Extrait du carnet du metteur en scène Olaf van Radmussen

Poppée, c'est la femme fatale. Là, on est au début, dans l'acte I, scène 3 du manuscrit de Naples. Néron s'en va, on imagine que les amants ont passé la nuit ensemble. Et Poppée supplie l'Empereur de ne pas l'abandonner et de répudier Octavie, l'impératrice : "Signor, deh non partire" . Et si elle n'était pas aussi attirante, il n'aurait pas cédé.

Donc, je me suis plongé dans les revues de mode. Aujourd'hui, c'est un peu trop explicite pour le texte. En même temps, le coup des tuniques romaines transparentes ou des nuisettes a déjà été fait. C'est "cheap".

Je vois donc une mise en scène qui se déroulerai dans les années 30-40, avec la montée du fascisme. Nicholas Joël a eu la même idée à Toulouse en avril 2006, et je crois que c'était une réussite. J'aimerais aller encore plus loin dans le "côté obscur" de l'Empire.

Ici, Poppée porte un chemisier à col large, une jupe en laine à motifs en carreaux à l'écossaise, ceinture en cuir rouge, et béret rouge. Cela suggère une femme libérée - cheveux au vent - peut-être avec des sympathies communistes. Et là, c'est particulièrement subtil puisque son ambition cache ainsi des motifs plus nobles. Je me suis inspiré d'un bande-dessinée que j'apprécie pour sa mise en couleur : le Vol du Corbeau de Gibrat.