Pour cette édition 2025, la Muse vous propose une petite sélection d’ouvertures exceptionnelles, avec des lieux rarement visités et encore moins connus. Nous avons volontairement délaissé un tropisme par trop parisien (même si les habitants de la capitale auront noté sur leurs tablettes un concert d’orgue en l’honneur de Couperin à Saint-Gervais). Voici donc une petite sélection, avec de l’architecture tant religieuse que profane, à déguster sans modération. Attention certains accès se font uniquement sur réservation et les jauges sont petitement contées, comme pour suivre le Roi à Marly. [M.B.]
Un hôtel si particulier… (Hôtel de Longvilliers, Montreuil-sur-Mer)

© Manon Herdier
A Montreuil-sur-Mer, au 6 rue de la Chaîne, le sous-préfet vous ouvrira les portes de sa résidence. Construit en 1752 l’hôtel de Longvilliers, construit pour le marquis Antoine Berne de Longvilliers, se caractérise par une rare façade curviligne. Hélas, l’alternance des bandeaux de pierre blanche et des briques a disparu sous de l’enduit.
La Renaissance en renaissance (église Notre-Dame, Hesdin)

Notre-Dame d’Hesdin – Source Wikipedia Commons
1553, sur ordre de Charles Quint, table rase. Mais la ville d’Hesdin migre et se remet de ce coup du sort, et une nouvelle ville, et nouvelle église sort de terre à compter de juin 1565, elle sera ouverte au culte 3 ans plus tard. L’édifice, de brique et pierre, connaît une certaine célébrité, il est peint parmi les gouaches de Charles de Croÿ. Il sera constamment remanié au cours jusqu’au début du XVIIIème siècle. Pour les Journées du patrimoine, une visite commentée du chantier de restauration en cours permettra d’en redécouvrir tant l’histoire que l’architecture, mélange de Renaissance (superbe portail) mais aussi de gothique tardif (la flèche).
La fontaine, Fénélon & Bossuet (Séminaire de Saint-Sulpice, Issy-Les-Moulineaux)

Plafond du nymphée du séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine, France) – Wikipedia Commons
Ah, certes, les lieux ont bien changé, et des bâtiments du Grand Siècle il ne subsiste plus grand chose parmi ces constructions de la fin du XIXème, quoique… les connaisseurs pourraient admirer le passage voûté aménagé vers 1599 (le “tunnel”), le fameux nymphée d’inspiration italienne où auraient eu lieu des débats entre Fénelon et Bossuet en 1694-1695 lors des fameuses « Conférences d’Issy » sur le quiétisme réunissant Bossuet, Fénelon & le cardinal de Noailles et M. Tronson (Supérieur Général de St Sulpice). Niché dans un petit bâtiment carré, il est pourvu d’une voûte trapézoïdale ornée de rocailles, d’innombrables coquillages et de diverses pierres, représentant des figures marines (sirènes, oiseaux aquatiques) encadrées de guirlandes ornementales. Précédant même la fameuse Grotte de Thétys versaillaise qu’on ne connaît plus que par des restitutions 3D ou des gravures, ce nymphée baroque constitue l’un des rares premiers édifices de ce genre venu d’Italie, où la Renaissance les avait remis au goût du jour, comme à la Villa Giulia (sans mentionner les extraordinaires exemples antiques comme le Nymphée d’Annibaldis). Vous pourrez aussi vous délasser dans un jardin à la française où subsiste un bassin circulaire du XVIIIe siècle.
Bien Loti (Hôtel d’Amblimont, Rochefort)

© Musée de la Marine
Rochefort. Dès la première moitié du XVIIIe siècle, émerge l’idée de construire un logement totalement dédié aux ingénieurs. Le premier projet prévoit la création d’un nouvel hôtel particulier, mitoyen de l’hôtel de Cheusses où loge le Commandant, et absorbant totalement son aile Sud où les ingénieurs étaient déjà abrités. Mais ce dernier résiste à l’amputation de son hôtel et finalement l’on bâtira un second hôtel totalement hermétique au premier, d’uns sobriété fonctionnelle (corps de logis encadré par deux ailes en retour en U, le jardin donne sur l’arsenal). mais les ingénieurs seront chassés par l’ingénue. En 1762, Louis XV offre cet hôtel particulier à Marie-Anne de Chaumont-Quitry, comtesse d’Amblimont, dame de compagnie de Mme de Pompadour, qui paraît-il ne céda pas aux avances du souverain tout en empochant bijoux, appartement parisien, pension royale, et maison des ingénieurs. Pour l’anecdote, Julien Viaud, alias Pierre Loti y travailla car l’hôtel retrouva des fonctions militaires après 1817. [VL.N]
Étiquettes : architecture, fontaines, patrimoine Dernière modification: 19 septembre 2025