Bartolomé de Selma y SALAVERDE (ca 1580/90 – post 1638)
[TG name = « Liste des morceaux »]
Canzoni, Fantasie & Correnti
Da suonar ad una 2, 3, 4 con Basso continuo
Canzon terza a tre, doi Soprani e Basso
Fantasia Basso solo, Per fagotto solo
Canzon terza, Soprano solo
Canzon prima a doi, Basso e Soprano
Canzon settima a doi, Basso e Soprano (sul tema della Monica)
Canzon settima a tre, Soprano, Tenore e Basso
Susanna un jur glossado de Hernando de Cabeçon
Susanna passegiata, Basso solo
Canzon quarta a quattro, 2 Soprani, Alto e Basso
Corente terza a quattro, 2 Soprani, Alto e Basso
Baletto settima a doi, Basso e Soprano
Baletto sexta a doi, Basso e Soprano
Corrente seconda a doi, Basso e Soprano
Canzonsettima a quattro, a due chori, 2 Soprani e 2 Bassi
Canzon seconda, Soprano solo
Canzon decimaterza a doi Bassi
Fantasia, Basso solo
Vestiva i Colli da Giovanni Pierluigi da Palestrina
Vestiva i Colli passegiato a doi, Basso e Soprano
Canzon quarta a doi, Basso e Soprano
Corente quarta adoi, Basso e Soprano
Canzon seconda a quattro, 2 Soprani, Alto e Basso
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Syntagma Amici
Elsa Frank : bombarde, flûte, dulcian ténor et soprano
Stéphanie de Failly : violon
Sylvie Moquet : viole de gambe
Angélique Mauillon : harpe triple
Jean-Marc Aymes : clavecin et orgue
Jérémie Papasergio : flûte et dulcian basse
73’13, Ricercar, 2009
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Voilà encore un compositeur bien énigmatique qui pourrait aisément prétendre au Panthéon des illustres inconnus peuplant la sphère musicale du XVIIe siècle. Bartolomé de Selma y Salaverde naquit en Espagne à la fin du XVIe siècle, d’un père musicien à la Chapelle royale ; l’on ne possède en vérité que bien peu d’informations au sujet de sa formation et savons seulement qu’il voyageait entre les chapelles autrichiennes (Cour de Habsbourg) et Venise où il côtoya probablement Monteverdi, Dario Castello ou encore Biagio Marini. C’est également en cette ville que fut publié en 1638 son unique recueil dédié à l’archiduc Karl Ferdinand (évêque de Breslau) ; il regroupe cinquante-sept pièces – Canzoni,Fantasie et autres Correnti – à un, deux, trois ou quatre instruments et basse continue parmi lesquels l’ensemble Syntagma Amici a sélectionner quelques mets de choix.
L’on découvre aux détours de ces mélodies le son aigrelet du bombardino jovial d’Elsa Frank mêlé à la puissance altière de la dulcian comme dans la Canzon terza a tre, libérée de toutes contraintes structurelles : la succession de passages lents et rapides, binaires et ternaires produit chez l’auditeur néophyte, surpris par cette profusion d’ingéniosité et de virtuosité, un profond émerveillement. Les deux instruments à anche rivalisent de virtuosité avec l’archet souple de Stéphanie de Failly, faisant ainsi s’évanouir l’image du gros bourdon gourd et pataud que certains pouvaient avoir jusqu’alors du basson. Jérémie Papasergio semble se détacher des difficultés techniques pour mieux les surmonter ; il parcourt avec une aisance déconcertante la tessiture de son instrument, des profondes basses au ton martial à la légèreté sensuelle de ses aigus, sculptant ainsi chaque note pour les mener à un haut degré d’expressivité comme dans la Fantasia Basso Solo, Per fagotto solo où il s’accorde intimement à la douceur perlée de la harpe.
Il existait déjà au siècle des Humanistes des « tubes » (souvent des pièces vocales) que chacun reprenait et assaisonnait en diminutions instrumentales ; il en va ainsi de la populaire Monica et du madrigal Vestiva i colli présent ici dans deux versions différentes. Angélique Mauillon égrène mélancoliquement le thème dans la première et le poursuit alors que viole et violon engagent un dialogue d’une poésie virtuose et troublante.
Cet enregistrement bouillonnant de vitalité nous invite donc à nous émerveiller devant la profusion de chefs d’œuvre dont regorge le XVIIe siècle et dont bon nombre reste encore à découvrir ; bien que Salaverde n’ait pas l’éloquent apanage d’un Monteverdi, il parvient à hisser l’instrument à un haut rang d’expressivité par un chant qui se veut à la fois virtuose et naturel, témoignant de la renaissance et de la recherche du dépassement perpétuelles de la musique de son époque.
Isaure d’Audeville
Technique : prise de son un peu lointaine avec une légère réverbération