Récital Joyce DiDonato
Il Complesso Barrocco,
violon et direction musicale Dmitry Sinkovsky
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[TG name = « Liste des airs »]
Sinfonia, musique de ballet, concerto et airs d’opéra extraits des œuvres de Giuseppe Maria Orlandini (1676-1760), Giovanni Porta (1675-1755), George Frédéric Haendel (1685-1759), Johann Adolf Hasse (1699-1783), Antonio Cesti (1623-1669), Claudio Monteverdi (1576-1643), Geminiano Giacomelli (1692-1740), Domenico Scarlatti (1685-1757), Antonio Vivaldi (1678-1741), Christoph Wilibald Ritter Von Gluck (1714-1781) .
Orontea : Intorno all’idol mio de Pietro Antonio Cesti
Tolomeo ed Alessandro : Sinfonia de Domenico Scarlatti
L’Incoronazione di Poppea : Disprezzata Regina de Claudio Monteverdi
Merope : Sposa son disprezzata de Geminiano Giacomelli
Concerto pour violon et cordes , RV 242 de Vivaldi
Berenice : Da torbida procella de Giuseppe Maria Orlandini
Antonio e Cleopatra : Morte col fiero aspetto de Johann Adolf Hasse
Giulio Cesare in Egitto, opera, HWV 17 : Piangero la sorte mia… de George Frédéric Haendel
Ifigenia: Madre diletta, abbracciami de Giovanni Porta
Armide, musique de Ballet de Gluck
Alessandro, HWV 21 : Brilla nell’ alma un non inteso ancor de George Frédéric Haendel
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Joyce Di Donato, mezzo soprano
Il Complesso Barocco
Violon et direction musicale : Dmitry Sinkovsky
4 mars 2013, Toulouse, Théâtre du Capitole.[clear]
Et si Joyce Di Donato était devenue la plus grande diva ? Si vraiment elle brillait bien au-dessus de ses consœurs mezzo et même soprano ? Le CD Drama Queens (Virgin Classics) nous avait enchanté et nous l’ avions écrit. Impossible de réécrire tout le bien que nous pensons de cette technique souveraine, ces choix musicaux captivants, ce timbre ensorcelant, ces nuances et ces couleurs de caméléon. Tout ce qui s’ entendait au disque est la sur scène dans une perfection vocale totale. Ce qui frappe lors de ce concert est une intelligence scénique hors du commun. Quand d’autres minaudent, frisent le mauvais goût avec des costumes outrageusement voyants ou sans imagination chantent leur récital comme sur le CD et dans l’ordre, Joyce Di Donato invite tout un théâtre baroque en quelques gestes, un aménagement de sa robe, et surtout un appui sur les mots du textes compris et rendus intelligibles à tous. Oui ces reines, magiciennes et princesses prennent vie sous nos yeux et touchent nos cœurs. Tout est démesuré. Il y bien trop de sentiments divers, ils sont trop forts, trop vastes pour être vécus par un seul être humain. Mais Joyce Di Donato qui s’en est expliquée dans le programme accepte de jouer le jeu du catharsis salvateur. Elle incarne à merveille la fureur, la peine, la joie, la vengeance, la haine ou l’abnégation avec chaque personnage royal. Les gestes de la diva sont beaux, tragiques, haineux ou désespérés mais toujours élégants.
La magnifique robe rouge permet de beaux effets avec des manches somptueuses ou des bras nus et une robe à panier pour la deuxième partie lorsque le langage se fait plus classique que baroque. Car l’ordre du concert est passionnant, plus chronologique que dans le CD. Les pages instrumentales intercalées sont bienvenues avec des instrumentistes d’Il Complesso Barocco d’une magnifique virtuosité que la diva écoute avec gourmandise n’hésitant pas à danser sur place approuvant tempi et nuances. La présence de Joyce Di Donato ouvre un plus vaste théâtre que le CD mais l’orchestre lui aussi prend une place exacte. Évitant la présence envahissante du clavecin lors de l’enregistrement, les musiciens jouent debout ; ils s’engagent bien davantage et cela s’ entend ! Il est probable que le caractère passionné et bouillonnant du premier violon, Dmitry Sinkovsky, la générosité de son jeu conviennent mieux que la direction plus raide d’Alan Curtis.[clear]
[clear]Tout au long du programme la souplesse a été totale : chef, musiciens et cantatrice semblant par moments prendre des risques assumés afin de rendre les partitions encore plus vivantes et troublantes. La scène et le concert seront toujours plus enthousiasmants que le plus beau des enregistrements. Le public exigeant du Capitole, qui a une vraie culture des voix, a su reconnaître la musicalité et la perfection vocale de Joyce Di Donato. Les applaudissements et les vivats ont été particulièrement enthousiastes. Les trois bis offerts ont permis de retrouver les airs les plus rares du récital. Avec comme moment à la fois magique et édifiant l’aria rarissime de Reinhard Keiser, lascami piangere e poi morire. Ces simples mots répétés sans fin sur un rythme hypnotique de sicilienne, avec des nuances et des couleurs innombrables, prouvent combien le pouvoir de la musique est plus grand que tout autre art. Les messa di voce, les trilles, les respirations, les aigus planants : tout l’art du chant le plus beau a permis à l’émotion de diffuser.
Une des qualités que le concert permet d’apprécier – car lors des enregistrements la chose est parfois « arrangée » – est la parfaite homogénéité des registres sur un ambigu de deux octaves. La voix sonne belle et sans efforts quelles que soient les notes. Certes le grave et le médium sonores signent la voix de mezzo mais la pureté des aigus feront se pâmer plus d’une soprano. Le répertoire de Joyce Di Donato semble particulièrement large avec de telles qualités de timbre et de puissance en réserve.
Le théâtre du Capitole à l’acoustique parfaite pour la voix soliste a été un écrin idéal pour ce concert parfait. Pour sa première apparition à Toulouse Joyce Di Donato à conquis le public du Capitole. Même ses mots en français pour présenter les bis avec beaucoup d’esprit, ont été un délice avec des pointes d’humour bien venues après ce théâtre si riche en émotions puissantes.
Une très grande artiste qui est à son zénith entre baroque et classique aussi belle que généreuse offre une tournée de concerts à ne pas manquer. Sa classe et son élégance sont uniques !
Hubert Stoecklin
Site officiel de Joyce Di Donato
Site officiel du Théâtre du Capitole