Rédigé par 13 h 25 min Actualités, Brèves

La Samaritaine en réalité augmentée

“Le son de la pompe qui grince est aussi nécessaire que la musique des sphères.” (Henri David Thoreau)

Il ne faut jamais lire trop vite… Tout à notre joie d’ouvrir un message intitulé “Snapchat réinvente la façade historique de la Samaritaine grâce à la réalité augmentée”, nous imaginions déjà une improbable restitution virtuelle du bâtiment construit par Robert de Cotte entre 1712 et 1719, et restauré par Soufflot et Gabriel en 1771 en en conservant heureusement le caractère exubérant. Après tout, le jeu Assassin’s Creed n’avait-il pas reconstitué une partie du Paris à la veille de la Révolution, notamment le quartier des Halles ?  Hélas la déconvenue est là, et cette expérience de réalité augmentée ajoute montagnes russes, grande roue, manèges et montgolfières et autres accessoires de fête foraine “tous plus réalistes les uns que les autres” (sic) sur la façade du grand magasin, ce qui sort tout à fait de notre champ de couverture.

Nicolas Jean-Baptiste Raguenet, Le Pont-Neuf et la pompe de la Samaritaine (1777), huile sur toile, détail – cliché Muse Baroque, 2023, conservé au Musée Carnavalet, Paris.

Alors, on se reprend tout de même à compulser quelques vieux grimoires, et à se remémorer son carillon qui rythmait la vie des Riverains. Sur un pavillon à pilotis accolé au Pont-Neuf, l’ingénieur flamand Jean Lintlaër construisit une pompe vers 1605-1608 à la demande d’Henri IV, pour l’alimentation en eau du Louvre et des Tuileries. sur la façade qui était dotée d’une horloge et d’une fontaine très rocaille encadré par un groupe sculpté et doré représentant le Christ et la Samaritaine dû à Bernard et René Frémin, ce qui lui valut sa dénomination populaire “La Samaritaine” qui ne subsiste aujourd’hui plus que dans le grand magasin. Ce n’était pas la seule pompe de ce genre, le Pont Notre-Dame abritait quand à lui depuis 1676 un autre ouvrage hydraulique dédié aux fontaines de la capitale et dont il subsiste même des photographies car elle subsista jusqu’en 1861. Malheureusement, elle n’était pas enchâssée dans un joli écrin comme la Samaritaine, dont la destination royale autorisait ce luxe de dépense. 

Pour les amateurs de curiosités, une incongrue maquette baromètre-horloge reproduisant avec une exactitude de bonbonnière le bâtiment (on dispose aussi des plans de Robert de Cotte pour le vérifier) est exposée au Musée Carnavalet.  Il s’agit de l’un des deux exemplaires commandés par le comte d’Artois, pour être offerts en cadeau à son épouse et à Marie-Antoinette, alors Dauphine. [V-L.N]

Pasquier (mécanicien), Robert Robin (horloger) & Bourrin (baromètre), Maquette de la Pompe de la Samaritaine (vers 1772). Cliché Muse Baroque, 2023. Conservé au Musée Carnavalet, Paris.

Étiquettes : , Dernière modification: 13 juillet 2023
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