Rédigé par 16 h 42 min Patrimoine, Vagabondages

Addendum : ceci n’est pas le Louvre de 1627 (les Trois Mousquetaires, Bourboulon)

 

Première image de la 2ème bande-annonce des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon (2023)

Nous avons reçus quelques réactions amusées, suite à notre critique sévère du film des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon. Certaines nous appellent à la clémence face à un divertissement familial qui n’a aucune prétention à l’exactitude historique, ce qui n’est pas faux. D’autres nous demandent à l’inverse à quoi aurait dû ressembler le Louvre en 1627, et si un coup de ripolin numérique aurait été aisé. Au vu des moyens engagés pour ce film, nous pensons que cela aurait été une vétille comparés aux ferrets de diamants du cachet des acteurs. En revanche, outre la complication supplémentaire pour une production qui ne s’en embarrasse guère, force est d’avouer que l’aspect du Louvre de 1627, qu’on connaît très bien par les dessins d’architecture et les gravures postérieures d’Israël Silvestre notamment, n’est pas très régulier, et tangente le patchwork disgracieux… 

Car si vous voyez-ci-dessus la belle Cour Carrée actuelle, il aurait fallu la remplacer par… l’absence de cour, et de carré, même si le jardin du bord de l’eau aurait pu faire un fort joli décor, de même que la Petite Galerie entreprise du temps des derniers Valois puis terminée sous Henri IV.

Reconstitution du Louvre en 1643 extraite de G. Fonkenell, le Louvre, le palais à travers les siècles, Louvre éditions / Honoré Clair, 2018.

Vers 1627, époque qui nous préoccupe donc, le Louvre offrait ce curieux mélange très peu homogène restitué ci-dessus avec des travaux trop avancés du côté de l’Aile et du Pavillon Lemercier (la restitution est celle de l’état en 1643, au décès de Louis XIII). Du côté de la Seine, le Pavillon du Roi avait une façade sévère, la Petite Galerie dénotait un style plus orné, tandis que la façade orientale, tombant en ruine, continuait d’être le témoin d’un Louvre médiéval bientôt démoli. La cour carrée n’existait pas, du fait de la persistance de ces vestiges de la forteresse.

Israël Silvestre, Veuë du Louvre par dedans le Bastiment neuf, gravure à l’eau-forte (1652), avec l’aimable autorisation de M. Fabien de Silvestre

Le Pavillon de Beauvais (tirant son nom de la rue disparue, pendant du Pavillon du Roi, flèche en haut à gauche), ne fut terminé qu’en 1642. L’Aile Lemercier (deuxième flèche en partant de la gauche) et le fameux Pavillon dit aujourd’hui de l’Horloge (3ème flèche en partant de la gauche) ne furent terminés qu’en 1642. Du côté du Quai, la galerie-orangerie bâtie par Clément Métézeau, achevée en 1622 (flèche du haut à droite), longue de 21 fenêtres et reposant sur les soubassements du mur de Charles V, permettait à la fois d’abriter les végétaux du gel mais aussi de bénéficier d’une terrasse avec vue sur la Seine. [V.L.N.]

 

Louis XIII “adoubant” d’Artagnan lieutenant des mousquetaires dans une Cour Carrée hautement improbable © Ben King / Pathé

 

En savoir plus :

  • G. Fonkenell, le Louvre, Le palais à travers les siècles, Louvre éditions / Honoré Clair, 2018.
  • Sauvel Tony. Le Mercier et la construction du Pavillon de l’Horloge. In: Bulletin Monumental, tome 124, n°3, année 1966. pp. 243-257. DOI : https://doi.org/10.3406/bulmo.1966.4253 www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1966_num_124_3_4253

  • L. Hautecoeur, Le Louvre et les Tuileries de Louis XIV, Librairie nationale d’art et d’histoire G. Van Oest éditeur, 1927.

 

Étiquettes : , , Dernière modification: 1 mai 2023
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