Monteverdi, Madrigali Amorosi, Les Arts Florissants, dir. Paul Agnew – Philharmonie de Paris, 18 mai 2015
L’œuvre de Monteverdi (1567-1643) n’a nul besoin d’éloges pour se laisser apprécier, et ses madrigaux constituent une acmé reconnue de la musique polyphonique européenne de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle. Mais les replacer dans la perspective du demi-siècle séparant la parution du premier livre (1587) du huitième (1638) et dernier du vivant du compositeur (un neuvième livre paraissant de manière posthume en 1651) permet en outre de mesurer la profonde évolution de la composition musicale à cette époque…
A la recherche du fil d’Ariane (Canti d’amor, Monteverdi, Athénée-Louis Jouvet, 26/09/2014)
Les musiciens de l’Ensemble du Muziektheater Transparant livrent, sous la baguette de Nicolas Achten, une interprétation sensible des jeux amoureux. Ils respectent les voix, et après un début parfois hésitant, trouvent une unité qui rend avec justesse la pureté des madrigaux.
La magie de la technique …(Cantate Deo, Marco Beasley, Guido Morini, Accordone – Alpha)
Marco Beasley et Guido Morini marquent ici un événement « atypique », particulier sur le plan musical. Grâce à la technique dite du réenregistrement, le ténor Marco Beasley interprète seul les parties vocales, en principe chantées à deux voix distinctes. Cette technique a été notamment utilisée en musique classique par Aldo Ciccolini dans sa première intégrale des œuvres pour piano à 4 mains d’Erik Satie.
Monteverdi aux anges ! (Monteverdi, Vespro della Beata Vergine, Cappella Mediterranea, Ambronay ed.)
Il est des œuvres qui demeurent des monuments, hiératiques, sublimes et dont le mystère ne se transperce qu’à travers le génie ou la ruse. Mais il est aussi des interprètes, des équipes d’exception qui peuvent aborder ces monuments par la délicatesse et l’humilité.
Aux sources (Monteverdi, L’Orfeo, Taverner Consort, Parrott – Avie)
C’est un Orfeo remarquablement subtil, raffiné et érudit qu’Andrew Parrott nous convie. Un Orfeo homogène et doux, pastel et lumineux, nimbé de l’éclat de la Renaissance. Si l’on veut situer cette approche à l’emporte-pièce, on la dira totalement opposée aux visions musclées et opératiques à la Haïm (Virgin), ou à la luxuriance triomphante d’un Harnoncourt ou d’un Jacobs.
Orfeo incontestablement humain … (Monteverdi, Orfeo, Les Talens Lyriques, Rousset – Nancy, 12/01/2013)
L’Orfeo de Monterverdi marque un tournant dans l’histoire de la musique, conçu à une période charnière qui symbolisera la frontière entre le style de la fin de Renaissance et celui du début du Baroque avec la naissance de l’opéra…
“Remember me, but don’t remember my fate”
Danielle de Niese, la soprano qui danse, ce fut pour beaucoup la Cléopâtre de Glyndebourne, mélange détonnant de sensualité, d’innocence et de rouerie. Dans la même veine, la femme fatale récidiva dans un Couronnement de Poppée sous la baguette d’Emmanuelle Haïm (Decca).
Rendez-nous les antiennes !
La surprise est de taille : l’intégralité des Vêpres à la Vierge de Monteverdi contenues, contraintes, comprimées, retenues dans un CD simple. On se frotte les yeux en se demandant d’abord si la technologie du CD n’a pas fait un bond pour l’humanité ou si Christina Pluhar ne s’est pas laissé aller à des coupes franches par rapport à l’édition de Venise, dédiée à Paul V en 1610…
« La musique militaire est à la musique (…) »
Qui n’a jamais entendu la fameuse marche des Gonzague, que ce soit dans la martiale Toccata introductive de l’Orfeo de Monteverdi, ou son adaptation dans le premier chœur de ses Vêpres à la Vierge ? Cette Toccata de l’Orfeo, qui s’apparente à une fanfare militaire, est remarquable à double titre.
La voix chez Monteverdi
Cet article a fait l’objet d’une parution dans Monteverdi, L’Orfeo, L’Avant-Scène – Opéra, Sept-octobre 1976, pp. 78-82. Il est reproduit ici avec l’aimable autorisation de M. Mauro Uberti. Seul le titre général La voix chez Monteverdi a été ajouté par nos soins.
Entretien avec Jérôme Corréas, directeur musical des Paladins
Entretien avec Jérôme Corréas, directeur musical des Paladins, autour du Couronnement de Poppée de Monteverdi. L’année 2010 a décidément bien débuté, avec un Couronnement de Poppée théâtral et sensible créé à Saint-Denis dont nous vous avions rendu-compte le mois dernier. Jérôme Corréas, claveciniste, chanteur et chef intrépides des Paladins, a accepté de répondre à nos multiples interrogations, autour de l’irrésistible ascension de l’intrigante, ultime et complexe opéra d’un Monteverdi vieillissant qui disparaîtra un an après…
Orfeo ou la régénération (Monteverdi, Orfeo, Les Arts Florissants, Christie – DVD Dynamic)
Inscrit à l’origine de la musique occidentale, le symbolisme de la gamme est la base de toute représentation musicale. L’Orfeo de Monteverdi, alpha de la musique représentative moderne, jongle avec les symboles qui ont été expliqués par Chailley et Viret dans leur thèse. La gamme musicale telle que nous la connaissons est inspirée par un hymne latin carolingien de Paul Warnefriend pour Saint Jean-Baptiste, Ut Quaent Laxis.
Rendez-moi Ledroit
Avec ce CD s’achève la réédition des enregistrements d’Henri Ledroit chez Ricercar, et cette critique est presque inutile, car elle ne sera pas lue. En effet, les admirateurs du regretté contre-ténor se jetteront sur cette nouvelle parution – à moins qu’ils ne possèdent déjà ces pièces dans d’autres anciennes éditions – sans se poser plus d’interrogations.
Trop aristocratique…
Il existe de ces petites blagues de très nombreuses versions au disque. La plus récente, sous la direction de Christina Pluhar en compagnie de Philippe Jaroussky et Nuria Rial a reçu un accueil parfois mitigé de la critique en raison de son côté jazzy très marqué et très original (Virgin). Celle de La Venexiana est un peu plus neutre, plus orthodoxe. Claudio Cavina revendique toutefois cette idée de musique légère associée à ces canzonette.
De l’art du Madrigal, au féminin
Formée par les soins de Francesco Cavalli, Barbara Strozzi grandit en la république de Venise et prit part dès sa jeunesse à l’activité musicale de la cité. Son père, Giulio Strozzi, fut un des poètes les plus apprécié de son temps – Monteverdi lui commanda deux livrets d’opéra – et fonda en 1637 une académie rattachée à la plus célèbre Accademia degli Incogniti.
Sons et lumières
Le titre est joliment choisi, la jaquette superbe, puisqu’on reconnaît Les Musiciens du Caravage, exposé au Met de New York. Pourtant, cette sélection de sonates, madrigaux ou canzoni porte mal son nom puisqu’on y trouvera plus de lumière que d’ombre, plus de couleurs que d’obscurité.
Monteverdi, cheek to cheek
Avril 2009. Voilà un enregistrement qu’on aime ou qu’on quitte. Un enregistrement qui flirte allégrement avec le jazz, qui use et abuse des syncopes et d’une attitude nonchalante et détendue. Où l’Italie du XVIIème siècle s’oublie dans les cabarets d’outre-Atlantique. Cette vision, qui nous avait seulement partiellement convaincus en concert, réussit étonnamment son passage au disque, sur un théâtre d’amour d’une rare finesse, où la poésie affleure, et où il fait bon skater.
“Il y a un temps pour tout, un temps de pleurer, un temps de rire, un temps à se lamenter et un temps de danser.” (L’Ecclesiaste)
“Lamenti” Francesco Cavalli (1602-1676) L’Egisto : “D’Hipparco e di Climene ospiti miei” (8) La Didone...