18 tellement chou !" "La K 18 ? Ah, la BWV 163 voulez-vous
dire... moui, c'est pas mal, mais je craaaaque pour la 179 !" alors qu'on
pourrait écorcher en toute simplicité le "Siehe zu, dass deine Gottesfurcht
nicht Heuchelei sei".
6/
Assumer son admiration pour des enregistrements prohibés par la nouvelle police
de la pensée baroque et que les éditeurs cachent honteusement dans leurs
archives. Kirsten Flagstad en Didon en 1952, ça avait quand même de la gueule !
7/ Pirater le site de Muse Baroque afin de faire tourner en boucle sur la
page d'accueil un clip vidéo du regretté M. Jackson, et supplicier les
rédacteurs talentueux mais sectaires de cette organisation rétrograde en place
publique par l'obligation d'assister sans dormir à l'intégralité du Ring.
8/ Laisser les enfants à l'école, plutôt que les rafler pour s'époumoner dans
des chœurs outre-rhin ou outre-manche aux noms imprononçables, gâchant leur jeunesse par une mortification
musicale damnable et justement peu musicale.
9/ Respecter un instant la partition quand il y en a une. Ou alors refaire sa
carrière du côté du jazz, après tout, le saxo, c'est une sacqueboute qui a
patiné, n'est-il pas ?
10/ Etre tout de même ouvert d'esprit et accepter que le clavecin ne soit pas uniquement une
sorte de console asymétrique décorée d'un dessus de porte posé en biais.
Conclusion : Si vous souscrivez à ces quelques "bonnes" résolutions, nous vous invitons
à prendre la porte ci-dessous (d'ailleurs fort belle puisqu'il s'agit de celle
du Temple de Romulus du Forum Romain avec des vantaux et d'admirables colonnes
en porphyre du IVème siècle, donc finalement, veuillez la laisser in situ)

Temple de Romulus sur le Forum romain © Muse Baroque, 2009
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Les 10 bonnes
résolutions d'un baroqueux