Rédigé par 0 h 24 min Littérature & Beaux-arts, Regards

La chant des anges : du motet flamand chez le Caravage

Dans le magnifique Palais Doria Pamphili, à Rome, parmi les corridors de merveilles (accompagnées d’un commentaire d’audioguide autrefois pompeux du descendant de la famille autocélébrant la sûreté du goût de ses aïeux), se trouve un Caravage assez large, daté des années 1595-97. Il s’agit du Repos pendant la Fuite d’Egypte acquis dès le XVIIème siècle par les Pamphili, comme en atteste un témoignage de 1672.

Caravage très symbolique, dans un clair obscur mesuré, moins quotidien que d’autres compositions plus sombres et terriennes de l’artiste, ce tableau représente Joseph et Marie assis côte à côte pendant la fuite d’Egypte et l’enfant Jésus dormant dans les bras de sa mère. Joseph tient une partition pour un ange violoniste, qui se tient dos au spectateur. Marie est assise dans une posture qui rappelle fortement celle de la Madeleine repentante, tableau contemporain du Repos également conservé à la Galerie Pamphili. 

La partition, figurant uniquement les notes sans paroles, a été identifiée : il s’agit d’un motet du compositeur flamand Noël Bauldeweijn (c. 1480 – 1530), maître de musique de la chapelle de la Sainte-Vierge, à la collégiale de Notre-Dame d’Anvers. Plus précisément, l’œuvre est un “Pulchra est” en l’honneur de la Vierge, assimilée à l’épouse du Cantique des cantiques, présent dans le recueil Motetti de la corona, livre IV, chez le célèbre imprimeur Ottaviano Petrucci paru initialement en 1519 1. Ce motet fut réédité en 1526 à Rome.

 

Nous vous en livrons deux restitutions très différentes :

  • la première a capella, concentrée et d’une simplicité un peu raide par le Schola Romana Ensemble :

  • la seconde par l’Ensemble Baschenis plus colorée, virtuose mais aussi moins fervente avec uniquement la partie de dessus chantée, et les autres confiées aux instruments (dont un violon) qui n’hésitent pas à ornementer richement :

A vous d’imaginer le chant de votre ange caravagesque ! [M.B.]

  1. Petrucci s’installa à Venise vers 1490 et publia en 1501 l’Harmonices Musices Odhecaton. Il s’agit de la première édition musicale entièrement imprimée avec des caractères mobiles avec un système en trois temps où sont successivement imprimées les portées, notes, et paroles. Petrucci quitta Venise pour le village de Fossombrone dans la province de Pesaro vers 1511 (et y poursuivit son activité jusqu’en 1520, avec moins de soin et d’éclat.
Étiquettes : , , , Dernière modification: 5 mars 2021
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