« Sa musique est considérée comme le pain quotidien du soliste haute-contre » (A. Scholl)
Voici un enregistrement qui dérange. Pourtant, à première vue, quoi de plus traditionnel, attendu et sécurisant que de retrouver le contre-ténor d’Andreas Scholl dans des airs anglais ? On se souvient avec délice de ses sensibles Crystal Tears de Dowland (Harmonia Mundi)…
"The pow’r of harmony too well they know" (John Dryden, An Ode on the Death of Mr. Purcell)
Il y a de la joie et de la frustration dans le métier de critique. De la joie, quand on a le privilège de faire partager ses découvertes, de transcrire les émotions par des mots, de puiser dans ses connaissances pour justifier et défendre ses choix, à la manière d’un avocat.
« What a sad fate is mine »
Voici encore venir un nouvel enregistrement d’airs de Purcell, entrecoupés de pièces instrumentales de Corbetta, Simpson et De Visée, où l’on retrouve Paul Agnew entouré de musiciens émérites. L’ancien haute-contre (ténor aigu) – autrefois souvent loué pour ses interprétations de tragédies lyriques et motets français – fait ici montre d’une tessiture nettement plus grave, voire douloureuse.
Un drame inexorable
Cette nouvelle version en DVD du Didon et Enée de Purcell est résolument placée sous le signe du drame. Point ici d’effort d’imagination pour tenter de reconstituer, comme récemment dans l’enregistrement de William Christie à l’Opéra Comique, le prologue perdu : dès les premières mesures de l’ouverture, et jusqu’au final, la vis tragica constitue le ressort de la direction impérieuse de Christopher Hogwood, dont la théâtralité s’est renforcée depuis la version de 1994 avec la Belinda rêveuse d’Emma Kirkby (Decca / L’Oiseau-lyre).
D’amour et de mort (Didon & Enée – Les Arts Florissants, Christie, DVD Fra Musica)
Didon et Enée est à la fois l’un des plus connus et l’un des plus mystérieux opéras du répertoire baroque. La force de sa musique et l’intensité concise du drame ont fait sa renommée. Mais les circonstances de sa création (en décembre 1689 à la Boarding School for Girls de Londres, pensionnat de jeunes filles) demeurent incertaines.
"Flammende Rose"
Voici l’un de ces disques auxquels on ne s’attend guère, et qui déclenchent chez le critique blasé un sentiment de devoir à accomplir lorsqu’il pose la galette sur son lecteur : un live avec les risques que cela comporte, une jaquette austère, un contre-ténor peu connu, un ensemble tout aussi mystérieux pour les airs allemands de Haendel prévus à l’origine pour une soprano.
« O che nuovo stupor »
Septembre 2009. Pour célébrer les 50 ans de la mythique collection Das Alte Werk de Teldec (désormais partie intégrante du groupe Warner), le label a décidé de rééditer son catalogue avec de nouvelles jaquettes, avec à la fois les enregistrements historiques (les anciens Teldec marrons puis crème), et les nouveaux enregistrements (ex-jaquettes blanches).
La passion dévastatrice
La jeune et éplorée poétesse vénitienne Gaspara Stampa (1523 – 1554), chantée par Rainer Maria Rilke semble à la mythique Elissa ou Didon, reine de Carthage mille et mille fois abandonnée dans les livrets baroques. Tant Didon que Gaspara Stampa partagent le regret du départ, de l’indifférence et de l’abandon de leur amant, appelées par la guerre pour l’une et par son destin pour l’autre.
« Une beauté qu’on vient d’arracher au réveil. » (Purcell, Cease, anxious world, La Rêveuse – Mirare)
Voici un programme riche et bien mené, plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. S’y côtoient un choix d’airs purcelliens qui ne cède pas aux caprices du best-of (seuls Sweeter than roses et O let me weep sont réellement célèbres), des sonates, ground et pièces pour clavecin.
Un Didov et Enitch déchirant
Il faut bien le confesser, un peu honteux, en contemplant le bout de ses souliers : c’est avec un sourire un peu goguenard que l’on a pris connaissance de la distribution chorale et instrumentale de cet enregistrement, de ces New Siberian Singers Chamber choir of the Novossibirsk State Academic Opera and Ballet Theatre, de cet ensemble baroque russe inconnu, dirigé par un jeune chef grec, responsable musical de l’Opéra de Novossibirsk et formé au Conservatoire de Saint-Petersbourg.
30 glorieuses peuvent-elles se résumer à si peu !
Les Arts Florissants, ensemble créé par William Christie, fêtent cette année leurs 30 ans. Durant ces belles années, ils ont enregistré des versions de référence sur tout leur répertoire du XVIIe et du XVIIIe siècle. Alors que d’autres éditent des coffrets pour fêter dignement leur anniversaire, les Arts florissants en cours d’existence ne peuvent le faire qu’en partie. Alors autour du Jardin des Voix créé en 2002 pour favoriser la formation des jeunes interprètes, un programme nous est ici offert de bien trop courts extraits des enregistrements réalisés sous le label Virgin Classics…
Le jeu n’en vaut pas la chandelle…
Une distribution honorable, me direz-vous. Certes, néanmoins… on est toujours condamné, avec ce DVD, à rester sur sa faim. Si Stéphanie d’Oustrac est une excellente Didon, que Sophie Daneman est agaçante ! De même, si les deux Sorcières sont géniales de ridicule, l’Enchanteresse est à peine supportable !
Une soirée avec Barbara
L’initiative est généreuse. Sur les pas de Radiohead, la soprano propose aux internautes de télécharger légalement son disque et de fixer eux-mêmes le prix qu’ils désirent payer. Le programme est généreux, alternant savamment de touchants airs anglais de Purcell, et les grands tubes de Haendel.
Tristes apprêts, pâles flambeaux
Voici novembre, son cortège de froid et de frimas, que précède la Fête des Morts. Et l’on pense d’abord à un grand compositeur, à ses basses obstinées, ground en anglais. Ground, comme le sol qui ensevelit la Reine de Carthage abandonnée à la fin de Didon et Enée, son seul véritable opéra. Dean’s Yard. Il a seulement 36 ans. Ou plutôt il les avait. En effet, en ce 21 novembre de l’an 1695, l’organiste de la Chapelle Royale et de l’Abbaye de Westminster s’est éteint de maladie…
Plus doux que les roses…
Vous aurez bien du mal à trouver ce disque, au minutage d’ailleurs assez chiche (33-tours oblige), mais c’est une petite merveille de musicalité et de délicatesse. Si Paul Esswood n’a jamais pu maîtriser ce vibratello constant qui le caractérise, il a réussi à transformer ce handicap en grand art.
God save the King’s Consort !!!
Amateur de grosses fanfares, de foule en liesse s’époumonant à crier God save the King ! Long live the King ! May He lives forever !, passionnés de cloches, possesseurs de grosses enceintes, cet enregistrement unique est fait pour vous !
Dear pretty youth…
Pour changer un peu des contre-ténors (incontournables Alfred Deller ou Paul Esswood, par exemple), voici un double coffret qui nous propose la réédition économique de nombreuses Chansons de Purcell, et d’extraits de ses musiques de Scène, notamment le lamento de Didon. Hélas, comme c’est le cas dans cette collection, le livret est absent, mais cela n’empêche pas d’admirer le timbre diaphane et cristallin de Nancy Argenta dans l’un de ses enregistrements les plus aboutis.