“Eclatez, fières trompettes !” (Rameau, Castor et Pollux, Choeur du Capitole, Les Talens lyriques – Toulouse, 2 avril 2015)
Après Hippolyte & Aricie en 2009 puis Les Indes Galantes en 2012, l’Opéra Capitole confirme cette saison encore son attachement à Rameau avec cette fois Castor & Pollux. Tant musicalement que scéniquement, cette production s’inscrit assurément dans la haute lignée des deux productions inoubliables qui l’ont précédée.
“Dépasser la simple esthétique” : rencontre avec Reinoud Van Mechelen, haute-contre
Muse Baroque : Bonjour Reinoud Van Mechelen. On vous voit fréquemment sur les scènes parisiennes et à Versailles ces derniers mois. Là vous intervenez dans Les Fêtes Vénitiennes de Campra à l’Opéra Comique : dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Reinoud Van Mechelen : J’ai déjà participé à de grandes productions avec William Christie – notamment des actes de ballet de Rameau – mais c’est la première fois que je tiens un rôle de cette importance dans une oeuvre mise en scène d’une telle envergure. La collaboration William Christie/Robert Carsen apporte une dimension toute nouvelle à cette pièce pleine d’humour et tellement accessible.
“Une forte tête” : entretien avec Jérôme Correas et Sandrine Piau autour de Rameau
Quel est leur Rameau ? Sandrine Piau et Jérôme Correas nous reçoivent pour un entretien ensoleillé pour leur deuxième récital consacré au compositeur. Comme le dit le chef des Paladins : “c’est une forte tête, c’est un mauvais caractère très affirmé. C’est quelqu’un qui sait ce qu’il veut. C’est quelqu’un qui a beaucoup de fantaisie et de facétie derrière un masque un peu austère ou autoritaire…”
Conversation intime (Rameau, Pièces de Clavecin en concerts – Les Timbres – Flora, 2014)
De ces pièces de genre évoquant, un lieu, une personnage ou un caractère, selon un investissement d’une belle fraîcheur, Les Timbres en font une conversation intime, proche de la confidence avec la maîtrise d’une maturité déjà bien établie. Ils parcourent cette galerie de portraits à la fois familiers et étonnants…
Rameau s’expose à l’Opéra Garnier
Aujourd’hui, s’ouvrait à Paris la troisième exposition organisée dans le cadre du 250ème anniversaire de Jean-Philippe Rameau (1683-1764). Elle vient compléter les deux précédentes – celle de la bibliothèque municipale de Versailles (encore visible jusqu’au 5 janvier 2015) et celle aux Archives municipales de Dijon – en abordant l’oeuvre lyrique du compositeur.
Rameau, Maître à danser (Les Arts Florissants, Christie – Cité de la Musique, 22/11/2014)
Au crépuscule de sa vie, Rameau ne compose guère, malgré la gloire qu’il a connue en tant que compositeur officiel et grand théoricien. Dans les années 1753-1754, il écrit quelques actes de ballets, dont Daphnis et Eglé, pastorale héroïque en un acte sur un livret de Charles Collé (1753) et La Naissance d’Osiris, acte de ballet sur un livret de Louis de Cahusac (1754). Ce sont des pièces de circonstance, des anecdotes aimables sans véritable intrigue, pour des représentations privées à Fontainebleau.
La constance de l’Amour (Rameau, Zaïs, Les Talens lyriques, Rousset – Versailles, 18/11/2014)
Pour nous présenter l’oeuvre, Christophe Rousset a choisi la version d’avril 1748. Comme à l’habitude il anime avec une précision minutieuse un orchestre des Talents Lyriques aux sonorités moëlleuses et aux attaques bien ajustées. Les percussions qui évoquent le chaos lors de l’ouverture du prologue offrent un effet saisissant particulièrement réussi ; elles semblent préfigurer les déconcertants accords syncopés du prélude du cinquième acte des Boréades.
Six concerts en joyeuse compagnie (Rameau, Concerts en sextuor, Les Dominos – Ricercar)
L’année 2014 marque le 250ème anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau. Pour cette occasion, six concerts du musicien sont interprétés par Florence Malgoire et son ensemble Les Dominos. Ces six concerts sont un arrangement anonyme de cinq concerts constitués des Pièces de clavecin en concert et d’un sixième concert issu de la Suite en sol majeur des Nouvelles suites de Pièces de Clavecin.
Plaisirs galants (Rameau, Cantates et pièces de clavecin en concert, Amarillis – Naïve)
Honneur aux dames : l’ensemble Amarillis a fait choix de réserver ses instruments baroques à des interprètes féminines. Des esprits chagrins contemporains y verront peut-être une discrimination… Musicalement le résultat ne soufffre aucune contestation, tant les sonorités des instruments (en particulier le clavecin) sont moëlleuses, et la ligne mélodique fluide.
Plaisirs, doux vainqueurs… (Rameau, Hippolyte & Aricie, Christie, Kent – Glyndebourne, Opus Arte)
La production 2013 de Glyndebourne emprunte avec bonheur quelques-uns des interprètes de la remarquable production de Garnier en 2012, dirigée par Emmanuelle Haïm. On y retrouve en particulier le couple royal composé de Sarah Connolly et Stéphane Degout, ainsi que François Lis (qui ajoute le rôle de Neptune à ceux de Pluton et Jupiter).
Les Enfers en triomphe (Gala Rameau, Le Concert Spirituel, Niquet – Metz, 09/11/2014)
En cette fin d’après-midi à l’Arsenal de Metz, Hervé Niquet à la tête du Concert Spirituel et des Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV) offre un programme exceptionnel comme ceux proposés au XVIIIe siècle, mêlant avec génie le sacré et le profane et s’inscrivant dans le cadre du Gala Rameau.
Festival international de musique ancienne de Lanvellec et du Trégor (week-end du 17/10/2014)
En conclusion d’un week-end plus que réussi on se doit de constater que, à l’exception de quelques déceptions ou surprises mineures et qui sont le lot de n’importe quel concert du simple fait de la diversité des goûts qui peuplent la Terre, tout les concerts auxquels nous avons assistés furent un enchantement tant par les artistes, le répertoire ou encore le cadre, choisi sur mesure de chacun des programmes. Tout ceci ne peut qu’être porté au crédit du Festival de Lanvellec qui prouve une fois de plus la qualité de sa programmation.
Sous le signe de la tragédie (Rameau, Castor & Pollux, Le Concert d’Astrée, Haïm – Lille, 17/10/2014)
Cette année musicale placée sous le signe du 250ème anniversaire de Rameau a suscité plusieurs productions de son Castor et Pollux, généralement à partir de la seconde version (1754) plus aboutie que celle de 1737. Nous avions chroniqué il y a quelques mois une fort honorable version de concert donnée à Bordeaux par Raphaël Pichon.
L’envers du succès (Rameau, Grands Motets, Les Arts Florissants – Cité de la musique, 02/10/2014)
Dans le domaine friand de fraîcheur et de rareté qu’est celui de la musique ancienne, rares sont les programmes que l’on peut qualifier de grands classiques. C’est pourtant bien ce dont nous fûmes témoins ce soir là. En effet, Les Arts Florissants, ensemble de référence par excellence, sous la houlette de son chef de toujours William Christie, reprenait un programme de Grands Motets de Mondonville et Rameau…
Rameau au Temple de la Gloire (Les Agréments, van Waas – Versailles, 14/10/2014)
En ce frisquet mardi soir d’Octrobre renaissait, sous les ors parmi les plus illustres du monde une œuvre pour le moins injustement méconnue, fruit de la collaboration fertile de deux esprits des plus féconds, pour le premier de la philosophie et de la littérature, pour le second de la musique et de la théorie musicale.
« La vengeance flatte la gloire ; Mais ne console pas l’Amour. » (Rameau, Castor & Pollux, Concert Spirituel, Niquet – TCE, 17/10/2014)
Au terme de cette année Rameau, c’est avec Castor & Pollux qu’Hervé Niquet initie son propre hommage au grand compositeur, hommage qui se poursuivra en novembre par le Gala Rameau. Tragédie éminemment guerrière, dépourvue dans sa version de 1754 de l’usuel prologue politique, elle recèle toute l’exubérance mélodique de Rameau, et déploie dans ses harmonies ce qu’Hervé Niquet n’hésite pas à appeler le summum de l’abstraction.
Castorama (Dans les coulisses du TCE avec Hervé Niquet)
Comme vous le savez tous, aimables bergers, pardon lecteurs, l’un des événements de la rentrée est le Castor & Pollux du TCE, mis en scène par Christian Schiaretti et sous la houlette d’Hervé Niquet dont la première a eu lieu lundi. Si l’on ne s’avancera pas plus pour le moment sur le spectacle dont vous pouvez lire notre compte-rendu…
Fulgurant testament (Les Boréades, Les Musiciens du Louvre, Minkowski – Versailles, 05/10/2014)
Compositeur qui s’est consacré tardivement à l’opéra, Rameau a toujours attaché un soin particulier à l’orchestre. Les nombreux intermèdes dansés de la tragédie lyrique lui ont fourni de brillantes occasions de donner aux instruments leur pleine mesure, tandis que les passages chantés tissent une savante composition entre les moyens de la voix et ceux des musiciens.
Le tunnel du temps (Le service funèbre de Jean-Philippe Rameau – Capriccio Stravagante, Sempé – Paradizo)
La date est inscrite sur la pochette du disque : 27 septembre 1764. Skip Sempé nous transporte littéralement vers ce jour sombre pour rendre hommage à Jean-Philippe Rameau. Quinze jours auparavant, le Dijonnais s’éteignait d’une fièvre putride à Paris.