John Dowland (1563-1626)
Mistress Elizabeth Davenant, her Songes
Lute Songs d’un manuscrit d’Oxford de 1624
[TG name = »Liste des airs »]
Anonymous : Heare my prayer O God
Robert Johnson (1583 – 1633) : Woodes, rocks & mountaines
Robert Johnson : Galliard (My Lady Mildemays Delight)
Anonymous : Cloris sighd and sang and wept
Robert Johnson : Almain
Mary Wroth (c. 1587 – c. 1651) : When nights black mantle
John Wilson (1595 – 1674) : Go happy hart
Anonymous : Dropp drop goulden showrs
Robert Johnson : Pavan
Anonymous : If when I dye
Anonymous : Cease o cease this hum of greeving
Mary Wroth : How well poore hart
Anonymous : Musicke thou soule of heaven
Anonymous : I prithee leave love me no more
Robert Johnson : Carman’s Whistle
Henry Lawes (1595 – 1662) : Like to the damaske rose [Hörprobe]
Anonymous : Sleepe sleep though greife torment thy body
Thomas Campion (1567 – 1620) : Come you prettie false eyd wanton
Anonymous : Whether away my sweetest deerest
Mary Wroth : Good now bee still
Robert Johnson : Have you seene the white lilly grow [Hörprobe]
Anonymous : Eyes gaze no more
Anonymous : Shall I weepe or shall I singe?
Robert Johnson : Galliard
Robert Johnson : Care charming sleepe
Anonymous : My strength hath faild
[/TG]
Rebecca Ockenden, soprano
Sofie Vanden Eynde, luth
68’36, Ramée / Outhere, 2011.
[clear]
« Oxford, Christ Church Library, MS. Mus. 87 ». Derrière cette énigmatique cote se cache le manuscrit de la fille du Maire d’Oxford, compilation de chants tant profanes que sacrés et de pièces pour luth soigneusement notées par une main inconnue n’hésitant pas à préciser les ornementations. L’enregistrement dévoile beaucoup d’anonymes, ainsi que des morceaux de Robert Johnson, et un peu de Campion ou de Lawes…
La lecture que proposent Rebecca Ockenden et Sofie Vanden Eynde se révèle d’une discrétion charmante et ciselée, qui confine hélas à la timidité, en dépit d’une transparence ouatée extrêmement poétique. A l’image de ce gant blanc d’époque sur fond immaculé qui décore le digipack soigné, les pages du manuscrit s’enchaînent avec tendresse et sensibilité, portées par le timbre diaphane, pur et droit de Rebecca Ockenden, mais ne s’envolent pas. La soprano fait montre d’émission sans vibrato, le son tenu dans un souffle, caressant la mélodie avec candeur sans se soucier de faire éclore avec gourmandise les sonorités des mots ou d’insuffler chaleur et vie aux voyelles. A l’image de ce gant blanc d’époque, ce chant de cygne immaculé, d’une douceur alanguie, fragile, détachée voire crépusculaire offre ça et là des moments de suspension évocateurs – presque magiques – tels le « Dropp drop goulden showrs » ou le « sleepe sleep though greife torment my body ».
En revanche, les pièces plus joyeuses, ironiques ou charnelles sont seulement effleurées pudiquement : la gouaille jouissive du « Come you prettie false eyd wanton » accompagné avec grâce par Sofie Vanden Eynde s’évanouit au profit d’un chant trop statique et – pour une fois – trop maniéré ; les délices du « Have you seene the white lilly grow » disparaissent dans un horizon éthéré. Plus généralement, les tempi trop uniformes, l’absence de contrastes, la délicatesse ciselée de l’ensemble finissent par rendre l’écoute monotone, malgré les qualités des artistes, et l’on espère, souvent en vain, quelques emportements, rappelant que cette Elizabeth Davenant n’était pas de marbre.
Alexandre Barrère
Technique : prise de son équilibrée, un peu lointaine et voilée.