Rédigé par 13 h 08 min CDs & DVDs, Critiques

La redécouverte de Francoeur

Cet enregistrement est particulier à plus d’un titre : d’une part, il permit de faire redécouvrir l’œuvre de François Francoeur, compositeur de talent à la croisée de Corelli, Montéclair et Leclair ; d’autre part, on retrouve encore au sein de l’Ensemble Ausonia la regrettée Sophie Watillon…

François FRANCOEUR (1698-1787)

4 Sonates pour violon et basse continue

Sonate n°6, 10 et 12 (2ème livre), sonate n°7 (1er livre)

 

Ensemble Ausonia : Mira Glodeanu (violon), Sophie Watillon (viole de gambe), Matthias Spaeter (théorbe), James Munro (contrebasse et violone), Frédérick Haas (clavecin).

69’22, Calliope, enr. 2001.

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Cet enregistrement est particulier à plus d’un titre : d’une part, il permit de faire redécouvrir l’œuvre de François Francoeur, compositeur de talent à la croisée de Corelli, Montéclair et Leclair ; d’autre part, on retrouve encore au sein de l’Ensemble Ausonia la regrettée Sophie Watillon, cruellement absente du second disque de la même formation dédié au même compositeur. Francoeur composa, outre vingt opéras co-écrits avec Rebel, 2 recueils de sonates pour violon et basse continue. Ces dernier, publiés en 1720 et 1730 mêlent habilement les styles italiens, français voire germaniques, avec une grande attention à la mélodie. On retrouve ainsi des accents corelliens ou vivaldiens dans la torpeur sensuelle des adagios, la noble tendresse des airs à la française. L’orchestre gagne en profondeur grâce à l’irruption de la contrebasse, importée d’Italie.

Pour défendre ce leg sensible, l’Ensemble Ausonia a préféré la poésie à la fougue. Si le violon de Mira Glodeanu possède une sonorité un peu geignarde (un peu comme celui de Jaap Ter Linden), les timbres des autres instruments sont de toute beauté et l’on retrouve une très grande homogénéité et un bel équilibre entre les parties. Le jeu est ample et naturel, les ornements décontractés. Il faut néanmoins avouer que les sonates de Francoeur manquent parfois d’originalité, et l’écoute du disque tout entier peut parfois s’avérer un rien répétitive. Mais ce parcours charmeur est ponctué de moments tout à faits magiques, tels le Rondeau qui clôt la Sixième Sonate du 2ème Livre, ou encore l’Adagio de la 10ème sonate du même Livre qui fait alterner subitement une section lente très italianisante à quelques mesures vives et où la basse continue prend soudain son envol. Un disque et un compositeur à connaître, assurément !

Sébastien Holzbauer

Technique : prise de son équilibrée et claire, un peu distante. Clavecin en retrait.

Étiquettes : , , , , , Dernière modification: 23 novembre 2020
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