Bach, Oratorio de Noël, Les Talens Lyriques
Théâtre des Champs Elysées – 20 décembre 2014
Jean-Sébastien Bach
Oratorio de Noël BWV 248
Cantates n° I, II, III et VI composées en 1734-1735
Katherine Watson – soprano
Damien Guillon – contre-ténor
Julian Prégardien – ténor
Matthew Brook – baryton-basse
Cor de Cambra del Palau de la Musica Catalana
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset – direction
Samedi 20 décembre 2014 – Théâtre des Champs Elysées
Les fêtes de fin d’année sont l’occasion chaque année de mettre Bach à l’honneur, qu’il s’agisse de la famille Bach, des Passions ou de son Oratorio de Noël qui fait l’objet de cet article.
Composée en 1734-1735, cette œuvre n’est pas une création originale intégrale du musicien puisqu’elle reprend des partitions plus anciennes, et notamment de deux cantates profanes Lasst uns sorgen, lasst uns wachen dite aussi « Hercule à a croisée des chemins » composée en septembre 1733 et Tönet ihr Paukan ! Erschallet Trompetten composée en décembre 1733. Ces remplois fournissent un matériau musical important pour les quatre premières cantates de l’Oratorio. Quant à la sixième cantate, elle provient en grande partie d’une cantate interprétée en avril 1733. Les textes, quant à eux, émanent des évangiles de Saint Luc et Saint Matthieu pour les récitatifs de l’Evangéliste et pour les chorals de textes de poètes tels Luther, Franck et Gerhardt. Ces six cantates retracent la naissance du Christ, la visite des bergers et des mages, la peur d’Hérode. Elles ne furent pas pensées pour une soirée unique mais pour occuper la ville de Leipzig pendant les six journées principales des fêtes de Noël, de la Nativité (cantate I) à l’Epiphanie (cantate VI).
L’interprétation donnée au Théâtre des Champs Elysées frappe tout d’abord par la présence trop discrète du chœur de chambre del Palau de la Musica Catalana, au profit de l’orchestre des Talens Lyriques, ce qui affaiblit le côté mystique de l’œuvre et déséquilibre l’ensemble. La direction musicale variée, ample dans les cantates I et II, vive et directe dans les cantates III et VI, dénote une belle maîtrise de Christophe Rousset, sans toutefois parvenir à insuffler un réel supplément d’âme à l’Oratorio. L’œuvre qui nous est donnée à entendre est belle, harmonieuse, mais le sujet semble parfois oublié : l’avènement du Christ sur Terre, un événement qui a influencé l’Occident pendant des siècles et qui constitue le fondement du Christianisme.
Côté solistes, Julian Prégardien livre un Evangéliste à la fois puissant et doux, véhément et fragile lorsque la partition l’exige, habité par le message spirituel de l’œuvre, tandis que Damien Guillon fait résonner sa voix de haute-contre dans de très beaux arias. Katherine Watson et Matthew Brook montrent également une grande maitrise technique sans se démarquer autant. Les cantates III et VI sont l’occasion pour le chœur d’être plus audible et aux leitmotivs des tambours d’emmener progressivement le spectateur vers l’apothéose finale.
Ce Noël baroque laisse toutefois perplexe : techniquement bien maitrisé, il demeure spirituellement bien plat.
Anne-Laure Faubert
Étiquettes : Faubert Anne-Laure, Guillon Damien, Jean-Sébastien Bach, Les Talens Lyriques, Prégardien Julian, Rousset Christophe, Théâtre des Champs-Élysées Dernière modification: 23 novembre 2020