L’Or de Naples (Max-Emmanuel Cencic, Arie Napoletane – Decca)
L’Or de Naples ! Le titre du film de De Sica aurait si bien convenu à ce récital de Max Emanuel Cencic, tellement le programme proposé est habile à nous émerveiller d’airs souvent enregistrés pour la première fois, pour neuf des onze de ce disque. Après la fougue du Quel vasto, quel fiero, tiré du Polifemo (1735) de Porpora qui ouvre en majesté ce programme et permet de souligner d’emblée la qualité de l’orchestre Il pomo d’oro et la maîtrise habile de la direction de Maxim Emelyanychev, prompte à rendre cuivres et violons aussi aériens que légers à l’unisson, tout en respectant un relief avec la voix qui ne sera jamais pris en défaut, Max Emanuel Cencic déroule un programme aussi séduisant qu’intimiste.
Un chef-d’œuvre en devenir (Hasse, Siroe, Re di Persia, Armonia Atenea, Petrou – Decca)
Après le succès de la tournée Rokoko aboutie par l’enregistrement du même nom, Max Emanuel Cencic se tourne à nouveau vers le maître incontesté de l’opera seria Johann Adolf Hasse (1699-1783), le Cher Saxon. Ce compositeur plus que prolifique, puisqu’il n’écrit pas moins de 56 opéras interprétés par les plus grands chanteurs de l’époque, de Farinelli à Faustina Bordoni, qu’il épousa.
Jubilate (Julia Lezhneva, Il Giardino Armonico – Decca)
Mea culpa Julia. Nous avons laissé de côté cette parution, sur un coin d’étagère, après une première écoute très partielle qui ne nous avait pas convaincus, en particulier l’ouverture du disque, avec les rodomontades nerveuses et excitantes mais bien vaines du « In Furore », dévalant les doubles croches avec boulimie. Ca remue, ça secoue, mais une certaine fatuité superficielle nous a rebutés.
« Catcalls and other great indecencies »
Dans la tradition opératique, l’égo et le narcissisme des solistes n’est plus à revisiter. Véritables monarques et tyrans de la représentation à l’époque baroque ils ont tout des stars de notre temps.
« Remember me, but don’t remember my fate »
Danielle de Niese, la soprano qui danse, ce fut pour beaucoup la Cléopâtre de Glyndebourne, mélange détonnant de sensualité, d’innocence et de rouerie. Dans la même veine, la femme fatale récidiva dans un Couronnement de Poppée sous la baguette d’Emmanuelle Haïm (Decca).
« Sa musique est considérée comme le pain quotidien du soliste haute-contre » (A. Scholl)
Voici un enregistrement qui dérange. Pourtant, à première vue, quoi de plus traditionnel, attendu et sécurisant que de retrouver le contre-ténor d’Andreas Scholl dans des airs anglais ? On se souvient avec délice de ses sensibles Crystal Tears de Dowland (Harmonia Mundi)…
De la querelle des Anciens et des Modernes.
Dès le dix-septième siècle la question du respect desdits Anciens, ou d’un art adapté au goût contemporain, tiraillait les foules. Nous passerons sous silence les longues querelles à coups d’œuvres, de traductions, de récritures, pour arriver au vingtième siècle, à son apogée, quand certains tentent de dépoussiérer les classiques, quand d’autres au contraire s’y tournent en cherchant véritablement les moyens de s’interroger sur leur forme, et la façon de les faire entendre.
« Là mi dirai di sì »
Airs de concert, d’opéras, duos, musique religieuse : visiblement Danielle De Niese a souhaité nous livrer à travers ce récital un panorama assez complet de la création vocale du divin Mozart. D’emblée, disons que le plaisir des oreilles est au rendez-vous, et le résultat convaincant malgré d’inévitables nuances.
Des concerti dégrossis
Il Giardino Armonico a décidé de frapper un grand coup, et de fracasser avec témérité la porte de l’année du 250ème anniversaire de la mort de Haendel avec cet enregistrement iconoclaste et ravageur. Sans exagération, l’on peut dire que la phalange italienne provoque avec ce bus bleu turquoise un second choc sismique pour nos habitudes d’écoute…
Mendelssohn serait content
Le livret évoquait l’intime dialogue musical entre soliste et ensemble dans ces concertos pour clavecin que l’Accademia Bizantina a gravé chez Decca. L’ensemble, qui se produisait il y a quelques jours en concert s’était avéré peu convaincant chez Bach et excellent chez Vivaldi.
Venise en héritage
Il me faut passionner les gens pour la musique, tel est le credo d’Albrecht Mayer, qui a pris la direction du nouvel l’orchestre baroque New Seasons Ensemble (sur instruments d’époque), afin de livrer un récital de pièces choisies, écrites spécialement pour le hautbois ou le hautbois d’amour.
Douceur italienne dans les brumes londoniennes
Un choix de six concertos, composés par un Italien installé à Londres dès 1714, interprété par un ensemble britannique, et enregistré… sur des instruments d’époque, voilà qui allume une étincelle gourmande, intéressée et un peu nostalgique dans l’œil du mélomane baroqueux averti !
Janine ou l’archet qui brille
Il y a quelque chose de lumineux et de gai dans l’archet (moderne) et le violon de Janine Jensen. Une clarté et une précision paradoxalement mêlées de laisser-aller, comme si l’artiste s’apercevait avec surprise que sa lecture était conforme à ses pensées. Le timbre est transparent sans être totalement lisse, les articulations bien choisies.
Un vent de fraîcheur
Alors que Danielle de Niese retrouve en ce moment même (jusqu’au 7 février 2008) son rôle fétiche de Cléopâtre à la Monnaie de Bruxelles, Decca nous gratifie d’un joli récital consacré uniquement à des airs italiens et anglais de Haendel. On y retrouve d’emblée ce qui a charmé des milliers d’auditeurs depuis ce Giulio Cesare de Glyndebourne (DVD Opus Arte)…
Bowman à son sommet
Dès les années 1980, les critiques musicaux, espèce cruelle et cynique, ont gribouillé des piques acerbes sur le déclin de James Bowman. Pourtant, même déclinant, le légendaire contre-ténor continuait aisément à remonter les bretelles de beaucoup… Pourquoi donc cette méchanceté ? Tout simplement parce que James Bowman était encore plus merveilleux auparavant.