Pendez l’ingénieur du son !
Paolo Pandolfo est un grand gambiste. Son intégrale des suites de Forqueray ou sa transcription de celles pour violoncelle de Bach chez Glossa nous l’ont amplement prouvé. Pourtant, cet enregistrement constitue un beau gâchis de talents. En effet, l’ingénieur du son, fan inconditionnel du toucher de Rinaldo Alessandrini (excellent claveciniste par ailleurs), a décidé de transformer le disque en récital soliste…
Dans l’intimité des Bach
Elle est à la fenêtre, devant son instrument. Bach rentre, épuisé, de l’église Saint-Thomas où il a encore tempêté contre la poignée d’instrumentistes boiteux à sa disposition. Il dégrafe son épée à garde d’argent (que l’on trouve mentionnée dans son inventaire de décès), se verse un verre de vin.
La redécouverte de Francoeur
Cet enregistrement est particulier à plus d’un titre : d’une part, il permit de faire redécouvrir l’œuvre de François Francoeur, compositeur de talent à la croisée de Corelli, Montéclair et Leclair ; d’autre part, on retrouve encore au sein de l’Ensemble Ausonia la regrettée Sophie Watillon…
Un bon coup de Ballet
Dès les premières secondes, l’on sent que l’on a affaire à un grand disque. Happé, entraîné, submergé par le violon plein et déchirant de Monica Huggett, l’auditeur frémit, troublé par la poésie et la douleur du paysage qui s’offre à lui. Deux autres violons font leurs entrées, en imitation, en dialogue, sans jamais s’imposer tandis que Paul Beier égrène son théorbe avec grâce, effeuillant les notes…
"Marais jouait comme un ange” — Hubert le Blanc
Pourquoi donc l’Ange Marais? En effet, ce titre que d’abjects parisiens snobs pourraient arrogamment qualifier de kitsch (votre serviteur le premier) — titre souligné par la photo des ailes d’un ange, détail d’une statue de marbre, sur la couverture du disque — pourrait en détourner quelques-uns.
Que serait un Roi sans divertissements ?
Après l’album de Virginio Fadda, Luth et guitare baroque dans les cours européennes, en 2004, voici un album compilatoire et jubilatoire du même acabit.
Pas une ride !
Musique à la Cour de Leopold Ier Oeuvres de Johann Joseph Fux, Heinrich Ignaz Franz von Biber, Johann Heinrich Schmelzer et Giovanni...
« Una notte, sognai che avevo fatto un patto con il diavolo… »
Il règne autour de la Sonate du Diable un souffle de mystère sulfureux. Tartini écrivit : J’ai rêvé une nuit que j’avais scellé un pacte avec le Diable pour le prix de mon âme. Alors me vint l’idée de lui confier mon violon et d’attendre ce qu’il en tirerait. (…) La pièce que j’ai alors écrite est certainement une des plus belles que j’aie jamais composée.
Promesses tenues
Ce que nous sentions au concert est ici encore meilleur : il n’en reste que les bonnes choses ! Ce disque est exclusivement consacré à François Francœur, et comporte des sonates pour violon – le compositeur était violoniste – des airs d’opéras, quelques airs isolés, le tout mélangé soigneusement…
Venise sous la pluie…
Certes, nous avons tous déjà entendu ces admirables sonates des milliers de fois, mais cet enregistrement apporte deux plaisirs nouveaux : d’abord, les sources manuscrites utilisées pour cet enregistrement proviennent de la Bibliothèque du Comte de Schönborn, du Conservatoire de Naples et de notre BN parisienne…
Un disque de rêve
De rêve mais aussi de regrets. Regrets devant le destin qui nous a privé d’une si grande violiste. Admiration aussi devant cette technique virtuose qui passerait presque inaperçue, si on ne connaissait pas tous les pièges de la partition tant l’archet de Sophie Watillon enchaîne les mesures avec aisance.
Le Clémencic qu’on sort
Avouons un secret douloureux : il ne suffit hélas pas de 7 musiciens dont deux trompettistes, et d’un excellent compositeur pour faire un bon disque. Le livret nous met en garde en précisant de manière sibylline que dans ses réalisations, René Clemencic est avant tout sensible au symbolisme du son, et non à l’esthétique.
Un Bach dansant
Bach n’était pas très au point sur le luth. Voilà qui peut paraître choquant. C’est ainsi. Tous les luthistes savent combien ces suites, préludes et partitas sont difficiles à jouer, non seulement en raison de leur virtuosité mais de passages impossibles techniquement à jouer…
Luth et approuvé
Après la version d’Hopkinson Smith d’un optimisme dansant (Naïve) au sujet de laquelle nous avions en quelques lignes fait connaître notre admiration, le jeu sympathique mais moderne de Boels (Calliope) chroniqué par notre consœur ce mois-ci nous a conduit à nous replonger dans notre discothèque pour en exhumer cet enregistrement remarquable et trop peu distribué.
Un disque plein de vie
Un disque de Zig-Zag Territoires attire toujours mon attention, comme ceux d’Alpha ; et les points communs ne s’arrêtent pas là. En effet, les pochettes sont soignés, les livrets documentés – et ce coffret ne manque pas à la règle – la réalisation artistique souvent excellente et la prise de son tout à fait délectable.
Un dimanche à Versailles
Le vieux Roi est vieillissant. Son organiste n’est plus de prime jeunesse non plus. Et leurs ombres planent sur ces quatre concerts royaux que Louis XIV aimait à entendre le dimanche, publiés longtemps après la mort du Roi-Soleil. Art de Cour, superficiel, mignard et vain diront certains, stigmatisant les mélodies simplistes et l’abondance d’ornements.
Pour les adorateurs du "Pape du Baroque" seulement
Que ceux qui apprécient la délicatesse galante des mélodies françaises de la période du Bien-Aimé passent leur chemin, voici venir du fond des tiroirs de Teldec cet enregistrement antédiluvien qui prouvera aux détracteurs des interprétations sur instruments d’époque (ce ne sont pas des copies ici) que…
Mettez la guitare en batterie !
Voici ce qui reste de l’intégrale des œuvres pour guitare de Robert de Visée publiée autrefois sur 33 tours : une brève sélection d’à peine une heure, seule jugée digne de passer au CD. Et pour une fois, le plus n’est pas forcément le mieux.
« On se demande même si on s’en lassera jamais »
Ce sont là les mots de Roger North dans ses Notes of Comparison between the elder and Later Musick and Somewhat historicall of Both (Notes de comparaison entre la musique ancienne et moderne avec un peu d’histoire des deux) publiées dans la seconde moitié du Siècle des Lumières.