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Louis XIV perd ses boutons, Marie-Antoinette ses boucles d’oreille (vol des joyaux de la Couronne)

“Après l’esprit de discernement, ce qu’il y a au monde de plus rare, ce sont les diamants et les perles.”
(La Bruyère, Les Caractères)

parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la Reine Hortense conservés au Musée du Louvre, dérobés le 19 octobre 2025 – Cliché Wikimedia Commons

Huit mois après que le Président – qui avait fêté sa première élection devant la Pyramide – eut dévoilé son grand dessein du Louvre, celui d’établir une entrée côté Colonnade, des argousins soi-disant astucieux et bien renseignés (qui ont surtout pu bénéficier de la négligence crasse du musée, garant un utilitaire à contresens, montant une nacelle sans se faire repérer, brisant des vitres blindées (?) sans soucis et avec une alarme peut-être défectueuse), utilisaient ladite nacelle et deux disqueuses pour dérober, en un tournemain, dans la Galerie d’Apollon, pendant les heures d’ouverture du musée, plusieurs pièces exceptionnelles des rares joyaux de la Couronne encore parvenus jusqu’à nous après les dispersions révolutionnaires, et le fameux siphonnage de septembre 1792 au Garde-Meuble royal (actuel Hôtel de la Marine).

Apparemment, rien de notre période de prédilection n’a été volé et peut-être s’agit-il de la commande d’un collectionneur Empire ? Selon les sources officielles, les malfrats seraient repartis avec un diadème, un collier (8 saphirs et de 631 diamants) et des boucles d’oreilles issues d’une paire, tous issus de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la Reine Hortense, un collier en émeraudes (32 émeraudes et de 1 138 diamants) et une paire de boucles d’oreilles en émeraudes de la parure de Marie-Louise, une broche reliquaire de 1855, un diadème (2000 diamants) et un grand nœud de corsage de l’impératrice Eugénie, dont la couronne a été abîmée et abandonnée lors de la fuite des voleurs.

Mais, comme le souligne le président de l’association Sites et Monuments, la broche reliquaire comporte des pierres plus anciennes : “les diamants agencés en ailes de papillon sous le Second Empire par le joaillier Bapts sont les Mazarin no 17 et 18 (legs fait à Louis XIV par son ministre), tandis que le gros diamant, au centre, était le quatrième bouton du justaucorps de Louis XIV, avant d’être utilisé comme boucle d’oreille par Marie-Antoinette. Soit un petit résumé de l’histoire de France.” La fiche inventaire du Louvre consultable ici, mentionne quant à elle que ce sont les deux diamants, 17e et 18e Mazarins, qui  furent utilisés par Louis XIV comme boutons de justaucorps. Ces diamants de la couronne sont les plus anciens que le musée du Louvre avait conservés, comme le souligne à nos confrères du Point Anne Dion-Tenenbaum, conservatrice en chef des objets d’art du Louvre, auteur d’un ouvrage sur Les diamants de la Couronne (Louvre-Faton). Ils furent remontés sur ce bijou dit “reliquaire” à l’occasion de l’exposition universelle de 1855. Quoi qu’il en soit, espérons que ces pièces – invendables et irremplaçables – ne seront pas dépecées et reverrons le dieu de la poésie et de la lumière.  [V-L.N.]

 

 

Étiquettes : Dernière modification: 21 octobre 2025
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