Nunc gaudere licet
Les Humeurs d’Orlande, qui est le sous-titre que propose Jean Tubéry à ce programme composé de motets de trois à six voix, pour la plupart inédits au disque, en révèle peut-être un peu plus sur cet enregistrement dont le titre premier peut frapper par son austérité.
Amour me paict d’une telle Ambroisie.
L’originalité, la fantasquerie et l’espièglerie de Roland de Lassus ne sont plus à démontrer — chaque nouvelle écoute du compositeur nous le prouve et révèle une fois de plus. Sa reconnaissance en son temps comme le plus que divin Orlande (dixit Monsieur de Ronsard in person), ainsi que son influence, sont également indéniables.
Ma, dove sta la stravaganza ?
A la première écoute, deux réflexions viennent à l’esprit : Tiens, un Vivaldi où le soliste n’est pas le violon, mais en général la flûte à bec et C’est curieux, j’avais cru lire Stravaganza sur la pochette ; or, en fait d’extravagances, le rendu semble plutôt timide et adouci.
Contemplatif et ciselé
Voici réunis dans un même coffret deux enregistrements sans doute conçus séparément (ce que semblent indiquer les deux dates de réalisation). Pourtant, le rapprochement de cet obscur Sebastiani et de Schütz est sans doute justifié : le sujet est le même – le cycle christique –, la période, commune, et le style proche.
Un bal démasqué
Voilà encore un compositeur bien énigmatique qui pourrait aisément prétendre au Panthéon des illustres inconnus peuplant la sphère musicale du XVIIe siècle. Bartolomé de Selma y Salaverde naquit en Espagne à la fin du XVIe siècle, d’un père musicien à la Chapelle royale ; l’on ne possède en vérité que bien peu d’informations au sujet de sa formation et savons seulement qu’il voyageait entre les chapelles autrichiennes (Cour de Habsbourg) et Venise où il côtoya probablement Monteverdi, Dario Castello ou encore Biagio Marini.
Un caprice des dieux
Carlo nous a roulé dans la farine. Nous ne connaissons pas même sa date de naissance, qu’on imagine formé à Mantoue où il aurait passé sa jeunesse musicale aux côtés de Monteverdi, Rossi ou Buonamente, assisté à la création de l’Orfeo, voire accompagné le grand Claudio dans son périple vénitien.
Pantaleon et tangentenflügel (Guides des instruments anciens – Ricercar, 2009)
C’est une idée que nous caressions depuis quelques temps. Un sorte de CD-Rom ou de livre-disque qui permettrait aux curieux d’enfin connaître les détails des instruments anciens et baroques, et d’en apprécier en même temps les sonorités à travers des exemples musicaux. Eh bien, Ricercar l’a fait.
"Redouble les flammes et les feux, pour ce jour mémorable" (Acte I, scène 1)
CD événement, en luxueux digipack sous fourreau, et dont la gloire est troublée par la parution quasi simultanée du DVD choc du Cadmus & Hermione de Vincent Dumestre et Benjamin Lazar chez Alpha. L’Orfeo de Caccini s’inscrit dans le bouillonnant contexte de la naissance de l’opéra, dans cette trouble période de l’avant-Orfeo de Monteverdi, insuffisamment explorée.
Aimantes religieuses
En 1349, alors que la Peste Noire s’abat sur l’Europe répandant ses linceuls et sa pourriture, il est décidé à Tournai qu’une messe cum nota (chantée) sera interprétée quotidiennement. Ainsi, un clerc et cinq chantres se rassemblaient, au matin, dans la partie sud du transept…
« Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui les applaudissements »(Racine, Britannicus, IV, 4)
Le marketing a parfois du bon. Car qui s’intéresserait réellement à un disque intitulé Regna Triumphalem à 12 voix et Missa super Dominis Regnavit à 16 voix ? Pourtant, il s’agit bien-là des deux compositions principales sur lesquelles se fonde cette reconstitution fastueuse du Couronnement de l’Archiduc Mathias, frère de Rodolphe II, en 1612.
L’Alchimie élisabétaine
Recueil manuscrit pour brocken consort, la formation musicale sans doute la plus répandue et populaire dans l’Angleterre élisabéthaine, les pages du Walsingham consort book présentent exceptionnellement les différentes parties instrumentales des morceaux…
Danse avec les fous
Peu de témoignages de musique instrumentale médiévale d’avant l’apparition de la polyphonie nous sont parvenus. En outre, le système de notation de l’époque, qui ne mentionne souvent que les hauteurs de sons mais non leur durée, laisse une très grande marge d’interprétation.
Miam, on en reprendrait bien un cornet
Bon, les notes de programme sont peu flatteuses pour Monteverdi : Avec de tels musiciens Marini et Castello, Monteverdi pouvait être assuré d’avoir à sa disposition les meilleurs spécialistes du genre, ce qui explique peut-être pourquoi il a si peu composé pour les instruments.
Le second visage de Domenico Scarlatti
Qui l’eut cru ? L’on connaissait Domenico Scarlatti, le virtuose du clavier, célèbre pour son écriture audacieuse et novatrice, précurseur du style galant dans ses cantates. On le comparait souvent à son père Alessandro, grand maître de l’oratorio dans une querelle filiale des Anciens et des Modernes.